Le 24 février prochain s’ouvrira le procès de l'ex-chirurgien Joel Le Scouarnec, poursuivi pour viols et agressions sexuelles aggravées. Avec 299 victimes et une soixantaine d’avocats, c’est un procès aux dimensions pharaoniques qui nécessite des aménagements pour accueillir, pendant quatre mois, des centaines de parties, professionnels, journalistes et publics chaque jour.
C'est un procès gigantesque auquel la juridiction de Vannes se prépare depuis des mois. Ex-chirurgien accusé de viols et agressions sexuelles sur près de 300 victimes, Joël Le Scouarnec comparaîtra à partir du 24 février à Vannes pour une durée prévisionnelle d'à peu près quatre mois.
Dans la salle d'audience, les grands écrans, caméras, micros sans fil sont installés en ce début décembre, près de trois mois avant le début du procès. Ces outils doivent permettre à toutes les parties prenantes d’assister à ce procès hors norme.
"Ce procès est labellisé hors norme pour plusieurs raisons, expose Ronan Le Clerc, secrétaire général du parquet général de Rennes. La première, c'est en raison du nombre de victimes, les parties civiles, qui sont au nombre de 299. Il y a également beaucoup d’avocats, beaucoup d'experts et un nombre très important de partenaires qui se sont alliés à la cour d'appel et au tribunal judiciaire pour préparer l’organisation de ce procès."
Des centaines de personnes attendues chaque jour
Plusieurs centaines de personnes sont attendues chaque jour. Face à l’impossibilité de les accueillir au cœur du tribunal, de nouveaux espaces sont en cours d’aménagement au sein de l’ancienne faculté de droit de Vannes, située à quelques centaines de mètres.
"Dès que nous avons eu connaissance de l'ouverture de l'information judiciaire, nous avons rassemblé les parties civiles pour leur expliquer comment elle allait être menée," raconte Ronan Le Clerc. Lorsque nous avons connu les dates provisoires de l'audience, il a fallu trouver un lieu. (...) Nous avons prospecté énormément de lieux, en sollicitant une vingtaine de collectivités territoriales et les établissements à forte capacité d'accueil comme les parcs d'expositions. Nous avons même à un moment envisagé de sortir de terre une salle d'audience. (...) C'est grâce à la Ville de Vannes qu'on a pu finalement trouver ce lieu de déport."
Le magistrat y poursuit la visite. "Voici l’amphithéâtre pour parties civiles, victimes et avocats. La particularité, c'est qu'il y a une retransmission par une régie qui diffusera les images de ce qui se passe dans la salle des assises."
Il est important que la justice puisse être rendue en public, comme c'est prévu par le Code [pénal].
Ronan Le Clercsecrétaire général du parquet général de Rennes
Dans le bâtiment adjacent, devant le parking du n°2 rue de la Salle d'asile, deux autres pièces sont également en cours d’agencement. La première dédiée aux journalistes français et étrangers, attendus très nombreux, où deux écrans permettront de suivre les débats. La deuxième, d’une capacité d'une centaine de places elle aussi, sera mise à la disposition du public.
Un budget de 3,3 millions d'euros
Outre les aménagements logistiques, le procès Le Scouarnec va nécessiter des renforts en magistrats, greffiers, psychologues, agents de sécurité, et de police pendant quatre mois. "Au niveau de la cour d'appel, ce sont six magistrats qui ont été délégués pendant le procès. (...) Également au niveau du greffe, avec deux greffiers supplémentaires (...) et toute une armada de personnels contractuels, des vacataires et des réservistes de la police nationale, des agents de sécurité qui viendront apporter leur concours pendant la durée du procès," énumère Ronan Le Clerc.
Le budget prévisionnel global s’élève aujourd’hui à 3 millions et demi d’euros. "Il faut prévoir des algécos pour le personnel supplémentaire, des sanitaires supplémentaires, des bombonnes d'eau, des machines à café, des lieux pour des entretiens confidentiels..." sourit le parquetier. Tout cela mobilise énormément de personnels et d'entreprises, pour permettre que l'organisation du procès soit au service de la justice. C'est notre objectif principal."