Place Bellecour, dimanche 29 janvier, se tenait devant la statue du Veilleur de Pierre, la commémoration de la libération du camp d'Auschwitz. La communauté juive de Lyon a imposé un accueil des plus tendus à l'adjointe du maire de Lyon, Florence Delaunay.
"Dégage", "c'est une honte", c'est avec ces paroles qu'a été accueillie Florence Delaunay, adjointe au maire Grégory Doucet, ce dimanche matin, place Bellecour où la communauté juive de Lyon s'était réunie devant le Veilleur de Pierre pour commémorer la libération du camp d'Auschwitz.
Le maire, lui, n'était pas là mais à chaque fois que son nom était évoqué, des sifflets et autres invectives ponctuaient le discours de Jean-Claude Nerson, président de l'amicale des anciens déportés.
La colère gronde dans la communauté juive qui reste choquée contre le maire écologiste. Ce dernier campe sur ses positions et maintient son invitation de Salah Hamouri, dans le cadre d'une conférence sur les Accords d’Oslo à Lyon. Salah Hamouri est réfugié en France après avoir été exclu d’Israël où il est soupçonné de terrorisme.
L'avocat Alain Jakubowitz a été l'un des premiers à réagir sur les réseaux sociaux.
Vendredi 27 janvier, le grand Rabbin de Lyon, Daniel Dahan, a quitté un groupe interconfessionnel créé par la mairie de Lyon pour protester contre l'invitation de Salah Hamouri.
Un geste fort et très remarqué car le groupe concorde et solidarité avait été créé en 2002 à la suite de l'attentat contre la synagogue du quartier de La Duchère à Lyon, elle rassemblait les représentants des cultes chrétien, juif et musulman.
Laurent Wauquiez avait également adressé une lettre au maire de Lyon lui demandant de renoncer à l'invitation de Salah Hamouri. "Nous devons faire preuve de la clarté la plus totale" a-t-il écrit. "La clarté sur les mots que nous employons, en ne faisant pas d'un homme condamné pour ses liens avec des mouvances terroristes un "défenseur des droits humains".
La réponse de Salah Hamouri
Salah Hamouri, que nous avons contacté estime quant à lui qu'il s'agit d'une "attaque idéologique menée par l'ambassade d'Israël qui n'a pas à s'immiscer dans les affaires intérieures françaises" .
La France a officiellement condamné l'expulsion de Salah Hamouri de l'Etat d'Israël. Dans un tweet de réaction à cette polémique son épouse, Elsa Lefort, interroge : "Consulat, Ambassade. Il a lui-même été reçu au Quai d'Orsay et à l'Elysée . Est-ce le sort réservé à un "terroriste" ?"
"A celles et ceux qui diffament Salah Hamouri croyez bien que la justice française peut être saisie et que c’est vous qui êtes hors la loi en portant de telles accusations" ajoute-t-elle.
La conférence commémorant les 30 ans des accords d'Oslo doit se tenir à la mairie de Lyon, le 1er Février 2023. Parmi les invités, le président d'Amnesty International France, un membre du comité des droits de l'enfants aux Nations Unies et Salah Hamouri.
Pour apaiser les tensions, Grégory Doucet avait lancé un appel à la communauté juive, proposant d'inviter autour de la table un expert de leur choix. Une proposition qui n'a pas permis d'apaiser les tensions de plus en plus vives.
Au moment de la rédaction de cet article le maire de Lyon n'avait pas annoncé de modification du programme du 1er février 2023.