Plusieurs milliers de personnes manifestent ce jeudi contre les mesures annoncées par le gouvernement sur la question de "l'absentéisme" des fonctionnaires. Un mouvement massivement suivi, notamment dans les établissements scolaires, collèges et lycées en tête.
Des dizaines de milliers de personnes ont pris part ce matin aux défilés dans les principales villes de la région. Des enseignants et personnels de l’Education nationale aux blouses blanches et aux hospitaliers en passant par les électriciens et encore les personnels de l’aviation civile, ils sont dans la rue pour dénoncer le plan de lutte contre “l’absentéisme” des fonctionnaires annoncé par le gouvernement. La profession envoie ainsi un message clair au futur gouvernement.
Les manifestants réclament également la refonte des grilles indiciaires, l'égalité salariale entre femmes et hommes et la création d'emplois "partout où c'est nécessaire".
Cette journée a été maintenue malgré par le renversement du gouvernement de Michel Barnier mercredi soir. Peut-être même le mouvement est-il renforcé par cette censure. C'est très vrai pour une militante de la CFDT pour qui il est capital de se mobiliser encore plus. “Il faut que l’on soit dynamique visible, et que l’on exprime ce qui n’est plus acceptable par rapport aux besoins du peuple. Quant à la carence, on avait obtenu satisfaction dans la fonction publique. Mais c’est la même chose dans le privé. Il y a beaucoup d'employeurs qui compensent financièrement ce délai. Et ça, on ne le dit pas et on a souvent l’impression que les fonctionnaires jouissent de quelque chose de profitable alors que n’est qu’un droit qui met sur un pied d’égalité tous les salariés sur les questions de santé et d’arrêts maladie en particulier."
Beaucoup d'établissements scolaires concernés, un taux de 60 % de grévistes
Côté Education nationale, enseignants et Atsem ne sont pas les plus présents dans la rue. Pour autant,le taux de grévistes atteint 60 % selon les syndicats. “Nous envoyons un message clair au futur gouvernement", déclare Rindala Younès, secrétaire académique du SNES-FSU dans le Rhône. "Hier comme aujourd'hui, nous ne voulons pas des trois jours de carence, ni de la moindre prise en charge des congés maladie. Il est au contraire urgent de revaloriser les personnels et de conforter l'École publique en lui donnant les moyens de fonctionner.”
Un peu plus de 160 écoles sur 205 sont concernées. Dans certains établissements, les taux de grévistes dépassent la moyenne de 60 % : 70 % au collège Jean Jaurès de Villeurbanne, 71 % au collège Vailland de Poncin (Ain), 72 % au lycée Colbert (Lyon 8) et 100 % au collège Bellecombe (Lyon 6) comme au collège Marcel Aymé à Dagneux (Ain). Dans les écoles, le principal syndicat, le FSU-SNUipp, le mouvement est très massif, selon les organisateurs, avec là aussi deux tiers des enseignants grévistes.
Selon l'Académie, la participation dans les collèges est estimée à 29,35%, dans les lycées d’enseignement général et technologique à 15,18% et dans les lycées professionnels à 11,20%.
Des milliers de personnes dans les rues de Grenoble
En Isère, cette journée de mobilisation était également très suivie. À Grenoble, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées (4 500 selon les syndicats, 2 400 selon la préfecture) pour défendre les services publics :
"C’est important de se retrouver tous unis dans la fonction publique. Les dernières provocations avec l’annonce des trois jours de carence pour les fonctionnaires, c’est symboliquement et concrètement un nouveau coup porté contre la fonction publique contre ceux qui ont la plus grande utilité sociale. C’est-à-dire les piliers de notre société, c’est-à-dire la santé, l’éducation, et la justice", déplore Valérie Favier, représentante syndicale FSU Éducation nationale.
À travers cette mobilisation, les grévistes revendiquent davantage de moyens humains et financiers : "Le service public, la fonction publique, c’est ce qui fait l’égalité entre les gens donc il faut des moyens, de l’humain, des personnes formées... Tout ça, ça a un coût, mais c’est un investissement pour l’avenir", dit Emmanuelle Pauthier, co-secrétaire départementale de la FSU de l’Isère.
Selon les syndicats, 65 % des professeurs du 1er degré étaient en grève, sur les 850 écoles primaires iséroises. Cent-vingt étaient fermées ce jeudi dans le département.