Le groupe Sanofi prévoit des restructurations. La recherche est en première ligne. Pour protester, le syndicat CGT a appelé à la mobilisation ce 19 janvier sur les sites français, notamment dans le Rhône. Un rassemblement a eu lieu à 10h30 à Marcy-l'Etoile. Un débrayage est prévu à Neuville/Saône.
Ce mardi 19 janvier 2021, vers 10h30, plusieurs dizaines de personnes, "environ 200 personnes" étaient rassemblées devant le site Sanofi de Marcy-l'Etoile, dans le Rhône, selon Tristan Teyssier, représentant du syndicat CGT. Une action qui vise à protester contre la politique salariale, les restructurations et les suppressions de postes au sein du géant pharmaceutique français dont le siège mondial est basé à Lyon. Deux sites Sanofi, implantés dans le Rhône, à Marcy-l'Etoile et à Neuville-sur-Saône, seraient indirectement impactés.
Marcy-l'Étoile, qui compte 3.300 employés en CDI et 5.000 en comptant tous les précaires et prestataires, produit des vaccins et c'est l'un des plus importants sites de R&D du groupe. La CGT a évalué mardi le nombre de grévistes à 300. "L'ADN de Sanofi, c'est donner de l'argent à ses actionnaires, c'est toujours faire plus", a déploré Tristan Teyssier, délégué CGT.
La recherche dans le viseur
"En 2021, un nouveau plan d’économies va frapper la recherche touchant des centaines de postes et entraîner de nouvelles fermetures de centres de recherche, un nouveau plan de désindustrialisation va bousculer les usines françaises et européennes le tout sans qu’aucune voix ne s’élève en France et en Europe," a indiqué la CGT dans un communiqué du 11 janvier. Le syndicat, rejoint par d'autres organisations, a donc lancé un appel à la grève pour ce mardi 19 janvier sur l'ensemble des sites du géant pharmaceutique français. Le chiffre de 400 suppressions de postes dans cette branche recherche a été évoqué dans la presse.
Le site de Marcy-l'Etoile était en grève ce mardi matin pour réclamer davantage de moyens pour la recherche et des embauches. A Neuville/Saône, un débrayage est prévu à partir de 14h. Le site, engagé dans la production de vaccins compte 180 personnes. Le site de Neuville/Saône ne serait pas directement impacté par les suppressions de postes en recherche et développement mais l'inquiétude est palpable. Tout comme sur le site de Marcy-l'Etoile, dans l'agglomération lyonnaise. La mobilisation porte aussi sur des revendications salariales.
Des économies et pas de vaccin anti Covid
Les demandes portent surtout sur des moyens pour la recherche. Des moyens qui passent notamment par des embauches. "A Marcy-l'Etoile, on a besoin de bras" a indiqué le coordinateur CGT Sanofi Fabien Mallet, contacté par téléphone. "En 12 ans, on a divisé par deux le nombre de chercheurs chez Sanofi (...). La R&D a été sabrée depuis 15 ans" précise ce représentant. Le syndicat CGT dénonce un plan d'économies "seul profit des résultats financiers". "Or la recherche ça coûte !" assène-t-il. Ces coupes ont révélé, selon lui, leurs limites en ces temps de pandémie et ne sont pas sans conséquences. On pense au retard pris aujourd'hui dans l'élaboration d'un vaccin anti-COVID par le groupe pharmaceutique français. "On a pris la voie la moins chère et la plus compliquée", glisse-t-il au passage. Sanofi, qui travaille au développement de deux vaccins anti-Covid, ne sera pas en mesure d'en proposer un avant fin 2021. Ce retard par rapport à certains concurrents lui a valu des critiques sur sa stratégie.
Une stratégie pointée du doigt
Evoquant des économies et un désengagement en matière de recherche, le représentant CGT dénonce aussi une stratégie dangereuse. Elle ne concerne pas uniquement le groupe Sanofi mais tend, selon lui, à se généraliser : "les grandes entreprises pharmaceutiques se désengagent de la recherche et vont chercher à racheter des brevets auprès de petites entreprises, de start-up financées par de l'argent public. Ils font appel à des "sous-traitants" de la recherche". Et d'enfoncer le clou sur l'absence de "prise de risques" des géants pharmaceutiques : "La recherche c'est une prise de risque et un travail à très long terme. Or, aujourd'hui, il n'y a plus de vision de l'avenir, plus de plan de recherches mais des stratégies d'opportunistes !" explique le représentant CGT Fabien Mallet. Des stratégies qui posent question sur l'avenir : "qui va financer les recherches sur les maladies rares par exemple ? Faudra-t-il uniquement compter sur le Téléthon ?" s'interroge-t-il.
Des suppressions d'emplois en R&D, conformément au plan annoncé
De son côté, à la veille de cette journée de mobilisation, le laboratoire français Sanofi avait confirmé des suppressions d'emplois dans sa Recherche & Développement (R&D). "Cela correspond à ce qui a été annoncé en juin l'an dernier", a commenté auprès de l'AFP Olivier Bogillot, le président France de Sanofi, après des informations de France Inter évoquant 400 suppressions de postes dans cette branche.
Sanofi avait annoncé l'an dernier la suppression de 1.700 emplois en Europe, dont un millier en France, correspondant à la stratégie mise en place par le nouveau patron du groupe, Paul Hudson. "Il va y avoir environ 1.000 départs en France, sur un calendrier de trois ans, dans différentes parties de l'organisation, dont la R&D. (...) On a fait les annonces en juin, et il a fallu le temps de mettre en place toutes les orientations stratégiques", a-t-il détaillé.
"On ne peut pas commenter précisément les chiffres ni dire où se situent les départs, car on doit donner ces informations en priorité aux instances représentant le personnel", a souligné Olivier Bogillot. "Mais nous avons toujours indiqué que c'est un plan de départs volontaires", a-t-il ajouté.
Selon la CFDT, les 400 suppressions de postes R&D en France évoquées ne sont "pas nouvelles". Elles font partie de celles annoncées en juin et leurs modalités n'ont "pas encore été négociées", a indiqué à l'AFP Aline Eysseric, membre CFDT du comité social et économique (CSE) central de Sanofi Aventis R&D (SARD).
L'entrée dans les négociations est attendue à la fin janvier, pour de premiers départs en deuxième partie de 2021.
Pôle d'excellence à Lyon
À Lyon, le groupe pharmaceutique Sanofi est présent au travers de son activité de vaccins, avec Sanofi Pasteur. Outre son siège à Lyon Gerland, le groupe dispose à Marcy-l’Étoile d'un site de R & D et de production de vaccins, et compte également un site de bioproduction à Neuville-sur-Saône. En juin dernier, la direction du groupe avait annoncé un investissement de 610 millions d'euros dans une nouvelle usine de production de vaccins à Neuville-sur-Saône. Autre annonce : celle d'un nouveau centre de Recherche et Développement créé sur le site de Marcy-l'Etoile.