Eglise de France : 3000 pédocriminels en 70 ans, l'association lyonnaise La parole libérée "a fait bouger les lignes"

Selon la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique, entre 2.900 et 3.200 pédocriminels auraient sévi dans l'Eglise en 70 ans. C'est l'un des premiers constats qui sera rendu mardi. Un verdict inédit et très attendu, en particulier à Lyon, théâtre de l'affaire Preynat.

C'est un chiffre à la fois attendu et redouté : l'estimation du nombre de pédocriminels ayant sévi dans l'Eglise de France depuis 1950. Et selon la commission Sauvé, qui rendra officiellement son rapport le mardi 5 octobre, ils auraient été entre 2900  et 3200.

Un chiffre terrible obtenu après deux ans et demi de travaux par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase). Selon son président Jean-Marc Sauvé, cette somme d'information collectée atteint finalement "2.500" pages.

La Ciase évaluera aussi le nombre de victimes et comparera la prévalence des violences sexuelles dans l'Eglise à celle identifiée dans  d'autres institutions (associations sportives, école...) et dans le cercle familial. 

Le diagnostic fait, la Commission doit énumérer 45 propositions qui toucheront à plusieurs domaines: écoute des victimes, prévention, formation des prêtres et religieux, droit canonique, transformation de la gouvernance de l'Eglise... Elle préconisera aussi une politique de reconnaissance et de réparation.

L'association lyonnaise La parole libérée "a fait bouger les lignes"

Le 7 novembre 2018, c'est la Conférence des évêques de France (CEF) rassemblée à Lourdes qui décide de former une commission indépendante. Derrière une telle annonce, il y a le travail de libération de la parole d'associations de victimes, une lettre du pape, des scandales et une pétition.

En janvier 2016, l'association lyonnaise La Parole libérée apparaît au grand jour en affichant devant la presse sa volonté de "briser l'omerta" des agressions sexuelles dans l'Eglise. Deux anciens scouts révèlent alors les agressions du père Preynat, reprochant au cardinal Philippe Barbarin, à l'époque son supérieur en tant qu'archevêque de Lyon, de ne pas avoir informé la justice des agissements passés de ce religieux.

L'archevêque de Lyon devant la justice

Un an plus tard, l'association lance une procédure de citation directe qui a contraint Mgr Barbarin à comparaître pour ses silences, malgré le classement de l'enquête. En 2019, il est condamné en première instance à six mois de prison avec sursis pour avoir omis de signaler les abus sexuels attribués à Bernard Preynat.

Mais la Cour d'appel prononce sa relaxe le 30 janvier 2020, un arrêt confirmé par la Cour de cassation, le 14 avril 2021. Cependant, malgré l'absence de condamnation, le pape François accepte la démission de Philippe Barbarin en tant qu'archevêque de Lyon le 6 mars 2020.

"En France, La Parole libérée (...) a été pionnière dans l'interpellation de la hiérarchie catholique", souligne la sociologue Céline Béraud dans son livre Le catholicisme à l'épreuve des scandales sexuels. Pierre-Emmanuel Germain-Thill, un des membres de La Parole libérée estime que le combat de l'association a "permis de faire bouger les lignes". 

 

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