Michel Neyret, ancien N°2 de la police judiciaire de Lyon, comparaît en appel à Paris, notamment pour trafic d'influence et corruption. Il avait été condamné en première instance à trente mois de prison ferme. Le parquet avait fait appel. Ses deux adjoints à Grenoble comparaissent à ses côtés.
Le premier procès avait vu défiler à Paris d'éminents responsables de la Police Judiciaire venus attester du professionnalisme de Michel Neyret tout au long de sa carrière. Mais la hâte du prévenu a fêter ostensiblement sa condamnation, limitée à deux ans et demi de prison et qui autorisait donc un aménagement de peine, a sans doute chagriné, voire offensé le parquet. Le parquet, qui avait pourtant requis quatre ans de prison dont deux ans ferme, a fait appel malgré tout de cette première condamnation. Une façon de rappeler à Michel Neyret qu'il ne pouvait pas s'en tirer à si bon compte et s'en glorifier de la sorte.
Retour donc à la case départ pour celui qui fût le N° 2 de la PJ à Lyon. Un policier d'élite qui a dirigé pendant 20 ans l'anti- gang à Lyon mais dont les pratiques ont tourné à la compromission avec les gens du milieu. De petits cadeaux en faveurs réciproques, le flic "intègre" s'est détourné du droit chemin, frayant avec des informateurs qui étaient devenus ses amis.
Une ligne de défense inchangée
Michel Neyret comparait donc mardi matin devant la Cour d'appel de Paris pour huit délits dont corruption, trafic d'influence passifs et détournement de scellés de stupéfiant. Il encourt 10 ans de prison et 7,5 millions d'euros d'amende. A ses côtés, le commandant Gilles Guillotin et le commissaire Christophe Gavat, deux de ses adjoints en poste à la PJ de Grenoble à l'époque des faits et à qui l'on reproche d'avoir obéi au patron. Il leur est reproché d'avoir enfreint la loi en détournant à leur tour des scellés de drogue.
Stéphane Alzraa et Gilles Benichou, présentés comme les corrupteurs , doivent être aussi rejugés.Mais Alzraa a été arrêté en Israël pour une toute autre affaire et il n'a toujours pas été extradé.
Michel Neyret s'est donc présenté ce matin entouré de ses deux avocats à Paris. Il se dit fatigué par 7 ans "d'un parcours judiciaire qui n'en finit pas" et confie sa stratégie de défense: "J'ai sans doute commis des erreurs et des imprudences mais elles étaient justifiées par la recherche du résultat". L'audience a été ajournée. Le procès reprendra la semaine prochaine à Paris. Il est prévu jusqu'au 11 Avril.
Le récit de Paul Satis avec la collaboration de Nathalie Perez