La vestibulodynie est une hypersensiblité de la vulve qui touche près d'une femme sur dix. Cette pathologie très difficile à soigner, a fait l'objet d'un congrès qui s'est déroulé au Danemark. Près de 300 spécialistes européens ont échangé sur la question. Parmi eux, trois spécialistes lyonnaises.
Trois spécialistes lyonnaises ont fait le déplacement jusqu'à Copenhague, au Danemark pour participer au 12ème Congrès européen de la vulve. Le Dr Véronique Julien gynécologue, le Dr Sandra Ronger, dermatologue - spécialiste des pathologies vulvaires et Camille Tallet, sage-femme, travaillent ensemble en France.
Pour la première fois, ce congrès de médecins propose l'intervention d'une sage-femme. Camille Tallet est venue expliquer sa méthode, testée avec succès sur 83 femmes souffrant de vestibulodynie. "Je peux aider comme un kinésithérapeute qui viendrait détendre les trapèzes," explique la sage-femme lyonnaise, "on fait la même chose avec les muscles du périnée".
Qu'est ce que la vestibulodynie ?
Il s'agit d'une hypersensibilité douloureuse de la vulve, avec parfois des douleurs tenaces et persistances, provoquées (par un rapport sexuel) ou spontanées. C'est une pathologie difficile à traiter et aussi à diagnostiquer car elle ne comporte pas de lésions visibles.
Le diagnostic se fait notamment par provocation de la douleur avec le test du coton-tige. En consultation, le médecin va déterminer les zones douloureuses grâce aux indications de la patiente. Malgré les recherches, les causes exactes de la vestibulodynie restent méconnues. Dans la moitié des cas, les mycoses à répétition en sont la cause. Lorsque le diagnostic est posé, c'est un soulagement pour les patientes, qui se heurtent souvent après une longue errance médicale, à la méconnaissance des praticiens.
Un désintérêt du corps médical ?
L'intervention de la sage-femme lyonnaise devant ce parterre de praticiens à Copenhague a permis de mieux comprendre l'intérêt d'un travail interdisciplinaire pour le diagnostic et le traitement de la vestibulodynie. Car toutes les patientes de Camille sont également suivies à l'hôpital Lyon Sud où une consultation commune dermatologie-gynécologie ne désemplit pas. Il n'y en a qu'une par mois depuis 18 ans.
Toutefois, la méconnaissance de cette pathologie par le corps médical s'explique notamment par l'absence de cours de pathologies vulvaires pour les étudiants et les internes, d'après le Dr Sandra Ronger. De son côté, le Dr Véronique Julien, qui cherche à "faire des émules chez les gynécologues" , explique avoir beaucoup de mal à susciter l'intérêt de ses confrères pour ces pathologies vulvaires. "La vulve, c'est la dernière roue du carrosse de la gynécologie," déplore-t-elle. Pourtant, en France ou aux Etats-Unis, 5 à 7% des femmes souffrent de vestibulodynie.