Guerre en Ukraine : les opérations aériennes en Pologne lancées depuis la base du Mont-Verdun

Chaque jour, des rafales s'envolent de plusieurs bases françaises pour aller soutenir les forces de l'OTAN à la frontière ukraino-polonaise. Et c'est depuis la base aérienne du Mont-Verdun, à côté de Lyon, que ces opérations sont pilotées. Un lieu hautement stratégique et rarement ouvert aux médias. Reportage au cœur de la « war room ».

Une salle plongée dans le noir, des écrans sur plus de 20 mètres, des cartes, des vidéos captées en temps réel et... un calme olympien. Nous sommes pourtant au cœur de la « war room » de la base aérienne du Mont-Verdun, près de Lyon. Et dans ce décor digne des films d'espionnage hollywoodiens, les militaires sont connectés 24h/24. C'est d'ici que sont menées toutes les opérations aériennes françaises à l'extérieur du territoire, et donc les renforts lancés dans le ciel de l'allié polonais. « On est reliés à tout le système de détection de l'OTAN, on a une vision de tout ce qui se passe aux abords des frontières aériennes de l'alliance », explique le chef de conduite, le lieutenant-colonel Éric, qui assure le suivi des missions françaises sur le flanc Est de l'Alliance atlantique.  

Une « war room » ultra connectée...  

Pour l'instant, la France assure deux créneaux de plusieurs heures de surveillance aérienne à la frontière polonaise. « On est en lien permanent avec les équipes sur le terrain, en fonction de la situation, on peut les faire bouger d'une zone à une autre, leur dire de rester un peu plus longtemps ou leur demander des éléments d'appréciation », détaille le général Guillaume Thomas, commandant de la brigade des opérations aériennes.  

Des missions défensives, pour rassurer les Alliés et observer l'activité de l'aviation russe. « Ce ne sont pas des missions faciles, nos pilotes décollent de France tous les jours, le transit est assez long, et ils sont dans des configurations défensives, certes, mais dans des avions qui sont armés. Ils sont prêts à faire face à toute situation, même si pour l'instant il n'y a aucune tension avec l'aviation russe », ajoute le général. Et des missions qui servent surtout à dissuader la Russie de toute intervention sur le territoire allié.

« On montre les muscles, on montre qu'on est un allié fiable et solidaire de l'OTAN, et un allié crédible, car peu d'armées de l'air peuvent mener des opérations en de si brefs délais ».

Général Guillaume Thomas

 

… Et des prises de décisions très rapides  

Les délais, la réactivité, c'est justement tout l'enjeu. Dans un centre comme celui-là, l'armée de l'air est capable à la fois de planifier, de programmer et de conduire les opérations, de A à Z. « Cela nous a permis d'être très réactifs dans le cas ukrainien, nous avons pu déclencher le décollage de nos aéronefs en moins de 12h », assure le général Guillaume Thomas.  

Car c'est dans les coulisses de cette « war room » que sont préparées les missions et prises toutes les décisions. Des bungalows modulables sur plus de 1400 mètres carrés et dont la connectique fonctionne en permanence. Le bâtiment est d'ailleurs flambant neuf, il n'a été livré qu'en juin et certifié par l'OTAN le 22 décembre dernier, à la suite d'un exercice grandeur nature. 

 La France assure en effet cette année le commandement de la Force de réaction de l'Alliance Atlantique, c'est-à-dire de son bras armé. Et si celle-ci devait être activée, par exemple en cas d'invasion par la Russie d'un territoire allié, la base du Mont-Verdun en commanderait la composante aérienne.

Concrètement, si des opérations devaient être lancées dans le ciel de l'OTAN, elles pourraient être conduites d'ici. « Si on devait être activés par l'OTAN, et prendre sous notre responsabilité l'ensemble de ses appareils pour ce conflit, effectivement la « war room » pourrait alors accueillir 40 ou 50 personnes et les effectifs dans le centre passer à 250 ou 300 personnes », affirme le lieutenant-colonel Éric.  

Surveiller le ciel français  

De l'autre côté de la base, il y a un autre point stratégique. Une salle enterrée à plus de 130 mètres sous terre. Pour y accéder, il faut parcourir un couloir qui s'enfonce sur plus de 400 mètres. C'est de là que l'Armée surveille le ciel français. 11 000 avions par jour, au-dessus de la France. Les militaires sont capables de dire d'où ils viennent et où ils vont.  

    

Mais depuis le lancement du conflit, et surtout depuis l'interdiction de survol du territoire français par les avions russes, la vigilance est accrue derrière les écrans de contrôle. « On va suivre l'évolution de ces appareils, on va les faire apparaître sur nos cartes d'une certaine couleur et décider avec le cabinet de Premier Ministre ce qu'on va faire », explique le colonel Mathieu, directeur des opérations du CNOA, le Centre national des opérations aériennes  

« C'est un travail qui ne présente aucune difficulté pour nous, car il s'inscrit dans ce que l'on fait déjà tous les jours, cela nous demande juste un focus sur les appareils russes », ajoute le colonel Sébastien, chef du CNOA.   Pour l'instant, moins d'un dizaine d'avions en provenance de Russie ont survolé la France et ont été arrêtés et cloués au sol. Pour la plupart, des engins privés. Mais aucun vol militaire ou jugé dangereux. « Si c'était le cas, vu le préavis et la connaissance que l'on a des appareils en amont, nous serions en mesure de l'intercepter au moment où il va franchir la frontière de l'espace aérien français, et ce dans un délai très rapide ».  

Une base en alerte, mais pas encore sous tension. Si l'OTAN devait activer sa Force de réaction, la base du Mont-Verdun serait alors en capacité de planifier et de conduire environ 150 opérations aériennes par jour. 

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