Ce jeudi 24 février, le tribunal administratif devrait rendre ses conclusions sur ce que deux associations dénoncent comme une "carence fautive" de la ville de Besançon. Association Vélo Besançon et Trottoirs Libres ! estiment insuffisante la lutte contre les arrêts et stationnements sur les trottoirs et voies cyclables, mettant en insécurité ses usagers.
Voilà deux ans que la procédure a été engagée. A l'époque, le maire de Besançon (Doubs) s'appelait Jean-Louis Fousseret. Et les représentants des usagers cyclistes et piétons à travers Association Vélo Besançon et Trottoirs Libres ! avaient déposé un recours à l'amiable pour attirer l'attention sur un problème récurrent dans la capitale comtoise : de nombreux véhicules ne sont au quotidien pas à leur place et gênent les piétons, cyclistes, personnes à mobilité réduite, parents avec poussettes, personnes âgées, etc.
Les deux associations palliaient ainsi à leurs yeux la fin d'une plate-forme où se pratiquait l'échange entre ville et usagers "Tous piétons, tous cyclistes", définitivement close en juin 2019. La ville n'ayant pas donné suite ou insuffisamment, et sans entrer dans les détails complexes, la procédure est devenue un recours devant le tribunal administratif.
Ce que dénoncent les associations
Selon les représentants des usagers piétons et cyclistes, de bien mauvaises habitudes ont cours à Besançon. Peut-être plus qu'ailleurs. Ce n'est pas seulement la configuration étroite du centre-ville historique qui y pousse, puisque les infractions se produiraient aussi dans les quartiers périphériques. "Rien que pour les livraisons, chaque jour 770 heures de stationnement interdit ou en double file sont enregistrées à Besançon", explique Yves Ketterer, président de Trottoirs Libres !
Ainsi les associations dénoncent le fait que les livreurs et artisans stationnent ou s'arrêtent un long moment sur les trottoirs, que les voitures particulières occupent elles aussi à tort les places de livraisons ou se garent sur les trottoirs, par exemple le dimanche grande rue. Des travers pratiqués depuis des décennies et trop peu verbalisés, donc découragés.
"Ce n'est pas un procès à l'équipe municipale en place qui œuvre et avance sur certains points", précise Yves Ketterer, mais bien contre la Ville de Besançon en tant qu'institution. Le but est d'attirer l'attention sur un problème endémique et d'aller plus loin. L'aménagement en cours du Pont de la République, désormais réservé au modes de transport doux et interdit aux voitures va clairement dans le bon sens à ses yeux. Mais il reste beaucoup de choses à régler.
Ce que veulent les associations
"Le respect du code de la route et l'application de la loi ne sont en rien des positionnements idéologiques, se défend Yves Ketterer. "Descendre sur la chaussée pour contourner un utilitaire quand on est en fauteuil, avec un déambulateur ou un enfant qui n'a pas toute conscience des risques, c'est dangereux et anormal. Et en centre-ville, c'est permanent."
Les "plaignants" espèrent donc que l'audience de jeudi 24 février au cours de laquelle le rapporteur public exposera ses conclusions (le jugement sera rendu ultérieurement) permettra de remettre en lumière ce qui ne va pas à Besançon.
Ils demandent concrètement que les contrevenants soient plus verbalisés, et immédiatement, car dans les zones de rencontre (entre piétons, cyclistes et automobilistes), "il n'y a pas de tolérance de 15 minutes, selon le code de la route, est considéré comme gênant la circulation publique l'arrêt ou le stationnement d'un véhicule en dehors des emplacements aménagés à cet effet ”, précise Yves Ketterer.
Dans son "mémoire de défense", la Ville a démontré, documents à l'appui qu'elle avait augmenté les verbalisations de 3 à 7 par jour depuis la nouvelle mandature. "Mais c'est encore insuffisant pour une telle agglomération", regrette Yves Ketterer. "Et en plus il s'agit toujours de stationnement illégal, jamais d'arrêt."
"La bonne pratique c'est par exemple de s'arrêter sur la chaussée pour décharger puis de se garer sur des emplacements adaptés, poursuit-il. Les artisans peuvent également intégrer le prix du stationnement dans leurs devis" selon lui.
Le président de Trottoirs Libres !, qui se déplace lui-même en fauteuil roulant souhaiterait donc aussi de nouvelles campagnes de communication et un rappel à la loi, espérant aussi que les conducteurs, au fait de leurs devoirs, se comporteront de manière plus civique.