INÉDIT. Un documentaire d'élèves de Chazay-d'Azergues (Rhône) retrace la vie de la déportée lyonnaise Eliette Meyer

Eliette Meyer fut la dernière lyonnaise à trouver la mort à Auschwitz. Durant le confinement, des élèves de Chazay-d'Azergues (Rhône) ont épluché les archives pour retracer sa vie. Il en ressort un documentaire poignant.

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"Ma mère m'a donné trois fois la vie : quand elle m'a mis au monde, quand elle m'a dit de mettre un pantalon long et quand elle m'a repoussé du côté des hommes à l'arrivée là-bas". Là-bas, c'est Auschwitz. Dans ce camp, c'est la dernière fois que Claude Bloch voit sa mère. Un camp où une mère accompagnée de son enfant est jugée inapte à travailler et envoyée directement à la mort. Un camp où un enfant est également jugé inapte à travailler et subit le même sort. Le jour de la rafle de leur appartement à Crépieux-les-Brosses, Eliette Meyer demande donc à son fils de ne pas porter de bermuda, mais un pantalon long pour paraître plus grand. A leur arrivée, pour paraître apte au travail, elle repousse son fils de 15 ans du côté des hommes.

Ce témoignage, ce sont des élèves du collège Alexis Kandelaft de Chazay-d'Azergues qui le révèlent. Grâce à leur rencontre avec Claude Bloch et à des documents d'archives, ils retracent la vie de cette mère célibataire sur une vingtaine de minutes. (cliquer sur le lien pour voir le film).

Une fille du 2e arrondissement de Lyon

Eliette Meyer naît en 1904 rue Franklin dans le 2e arrondissement de Lyon. Elle donne naissance à Claude en 1928, un an après son mariage. Elle reprena son nom de jeune fille, Meyer, en 1937 où elle divorce d'Albert Bloch et  retourne vivre chez ses parents rue Franklin. Elliette s'occupe très vite seule de Claude, puisque Albert décède en 1938.

Ils survivent grâce à des casseroles

En 1941, Eliette Meyer travaille pour une usine de casseroles à Villeurbanne. Durant la guerre, le rationnement alimentaire est insuffisant. Eliette achète alors des casseroles à son patron pour se ravitailler. Elle se rend à la campagne pour les échanger contre des produits de première nécessité comme du lait ou du beurre. Mais rapidement, le rationnement devient un problème de second plan, les rafles s'intensifient.

Le déménagement

Les rafles étant de plus en plus fréquentes, Eliette décide de déménager avec son fils et ses parents en février 1944 à Crépieux-les-Brosses (devenu depuis un quartier de Rillieux-la-Pape mais situé à l'époque dans le département de l'Ain). Une bonne décision puisqu'en mai, l'appartement de la rue Franklin est dépouillé. Eliette et sa famille n'ont plus rien mais ils n'ont pas été trouvés, un sursis de quelques semaines.

La rafle

En ce 29 juin 1944 à 11h45, Eliette devrait être au travail, mais elle est en arrêt maladie. Les vacances viennent de commencer pour Claude. Le grand-père Lucien est avec eux. Quant à la grand-mère Caroline, elle s'est absentée quelques heures. 
La rafle a lieu. Eliette, Claude et Lucien sont embarqués par Paul Touvier. Direction les caves de la Gestapo, place Bellecour à Lyon. Lucien ne survivra pas à son interrogatoire.

La déportation

Le 20 juillet 1944, après quelques jours à la prison lyonnaise de Montluc, Eliette et Claude sont envoyés au camp de Drancy.
Le 31 juillet, ils montent dans un train qui les dépose au camp d'extermination d'Auschwitz. Après 4 jours de voyage, le 3 août 1944, il leur est demandé de descendre. Une file à droite pour les femmes, une à gauche pour les hommes. Claude, 15 ans, suit naturellement sa mère. Elle le repousse pour qu'il aille avec les hommes. Par ce geste, elle lui sauve la vie, il ne la reverra plus.

Claude retrouve sa grand-mère

Juillet 1945, Claude retrouve sa grand-mère Caroline à Lyon qui a échappé à la rafle. Il entame une procédure pour officialiser la mort de sa mère. Elle sera déclarée disparue le 6 septembre 1946 par le bureau civil des déportés.

Claude Bloch porte ensuite plainte contre Paul Touvier, le milicien responsable de la rafle.

Claude Bloch n'a qu'un seul souvenir de sa mère: une photo, où elle sourit.
 
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