Blocage et barrages filtrants sont attendus mardi 21 mars 2023, aux portes de Lyon. Un appel à une opération "ville morte" a été lancé à partir de 7h du matin. Elle intervient après plusieurs manifestations spontanées qui ont été suivies d'incidents à Lyon, Saint-Etienne et Valence à l'issue du vote contre les motions de censure du gouvernement.
Péage de Villefranche-sur-Saône, échangeur de Lyon-Perrache, échangeur de la porte de Cusset, échangeur de Bron sud-Vinatier, hôpital de Feyzin Vénissieux (terminus du T4) et arrêt de bus du Leclerc à Givors. Telle est la liste des points de blocage et des barrages filtrants qui sont organisés, ce mardi 21 mars 2023. Objectif : une opération "ville morte" à Lyon pour dénoncer la réforme des retraites.
L'appel, relayé sur la messagerie Telegram, précise : "rien ne rentre ou ne sort, l'économie paralysée à l'échelle d'une ville. Dès mardi, la ville de Lyon sera touchée." L'objectif est de "faire monter la pression toute la semaine, contre le 49.3, contre le régime autoritaire et la casse sociale".
Cette action a déjà eu lieu dans d'autres villes comme à Rennes, Caen, Paris ou encore Chambéry.
Points de blocages et barrages
Les manifestants ont rejoint la M7 après s'est fait évacués de la gare de Perrache. Le trafic est à nouveau perturbé. Ils se sont faits évacuer au bout de quelques minutes par les forces de l'ordre.
La manifestation a entraîné également une perturbation des transports en commun. Avec notamment le tram T1 qui circule uniquement de Saint-Priest Bel Air à Centre Berthelot. Les stations de Perrache à Hôtel de région Montrochet ne sont pas desservies.
Concernant le tram T2, il circule entre les stations Debourg et Halle Tony-Garnier puis entre quai Claude-Bernard et IUT Feyssine. Les stations de Musée des Confluences à Perrache ne sont plus desservies.
Reprise progressive du trafic.
Porte de Cusset, voilà une heure que le trafic est bloqué par les manifestants. Le barrage filtrant mis en place agace certains automobilistes. Les manifestants laissent passer les véhicules prioritaires. Le barrage filtrant entraîne de fortes perturbations du trafic routier. Le barrage est levé par les forces de l'ordre. La circulation va reprendre progressivement.
"Ce qui change, c’est qu’aujourd’hui on avait l’ensemble des organisations syndicales qui était là, les routiers, les ambulanciers, les gilets jaunes et les étudiants aussi. Donc on y va, on continue, on n’est pas à 9 voix près. Le blocage, c’est pour avoir un peu plus de monde sur la manifestation de jeudi 23 mars d’abord. Mais surtout montrer le rejet de ce qu’il s’est passé hier à l’Assemblée nationale. Demain ça sera pareil, jeudi aussi, et samedi pareil", revendique François Moyne, syndicaliste FO présent sur place.
Après investi les voies et retardé le départ d'un TER à la gare de Perrache, les manifestants ont été évacués par les forces de l'ordre.
Après avoir été évacués de la route par les forces de l'ordre, les manifestants prennent la direction de cours Suchet. La circulation reprend petit à petit aux abords de Perrache.
Une opération de tractage de l'intersyndicale est également en cours à la sortie Feyzin-Venisseux, entraînant un ralentissement de la circulation.
Depuis 7h ce matin, les différents points de barrage annoncés la veille sont occupés par l'intersyndicale et d'autres manifestants. Sur les routes au niveau de Perrache, le trafic est déjà au ralentis. Un barrage filtrant est aussi en cours à l'entrée de Lyon par Cusset.
Intersyndicale, gilets jaunes et citoyens se sont retrouvés ce matin au péage de Villefranche-sur-Saône/Limas pour faire une opération de tractage contre la réforme des retraites. Sans pour autant que les barrières ne soient levées.
Une soirée sous tension
Plusieurs manifestations spontanées se sont déclarées à Lyon, Saint-Etienne, Valence, Aubenas à l'issue du rejet des motions de censure contre le gouvernement par les députés.
Poubelles incendiées, affrontements avec les forces de l'ordre, le climat était tendu notamment à Lyon et Saint-Etienne où environ 1000 manifestants se sont rassemblés, avec en marge, plusieurs départs de feu.
Alexandre Rochatte, préfet de la Loire, "condamne les violences et dégradations commises à l'occasion de la manifestation non déclarée de ce soir au centre-ville de Saint-Étienne", a-t-il déclaré sur Twitter.
A Lyon, un appel a été lancé à 20h place Guichard, près du quartier de la Part Dieu, puis très vite des incidents ont éclaté avec la police. Tirs de mortiers, usages de gaz lacrymogène, le climat dans le centre ville de Lyon a dégénéré et plusieurs lignes de transport ont du être interrompues compte-tenu des incidents.
Vers 21h30, la préfecture de région confirmait qu' "un groupe d'individus violents commet des dégradations et jette des projectiles à l'encontre des forces de l'ordre, rue Vendôme".
Comme le 17 mars, des slogans faisant référence à Louis XVI et à sa décapitation se font entendre aux côtés de revendications anticapitalistes. Une colère délicate à contenir dans un contexte de crise démocratique.
"Nous savions tous que ça allait déraper" car cette violence du "49-3 ne peut que susciter la violence" estime Nans Noyer, président du mouvement pour la Paix de Vaulx-en-Velin et militant communiste. "A chaque journée de mobilisation nous appelons à la manifestation", explique-t-il. "Nous craignons que ça déborde" ajoute-t-il, en se disant inquiet. "Quand pour les retraites, un pilier aussi structurant de notre société, on emploie l'article 49 alinéa 3, dans un contexte d'opposition populaire. On pousse à violence", estime-t-il.
"Que reste -t-il en face de la violence symbolique et démocratique? Nous craignons que ça déborde violemment car les gens sont accablés d'entendre qu'on ne les écoute pas."
Lors de son intervention devant l'Assemblée Nationale, Elisabeth Borne a réfuté ces associations entre son gouvernement et une violence institutionnelle. La première ministre a justifié l'usage de l'article 49-3 comme un rempart favorable à l'équilibre des institutions dans l'héritage du Général de Gaulle se défendant de toute dérive autoritaire.
Des rassemblements organisés dès le rejet des motions de censure
Avant même que les députés ne rejettent les motions de censure visant le gouvernement et le recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, de nouveaux rassemblements ont été organisés.
A Saint-Etienne, un millier de personnes se sont une nouvelle fois retrouvées dans la rue pour protester contre la réforme des retraites. Des poubelles ont été incendiées.
A Aubenas, en Ardèche, un appel avait été lancé pour un rassemblement dès 17h30. "Nous avons le nombre et la détermination de notre côté. Nous ne nous arrêterons pas tant que cette réforme injuste et brutale ne sera pas retirée", indiquait l'intersyndicale pour justifier ce rendez-vous devant l'hôtel de ville.