Un procès sans précédent se prépare à Vannes. Durant quatre mois, l'ancien chirurgien Joël Le Scouarnec devra répondre de faits de viols et d'agressions sexuelles sur 299 victimes dont l'âge moyen est de 11 ans. Un procès "hors norme" à la manière de celui du Bataclan.
Le plus grand procès de pédocriminalité en France. Le 24 février 2025 s’ouvrira à Vannes un procès historique. Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien de 74 ans, comparaît pour des actes de viols et agressions sexuelles perpétrés sur 299 victimes, dont une grande majorité de mineurs avec un âge moyen de 11 ans selon l'enquête.
299 victimes dont la plupart de moins de 15 ans
Pendant quatre mois, la cour criminelle du Morbihan entendra ces voix, ces histoires, et découvrira l’ampleur de décennies d’abus.
Les chiffres, déjà, glacent le sang : 111 viols, 189 agressions sexuelles aggravées, 299 vies brisées, des victimes pour la plupart âgées de moins de 15 ans. Ce procès, le plus vaste de l’histoire judiciaire française pour des crimes sexuels, met la justice face à une question déchirante : comment un homme, censé soigner, a-t-il pu faire tant de mal dans l’ombre ?
"Un procès hors norme"
Pour organiser cette affaire d’ampleur, la justice s’est appuyée sur des exemples tragiques, ceux des procès du Bataclan et de l’attaque de Nice. Ce procès, "hors norme" selon les autorités, a nécessité des moyens exceptionnels : un tribunal aménagé en forteresse pour accueillir en toute sécurité près de 500 personnes chaque jour. À Vannes, une ancienne faculté a été réaménagée en amphithéâtre de 400 places, où écrans et retransmissions en direct permettront de suivre les débats. C’est la première fois qu’un tel dispositif est mis en place en France, pour un procès de violences sexuelles.
Ronan Le Clerc, secrétaire général du parquet général de Rennes, a confié lors de la conférence de presse ce lundi 4 novembre : "Je n’ai pas souvenir d’avoir vu un tel dossier d’infractions sexuelles depuis… toujours."
Près de 3 millions, un coût à la hauteur du traumatisme
Estimation du budget pour ce procès : entre 2,7 et 3,2 millions d’euros. Cette somme colossale couvre la sécurisation du site, l’installation des moyens techniques et l’accompagnement psychologique des victimes. Des équipes de réservistes de la police nationale seront déployées pour l'accueil des 300 parties civiles et du public. Mesure exceptionnelle, un chien d’assistance sera aussi présent pour apporter un réconfort aux victimes durant ce procès chargé d’émotions.
Des vies brisées, une justice attendue
Ce procès soulève des questions pour la justice française et la société tout entière. Comment un homme investi d’une telle confiance a-t-il pu, durant des années, abuser de jeunes patients ? Les carnets de Le Scouarnec, retrouvés en 2017, révèlent une froideur effrayante : ils détaillent 30 années de violences, des centaines de vies dévastées, une jeunesse sacrifiée.
Dans cette cour de Vannes, à partir de février, des centaines de victimes attendent réparation et justice. Pour toutes ces vies brisées, la France entière suivra ce procès avec la lourde attente que de telles horreurs ne puissent plus jamais se produire.
Pour rappel, Joël Le Scouarnec, a déjà été condamné à quinze ans de réclusion criminelle en 2020. Pour ce procès sur 299 faits de viols et d’agressions sexuelles aggravés, l'homme aujourd'hui âgé de 74 ans encourt jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle. Le procès, prévu en février 2025, pourrait se dérouler à huis clos si les victimes, pour la plupart mineures au moment des faits, le souhaitent.
(Avec l'AFP)