Education : Le lycée Doisneau (Vauxl-en-Velin) réclame le report des épreuves anticipées du Bac

Les premières épreuves du bac 2022 sont prévues en mars. Ce sont les épreuves anticipées des spécialités. Problème : les enseignants estiment qu’ils n’ont pas eu le temps de préparer les élèves. Et ceux-ci se sentent sacrifiés à la réforme du bac. Au Lycée Doisneau de Vaulx-en-Velin, la grogne prend la forme d’une lettre ouverte.

«Absurdité pédagogique», «désastre annoncé». Les mots sont forts, ils ouvrent la lettre que les enseignants du lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin (Métropole de Lyon) adressent à leur hiérarchie. Et par elle au ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer.
En ligne de mire, les épreuves de spécialités du baccalauréat 2022. Elles découlent de la réforme du lycée. Les lycéens suivent deux matières de spécialités dotées d’un lourd coefficient dans la note finale. Les examens sont prévus au mois de mars, dans 6 à 7 semaines. «Et nous ne sommes pas prêts» soulignent les enseignants, «ni nous dans nos cours, ni les élèves qui n’auront pas eu le temps de s’entrainer».

Réunis mardi 11 janvier, ils ont donc rédigé un courrier remis à leur proviseur, à charge pour lui de le faire remonter au rectorat et au-dessus de lui au ministère. «La situation s’analyse en deux temps» précise Nicolas Kemoun, membre de l’Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales (APSES). Premier temps, avant la crise sanitaire : «Nous nous trouvions face à des programmes trop chargés pour être traités complètement avant le mois de mars». Résultat, tout le monde est sous pression, débordé, aucun entrainement aux rédactions de quatre heures n’est envisageable. «On est en train de mal faire notre boulot et ce constat nous l’avions fait dès Noël» ajoute-t-il. Les élèves le savent, et «nous ne voulons pas les envoyer à l’abattoir». Toujours des mots forts, témoins d’un profond malaise.

Deuxième temps : la crise sanitaire. «Depuis début janvier, je n’ai pas fait cours à plus de 10 élèves de terminale, et ce ne sont jamais les mêmes. Hier, j’avais 8 élèves en seconde» raconte Nicolas Kemoun. Les cours sont totalement désorganisés, les élèves sont stressés. Alors prévoir des séances d’entrainement, des bacs blancs, c’est totalement illusoire. «Avec la crise du Covid, la réforme n’a plus aucun sens en termes pédagogiques» affirme l’enseignant.

LES LYCEENS AUX COTES DES PROFS

Et les lycéens sont bien d’accord. Récemment, un bac blanc était organisé à Doisneau. Les élèves l’ont boycotté dans leur grande majorité. Et ils se joignent au courrier des enseignants pour exprimer leur désarroi :

«Les 3 ans de pandémie nous pèsent et personne n’a l’air de le comprendre, alors qu’on a raté beaucoup de cours à cause des demi-jauges l’année scolaire précédente…»

«Nous avons l’impression de subir la réforme de M. Blanquer qui veut l’appliquer sans aménagements avant les élections présidentielles 2022 alors qu’il a, en quelque sorte, donné le bac aux 2002 et 2003».

Tous souhaitent donc le report des épreuves au mois de juin. Et demandent une réponse rapide. «On attend un peu d’anticipation, qu’on ne nous annonce pas les choses la veille», précise Nicolas Kemoun. «Nous souhaitons retrouver un horizon pour expliquer aux élèves que nous avons le temps de les préparer». L’enjeu, au-delà du Bac, est aussi de préparer les jeunes à l’enseignement supérieur. Un enjeu essentiel dans un lycée de banlieue. Pour l’heure, les enseignants doivent un peu jongler, préparer les épreuves de mars tout en réclamant le report, qui permettrait de revenir sur ce qui a été survolé, tant en méthodologie que dans le cœur des matières.

RENDEZ-VOUS AVANT LE MOIS DE MARS

L’initiative du lycée Doisneau n’est pas isolée. D’autres établissements de l’agglomération lyonnaise ont également écrit au Rectorat. Et les associations d’enseignants, discipline par discipline, montent au créneau également.
A Doisneau, établissement souvent en pointe, une journée d’action est à l’étude dans les prochaines semaines. Elle devrait avoir une forme originale, pour ne pas pénaliser encore plus les élèves.

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