Les hôpitaux de la région sont sous tension en ce moment en raison d'une épidémie de Bronchiolite. Le plan blanc a été déclenché par le CHU de Saint- Etienne. Ce n'est pas le cas aux Hospices Civils de Lyon même si la aussi la situation est très difficile. Le point avec le Professeur Etienne Javouhey qui dirige la réanimation pédiatrique à l'hôpital Femme Mère Enfant de Bron.
L'épidémie de bronchiolite reste à "un niveau très élevé" en France métropolitaine, malgré un infléchissement, "peut-être transitoire" après les vacances scolaires de la Toussaint, ont observé ce mercredi 16 novembre les autorités sanitaires.
Faut-il craindre une saturation des urgences pédiatriques des hôpitaux lyonnais ?
"Le service est en tension mais pas encore complètement saturé, car nous avons pris des mesures préventives", expliquait mardi soir (15 novembre) le Professeur Etienne Javouhey responsable de la réanimation pédiatrique à HFME. Le service a demandé l'aide des services de réanimation adultes et des services d'urgence "pour nous soulager des adolescents et accueillir plus de nourrissons".
Situation sous contrôle
Pour l'heure les hôpitaux lyonnais n'ont pas connu de transfert de nourrissons vers d'autres centres hospitaliers. "A Paris, ce n'a pas été la même situation mais à Lyon pour l'instant, on tient", résume le médecin. Depuis mi-septembre, 38 enfants en réanimation pédiatrique ont été transférés d'Ile-de-France vers d'autres régions.
A Lyon, la situation semble sous contrôle notamment en raison des critères d'hospitalisation. "Nous ne faisons pas de tri mais nous sommes plus rigoureux dans les critères d'hospitalisation car nous savons que nous avons peu de places d'accueil. Nous sommes donc très restrictifs dans les critères d'hospitalisation de nourrissons en détresse respiratoire", explique le Professeur Javouhey.
Le contexte sanitaire est particulièrement tendu avec cette épidémie de bronchiolite chez les nourrissons à des niveaux records d'hospitalisations depuis plus de 10 ans, a indiqué Santé Publique France il y a quelques jours.
Services pédiatriques fragilisés
Parmi les hypothèses avancées pour expliquer cette vague de bronchiolite, l'ancien ministre de la Santé, Olivier Veran a évoqué l'hypothèse d'un "effet rebond" lié à une "dette immunitaire" post-Covid. "C'est surtout la précocité de l'épidémie qui nous surprend et le système hospitalier qui est beaucoup plus fragile", assure de son côté le Professeur Javouhey.
D'ordinaire, les épidémies de bronchiolite étaient connues pour leur grande régularité, avec un pic systématiquement atteint autour de la 50ème semaine de l'année. Mais 2022 rime avec une épidémie précoce. Une mauvaise nouvelle pour des systèmes hospitaliers fragilisés par le Covid. Cette vague de cas de bronchiolite n'a fait qu'aggraver la crise des urgences pédiatriques, liée à des conditions de travail insatisfaisantes et à un manque de personnel.
"Nous avons essentiellement un problème d'effectifs paramédical qui fait que nous avons des lits fermés. Si ces lits étaient ouverts, ils nous permettraient d'absorber l'épidémie. Mais comme nous ne pouvons pas les ouvrir, nous sommes très inquiets de ce qui va se passer", ajoute-t-il.
La bronchiolite en bref
La bronchiolite est une infection virale qui touche les voies respiratoires inférieures des nourrissons et des enfants âgés de moins de 24 mois. Courante, elle est très contagieuse. Elle est due le plus souvent au Virus Respiratoire Syncytial (VRS). Le virus provoque une inflammation des parois des bronchioles (les plus petites bronches) et une augmentation des sécrétions responsables d’un phénomène d’obstruction.
La bronchiolite atteint les nourrissons (enfant de moins de 2 ans) et se caractérise par un épisode de gêne respiratoire dont les signes sont une toux et une respiration rapide et sifflante. La bronchiolite dure en moyenne dix jours. Si la maladie est angoissante pour les jeunes parents, elle est la plupart du temps bénigne. Dans les cas les plus graves, un enfant atteint de bronchiolite peut être hospitalisé.
Comment prévenir la bronchiolite ? Pour le professeur Javouhey, il faut protéger les touts petits nourrissons, dés la sortie de la maternité jusqu'à l'âge de 3 mois et "porter des masques au moindre signe de rhume ou de fièvre".
Que faire en cas de bronchiolite ? la surveillance parentale prime concernant la capacité respiratoire de l'enfant et de sa manière de s'alimenter. "Si le nourrisson a des difficultés pour respirer et qu'il n'arrive pas à s'alimenter, il faut demander un avis médical", conclut le spécialiste pédiatrique.