Pour le 2ᵉ tour des élections législatives qui se déroule le dimanche 7 juillet, 13 circonscriptions sont encore à pourvoir dans le département du Rhône. Les candidats avaient jusqu'à ce mardi à 18h pour déclarer leur candidature ou se désister. Dans le Rhône, on assistera à sept duels, cinq triangulaires et une fausse quadrangulaire. Des 104 candidats du premier tour, il n'en reste que 33.
Dans la 3e circonscription du Rhône, à Lyon, la députée sortante écologiste Marie-Charloltte Garin a été réélue dès le premier tour, dimanche 30 juin dernier. Ne restent donc que 13 circonscriptions à pourvoir dans le département du Rhône.
Au soir du 1er tour, sur ces 13 circonscriptions, neuf triangulaires, une quadrangulaire dans la 8e circonscription et seulement trois duels étaient annoncés. Le jeu des désistements s'annonçait donc crucial entre les deux tours. Très vite, entre dimanche soir et lundi matin, trois candidats ont annoncé qu'ils se retiraient pour faire barrage au Rassemblement National et ainsi permettre au candidat le mieux placé de l'emporter.
A l'arrivée ce mardi soir, après le dépôts des candidatures en préfecture : 7 duels, 5 triangulaires et 1 fausse quadrangulaire.
Dans le Rhône, le Front Populaire, le Rassemblement National et Renaissance sont arrivés respectivement en tête du premier tour dans huit, quatre et deux circonscriptions.
Les candidats en lice
Les désistements dans le Rhône
Ce sont trois candidats de la gauche unie et une candidate Renaissance qui ont décidé de se désister pour faire barrage au Rassemblement national. Les triangulaires deviennent donc des duels dans les circonscriptions suivantes :
10e circonscription
C'est le député sortant de la majorité présidentielle Thomas Gassilloud (AGIR) qui est arrivé en tête du 1er tour avec 32,54% des suffrages. Dans cette circonscription des Monts du Lyonnais, qui va de la métropole de Lyon aux frontières de la Loire, la candidate RN Cécile Patout, inconnue dans le département, a pourtant été placée en 2e position avec 31,15% des voix. Un petit millier de bulletins les séparent. Pour faire barrage au RN, la candidate socialiste du Nouveau Front populaire Florence Perrin a annoncé dès dimanche soir son désistement. Elle a recueilli 23,64% des suffrages. Un réservoir de voix qui pourrait permettre au député sortant de conserver sa circonscription.
Le désistement de Florence Perrin n'a pas manqué provoquer la colère de la candidate Rn Cécile Patout. "Je suis extrêmement surprise qu'elle se couche pour laisser une autoroute à Macron, en la personne de Thomas Gassilloud", a-t-elle déclaré au lendemain du 1er tour.
9e circonscription
Une triangulaire est sortie des urnes au soir du 1er tour des élections législatives dans le Beaujolais. Les électeurs ont placé Patrick Louis en tête, le candidat "d'union des droites", soutenu par le RN a été crédité de 35,4% des suffrages. Il est en ballottage très favorable face au député LR sortant Alexandre Portier, à 10 points derrière (25,4%). C'est dans ce contexte que le candidat de la gauche Jean-Henri Soumireu-Lartigue, arrivé en 3e position (23,25%) a suivi les consignes de Jean-Luc Mélenchon. Il a annoncé le retrait de sa candidature.
11e circonscription
Le candidat communiste du nouveau Front Populaire Abdel Yousfi qui était arrivé en 3e position (22,87%) se désiste. Dans cette circonscription qui compte Givors, Genas ou encore Vaugneray, c'est le candidat de droite soutenu par le RN qui est arrivé en tête: Alexandre Humbert Dupalais a recueilli 36,8% des voix, à près de dix points devant le député sortant Renaissance Jean-Luc Fugit (26,93%).
13e circonscription
La députée sortante Renaissance Sarah Tanzilli qui était arrivée en 3e position, derrière son adversaire LFI de 2022, Victor Prandt, a annoncé sans détour qu'elle retirait sa candidature. Elle a appelé à faire barrage au RN. Élue en 2022 pour prendre la suite de Danièle Cazarian, la macroniste n'a donc fait que 2 ans de mandat dans cette circonscription de l'est lyonnais.
Dans cette circonscription, la responsable départementale du RN, Tiffany Joncour, est arrivée en tête le 30 juin dernier, avec 36,35% des suffrages exprimés. Le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a bon espoir de décrocher cette circonscription.
Les duels sortis des urnes
À l’issue du premier tour, seuls trois duels avaient été annoncés dans les 13 circonscriptions du Rhône restant à pourvoir.
2e circonscription
Dans cette circonscription entièrement lyonnaise, le candidat écologiste Boris Tavernier, arrivé très largement en tête (49,65%) affrontera le candidat Renaissance Loïc Terrenes. Plus de 14 100 bulletins les séparent. Le candidat de la macronie avait été battu en 2022 par l'écologiste Hubert Julien-Laferrière qui s'est récemment retiré de la vie politique. Loïc Terrenes a fait un peu mieux qu'en 2022 au premier tour (+ 1893 bulletins).
6e circonscription
Dans la circonscription de Villeurbanne, c'est un duel à gauche qui est sorti des urnes. Le député sortant LFI du nouveau Front Populaire, Gabriel Amard va affronter l'ancien député-maire socialiste de Villeurbanne, Jean-Paul Bret. Une candidature surprise. Le député sortant est arrivé en tête avec 46,29% des suffrages, à plus de 26 points devant son adversaire de gauche (19,94%). Gabriel Amard, gendre de Jean-Luc Mélenchon, parachuté dans la circonscription en 2022, est soutenu par l'actuel maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael. Le RN a manqué d'un petit point la qualification pour le second tour.
14e circonscription
C'est un duel des extrêmes qui va avoir lieu : le député sortant LFI du nouveau Front populaire, Idir Boumertit affronte le candidat RN Cédric Mermet. Ce retraité de l'armée de Terre est inconnu dans la 14e circonscription. Cédric Mermet milite pour le RN depuis un an. Au premier tour, le député sortant a raté de peu la réélection, crédité de 48,78% des voix. Son adversaire RN a recueilli 28,21% des suffrages et ne dispose pas de réserve de voix suffisante. Reste une inconnue : comment les électeurs qui ont voté Renaissance (15,6% pour Ludovic Almeas) ou LR (4,6% pour David Mazzone) vont-ils voter le 7 juillet ? Mais à priori pas de surprise attendue au second tour dans ce territoire historiquement ancré à gauche.
Les triangulaires
À l’issue du premier tour, 8 triangulaires ont été annoncés dans les 13 circonscriptions du Rhône restant à pourvoir. Elles n'étaient plus que 5 mardi après-midi, quelques heures avant le dépôt définitif des candidatures en préfecture.
1ère circonscription
Le député sortant Renaissance, Thomas Rudigoz est en grande difficulté (29,72%). Il est largement devancé par la candidate LFI du nouveau Front Populaire Anaïs Belouassa-Cherifi (42,2%). Le candidat RN, Laurent Mouton est arrivé en troisième position avec 18,1% des voix. La circonscription risque de basculer à gauche.
4e circonscription
Pas de désistement dans cette circonscription urbaine. La députée sortante Renaissance Anne Brugnera, ancienne socialiste est en ballottage défavorable (31%), derrière la socialiste du nouveau Front Populaire Sandrine Runel (38%). Elle entend continuer le combat pour conserver sa circonscription. Le candidat du Rassemblement National Yannick Chaumont a été crédité de 17,9% des voix. Pour Sandrine Runel, cette position est "historique". "Jamais la gauche n'a été en tête dans cette circonscription (...) nous sommes le meilleur et le seul rempart face au Rassemblement National et à 7 ans de casse sociale orchestrée par le gouvernement Macron ", a confié ce matin la candidate en campagne qui se présente comme "la candidate socialiste de l'union de la gauche". Face à elle, Anne Brugnera, "une candidate en perdition, pas à la hauteur des enjeux. Elle aurait dû se désister", a déclaré Sandrine Runel.
"Au premier tour, le nouveau Front populaire est en tête avec 38%. Mais je suis à 31%. J'ai doublé le score des Européennes, c'est un beau score. Il faut continuer. Le Rassemblement national se maintient mais il est très loin. La circonscription n'est pas menacée par le RN (...) Le RN à 18% ne peut pas gagner dans la 4e circonscription. (...) Nous voulons faire échouer le RN et c'est déjà le cas ici, il est en échec," a martelé Anne Brugnera ce mardi matin pour justifier son maintien dans la course aux législatives. La députée sortante en "appelle aux électeurs de l'arc républicain".
La bataille s'annonce rude dans ce bastion centriste, l'ancienne circonscription de Raymond Barre. La circonscription est historiquement ancrée à droite depuis un siècle.
5e circonscription
Dans la circonscription de Caluire, la députée sortante Modem, Blandine Brocard est arrivée en tête avec 32,33% des suffrages. Au deuxième tour, elle retrouve son adversaire de 2022, le patron des socialistes du Rhône, Fabrice Matteucci qu'elle avait affronté lors d'un duel. Deux ans plus tard, l'écart s'est réduit, le candidat de gauche a gagné près de 6700 voix. Son adversaire Modem, 4100 voix. Mais c'est au RN que la hausse de la participation a le plus profité, Sasha Bitoun a doublé le score de son prédécesseur en deux ans (de 8449 voix à 16 941). Sur quel candidat les électeurs qui ont glissé un bulletin dans l'urne en faveur des LR vont-ils se reporter ? Bastien Joint (LR) a recueilli 14% des voix, un peu moins de 10 000 bulletins qui pourraient faire la différence le 7 juillet.
7e circonscription
Dans la circonscription de Bron, Vaulx-en-Velin ou encore Rillieux-la-Pape, le député sortant Horizons, Alexandre Vincendet est danger, en ballottage très défavorable (27%). Le candidat LFI du nouveau Front populaire, Abdelkader Lahmar, le distance très largement (46%) avec un écart de plus de 8200 bulletins. Pas de désistement pour l'ancien LR Alexandre Vincendet qui entend conserver cette circonscription, historiquement à gauche depuis les années 60, remportée en 2022. Mais sa réserve est très faible. Dans cette circonscription, le candidat RN Cédric Pignal a été qualifié pour le second tour avec un score de 21,28% des suffrages et près de 9300 bulletins.
12e circonscription
La circonscription comprend une partie de l'ouest lyonnais mais aussi le sud (La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite), le candidat Modem sortant Cyrille Isaac-Sibille, soutenu par la majorité présidentielle, est en difficulté relative. Il arrive en deuxième position avec près de 29% des voix, derrière la candidate écologiste Lucie Gaillot Durant (30%). Seuls 633 bulletins les séparent.
Le député sortant a décidé de poursuivre la campagne.
La candidate RN Clémence Luisier est proche avec près de 25% des suffrages. Les trois adversaires sont dans un mouchoir de poche dans cette circonscription marquée par le scandale sanitaire des PFAS. La candidate du Nouveau Front Populaire a appelé Cyrille Isaac-Sibille de lui laisser le champ libre pour augmenter ses probabilités de l'emporter. En vain, Dimanche soir, le parlementaire sortant appelait "tous les électeurs républicains et démocrates à se retrouver derrière (sa) candidature".
Fausse quadrangulaire
C'est une configuration rarissime dans le Rhône. La 8e circonscription devait être le théâtre d'une quadrangulaire (une des deux seules de France). En réalité, c'est une quadrangulaire virtuelle, car un des candidats, le MODEM-Ensemble Dominique Despras a décidé de ne présenter ni professions de foi, ni bulletins de vote. Une information exclusive de France 3 Rhône-Alpes. Après deux jours d'intenses tractations, il a finalement décidé de se retirer pour faire barrage au candidat RN, quasi-certain de l'emporter dans la configuration à quatre candidats. Dans cette circonscription qui regroupe notamment les cantons de Tarare, Thizy-les-Bourgs ou encore L'Arbresle, mais aussi une partie de la métropole de Lyon (Ecully), le RN est arrivé en tête avec 33,46% des suffrages, portant une première place un inconnu : Jonathan Gery. La candidate socialiste du nouveau Front populaire Anne Reymbaut, adjointe à Thizy-les-Bourgs, a recueilli 22,75% des voix. Un exploit dans ce bastion de la droite.
Qualifiée pour le 2e tour, elle était donc talonnée par le candidat Ensemble, le Modem Dominique Despras (21,18%) qui avait affronté la sortante LR Nathalie Serre en 2022. Il ne sera donc pas là cette fois-ci, ce sont bien trois candidats qui se disputeront la circonscription dimanche prochain.