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REPLAY. DOCUMENTAIRE : dans "Le silence de la nuit" des insomniaques évoquent l'écran noir de leurs nuits blanches

On estime qu'en France plus d'un tiers de la population est affectée par des troubles du sommeil. Travail nocturne, vie stressante, angoisses, terreurs, à chacun sa raison pour perdre le sommeil. Dans "Soudain la nuit", Corentin Pichon a suivi les nuits de ceux qui ne dorment pas. Ils se livrent sans détour sur ce qui ronge leur sommeil.

Comme Nougaro, ils se font du cinéma . Mais sur l'écran noir de leurs nuits blanches, pas de poitrine grand format, pas de travelling-panorama. Juste le sommeil qui ne vient pas ou que l'on tient à distance.

Les personnages rencontrés par le réalisateur Corentin Pichon font partie de la cohorte des insomniaques. Dans son film "Soudain la nuit", on croise Benjamin, Anaïs, Annabelle, Manon et Lionel. Eux ne se croisent jamais sauf, peut-être, dans leurs errances nocturnes et solitaires. Des errances propres à chacun. Manon  parcourt la ville pour "ne pas que ça s'arrête et parce que dans la lumière des néons et des bars de nuit, il y a quelque chose de plus intime". Annabelle s'empêche de dormir car, dit-elle : " Si je lâche prise, j'ai l'impression que je vais mourir". Pour Anaïs, sage-femme en poste de nuit, " La nuit tout est plus intense. Je suis toujours en hypervigilance. Et avec la fatigue, les sons et les lumières sont amplifiés. Ca me ramène à mes terreurs enfantines". Quant à Lionel, plasticien noctambule, il a créé une machine pour " Amener chacun à vivre ses rêves lucidement. Pour aller plus loin dans l'imaginaire...".

Avec eux, on déambule, on s'interroge sur nos propres nuits plus ou moins réparatrices et sur les journées qui en découlent. Des journées parfois "à côté de la plaque" liées à la qualité du sommeil.

"Plus de 40% des Français ne sont pas satisfaits de leur sommeil. Mais on a le sentiment que l'ensemble du monde industrialisé a une dette de sommeil"

Pr Damien Léger, spécialiste du sommeil

Le sommeil deviendrait-il un luxe que plus de 40% des Français ne peuvent s'offrir? " Ce qui m'inquiète, dit le Pr Damien Léger du centre du sommeil et de la vigilance, c'est le côté inexorable de cette dette de sommeil. . Le manque de sommeil engendre des complications comportementales et cognitives qui peuvent agir gravement sur la santé. Plus de 40% des Français ne sont pas satisfaits de leur sommeil. Mais la dette s'étend à l'ensemble des pays industrialisés. Il se créé une auto excitation collective liée à l'incapacité de se reposer".

L'insomnie, occasionnelle ou chronique, serait le symptôme d'un monde malade avec de plus en plus de nuits sur ordonnance. La France est dans le top 5 des pays européens pour sa consommation de somnifères, hypnotiques et autres psychotropes destinés à lutter contre les troubles du sommeil. Et le Covid n'a rien arrangé...

"Le monde n'appartient pas à ceux qui se lèvent tôt mais à ceux qui dorment suffisamment"

Claude Gronfier, chronobiologiste

Si nous n'avons pas tous besoin du même temps de sommeil, nous avons tous besoin de dormir et d'enquiller 4 à 6 cycles "sommeil lent-sommeil paradoxal". Le premier pour reposer le corps, le second pour reposer le cerveau : "Nos sociétés ne comprennent pas que non, le monde n'appartient pas à ceux qui se lèvent tôt mais à ceux qui dorment suffisamment. Il faut impérativement dormir, insiste Claude Gronfier chronobiologiste et neurobiologiste. Car, le sommeil, comme le dit Patrick Lemoine, psychiatre, " n'est pas une variable d'ajustement. Ce n'est pas du temps perdu mais du temps gagné".

Alors dormons, apaisons nos cerveaux surexcités et laissons nos rêves imaginer un autre monde parce qu' "un homme qui dort est un homme qui résiste" (Corentin Pichon).

"Soudain la nuit" de Corentin Pichon , une coproduction les films du sillage/ftv, jeudi 17 novembre à 22h45 dans La France en Vrai sur france3 Auvergne-Rhône-Alpes.

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