Avec le mot-clé #GCUM, les utilisateurs de deux-roues désignent les plus flagrants stationnements interdits sur les pistes cyclables. Au-delà de la plaisanterie, le sujet est sérieux : ils dénoncent un réel danger, notamment pour les enfants.
Faites le test… Prendre un deux-roues, dans une grande ville comme Lyon, et essayer de circuler en empruntant les pistes cyclables durant quelques minutes. C’est ce que font des centaines de personnes, en vélo ou en trottinette, chaque jour. Beaucoup d’entre eux le font pour aller travailler –ils se surnomment les Vélotaf- mais aussi pour leurs loisirs, avec des enfants.
Très rapidement, vous allez vous confronter à un phénomène d’une ampleur assez importante. Une infraction commise dans l’indifférence générale, très souvent, avec un sentiment d’impunité assumé, bien qu’étant interdite par le code de la route. Et pour cause : elle est potentiellement particulièrement dangereuse.
C’est ce que les utilisateurs de deux-roues français surnomment désormais les #GCUM. Quatre lettres qui caractérisent tout conducteur de véhicule motorisé « garé comme une merde ». Une formule née en 2018... en Alsace. Deux habitants en ont eu l'idée « excédés par le stationnement abusifs de certains, on dénonce les "contre" venus des réseaux sociaux, et on a créé des stickers à coller sur leurs véhicules » expliquent-ils. Ils ont même déposé cette marque.
Le ras-le-bol prend de l'ampleur
Sur le réseau social twitter, le mouvement prend véritablement de l’ampleur. Pour une raison simple : le sentiment que ces comportements illégaux ne sont quasiment… jamais sanctionnés. A Lyon, l’association « La Ville à Vélo » a décidé d’exprimer ainsi son ras-le bol. Revendiquant 1600 adhérents et 5500 sympathisants, ses membres viennent de lancer un grand concours : le GCUM d’or.
Le principe est simple : envoyer, via twitter, des photos ou vidéos de véhicules mal garés dans la Métropole de Lyon. Un vote déterminera les « meilleurs » GCUM… « Ça peut paraitre un peu rigolo, comme ça. Mais nos objectifs sont vraiment sérieux et importants. Il ne suffit pas de créer des infrastructures viables pour les modes doux, qui marchent bien. Moi, je fais souvent du vélo avec ma fille, qui a 7 ans. C’est très dangereux pour les enfants », explique Myriam Galot, de l'association La Ville à Vélo.
Je fais souvent du vélo avec ma fille, qui a 7 ans. C’est très dangereux pour les enfants
Il faut aussi rappeler ce que prévoit la loi : le stationnement sauvage sur une piste cyclable, considéré comme un stationnement très gênant, est passible d'une contravention de 135 euros, majorée à 375 euros si elle n'est pas acquittée dans les 45 jours.
Les photos reçues dans le cadre du Concours du #GCUM d'or seront départagées par un vote, selon plusieurs catégories : le #GCUM qui bloque tout le monde, le #GCUM cumulard trottoir-bande cyclable-passage piéton, le #gcum sous le nez de la police, le #GCUM urgence tabac-pain-snack, le #GCUM à la queuleuleu et le #GCUM devant une place libre…
Autant de cas auxquels font face quotidiennement les cyclistes et autres deux-roues. Le problème n’est pas nouveau, selon Myriam. « Je fais du vélo depuis 20 ans sur Lyon. Il faut reconnaitre que beaucoup de choses ont évolué favorablement, comme les infrastructures, les pistes cyclables. Même le comportement des automobilistes s’est amélioré. En revanche, aucune évolution concernant le stationnement sur les bandes cyclables. Et c’est non seulement agaçant, mais surtout très dangereux. »
S’arrêter pour faire des photos des contrevenants peut aussi présenter un certain danger. Les concernés ne prennent pas toujours cette idée avec bienveillance. Les insultes et menaces pleuvent rapidement. Souvent, l’automobiliste s’estime dans son bon droit, sous prétexte qu’il effectue une livraison, par exemple.
Ils réclament une campagne de sensibilisation
Une campagne de sensibilisation serait sans doute utile. « On a essayé d’interpeller les élus plusieurs fois. Ils nous lâchent des chiffres de verbalisation, mais cela reste très parcellaire. On ne parvient pas à avoir des informations réelles. On a l’impression que ce n’est pas un sujet. »
L’association reçoit déjà un bel écho à son initiative. Ses membres comptent rapidement faire connaître leurs revendications « Que les mairies et la métropole fassent de ce sujet une priorité. Il faut qu’ils communiquent sur le fait que c’est dangereux sur les pistes cyclables. Et puis qu’elles rappellent les bonnes pratiques. On demande aussi des verbalisations plus régulières, et que l’on puisse accéder aux données de vidéo-verbalisation. On souhaite connaître les chiffres par jour, par arrondissement, par ville, parce que, pour l’instant, on n’a rien du tout. »
La Ville à Vélo compte également interpeller la Préfecture sur ce sujet. « On sait que certains maires ont envie de traiter ce sujet, mais sont confrontés à la difficulté de recruter des policiers municipaux. Mais c’est aux élus de régler le problème. »
Lyon gagne des points
Il reste toutefois une bonne nouvelle : Les résultats du troisième Baromètre des villes cyclables de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) ont été annoncés à l’occasion de son congrès 2022 à Tours le 10 février dernier. On y découvre que la satisfaction des cyclistes grand lyonnais a progressé en deux ans : la note accordée au ressenti des cyclistes augmente de +44 % à Lyon et +31 % à Villeurbanne par exemple, mais elle reste loin derrière les villes comme Grenoble ou Strasbourg.