François Noël Buffet et Gérard Collomb ont présenté à la presse ce jeudi matin les grandes lignes de leur programme. L'après Covid va être compliqué pour la première métropole industrielle de France mais les deux hommes affirment avoir les armes pour qu'elle puisse se redresser vaillamment.
Drôle de campagne métropolitaine. A moins de trois semaines du second tour, elle se déroule essentiellement sur les réseaux sociaux ou par voie de presse. On les avait laissés le 28 mai dernier sur leur toute nouvelle union, la tête de liste LR, François Noël Buffet, et Gérard Collomb se sont retrouvés ce jeudi matin pour parler économie. Et balancer quelques punchlines sur les écologistes, toujours favoris du scrutin.
Rendez-vous est donc donné dans la grande salle d’un hôtel branché de la Confluence. Face aux journalistes à bonne distanciation sociale, François-Noël Buffet et Gérard Collomb sont assis sur des sièges qui ressemblent un peu à des trônes. «Ce n’est pas nous qui avons choisi» s’amuse le sénateur LR. Ils sont là pour parler économie et écologie. Les deux sont étroitement liés, c’est le message de la matinée.
François-Noël Buffet ouvre la séance par quelques généralités conjoncturelles et laisse la parole à son associé, qui va la garder un moment. Ceux qui l’imaginaient en pré-retraite en sont pour leur frais. Gérard Collomb manie l’ironie «J’espère que vous n’êtes pas trop choqués par un extrémiste comme François-Noël Buffet». Il n’a quasiment pas un mot pour son successeur à la métropole et concurrent David Kimelfeld, considéré comme quantité négligeable. Sa cible, unique, c’est la liste écologiste emmenée par Bruno Bernard.
Pourquoi écologie doit rimer avec économie
Gérard Collomb dresse un portrait funeste de la crise économique d’après COVID. «On attend un recul de 10% du PIB, un million de chômeurs en plus. Et comme nous sommes la première métropole industrielle, nous serons les premiers touchés». Mais heureusement la Métropole sera là. A condition évidemment qu’on vote pour lui. Pardon… pour François-Noël Buffet.
C’est un des grands leimotivs de Gérard Collomb, et qui ne date d’ailleurs pas de la campagne. Economie et écologie sont compatibles, il ne faut pas avoir peur d’avoir recours à des ressources privées. Exemple, une des grandes fiertés de Gérard Collomb ces deux dernières décennies, le Vélov, financé par le groupe publicitaire JC Decaux. C'était à l'époque le premier service de vélos en libre accès. Si les écologistes sont élus, Gérard Collomb annonce ni plus ni moins la disparition du service: «Vélov sera détruit parce que nos amis écologistes ne veulent pas de pub, et ça m’étonnerait que JC Decaux continue alors de financer. Que les utilisateurs de Vélov réfléchissent bien avant de mettre leur bulletin dans l’urne».
Des chantiers ambitieux, écolo et sans hausse d'impôts
Vélov, c’est ce que Gérard Collomb appelle «de l’écologie heureuse», opposée à une «écologie contrainte», comprenez celle de ses adversaires. «Entre l’écologie Père Fouettard et la nôtre il y a une différence». «On veut des choses concrètes, pas du baratin dogmatique» renchérit François-Noël Buffet.
Leur écologie : continuer à développer des chantiers type Part Dieu pour l’attractivité de la ville, mais avec des bâtiments à énergie positive. Mieux, construire des quartiers entiers à énergie positive, tout en multipliant par cinq le photovoltaïque. Construire des logements, mettre en place une filière hydrogène, et faire passer les bus à des énergies propres. D’ailleurs, explique Gérard Collomb, la ville est déjà verte, elle serait même, selon lui, la trentième ville mondiale la plus verte.
Et pour financer tout ça ? «Il n’y aura pas d’augmentation d’impôts» promet François-Noël Buffet qui veut gonfler le budget investissement de la Métropole d’un milliard sur le mandat, plus un autre milliard pour le SYTRAL, le syndicat des transports en commun… Le tout financé par un emprunt encore à taux bas.
«La priorité est au développement économique», le cap est fixé avec eux ou sinon c'est le chaos. La supposée incompétence économique de leurs adversaires écologistes est l’argument massue martelé depuis le début de la campagne, avec, érigé en exemple à ne surtout pas suivre, Grenoble décrite comme en plein déclin. Attendu sur son volet économique, le leader de la liste écologiste, Bruno Bernard, aura l’occasion de répondre dès demain. Il se livrera lui aussi à l’exercice de la conférence de presse à l’heure du café matinal.