HANDICAP. Le chauffeur refuse de la transporter, le ras-le-bol d'une lyonnaise en fauteuil roulant

Avec son fauteuil roulant Camélia a pris l'habitude de faire appel aux VTC, pour pouvoir sortir de chez elle et se déplacer en toute autonomie. S'il lui est arrivé plusieurs fois d'essuyer des refus à Lyon, la mauvaise expérience avec un chauffeur de la société Bolt a été la goutte de trop.

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"Dès que le chauffeur est arrivé, il m'a dit qu'il n'allait pas faire la course, mais il est resté garé en bas de chez moi, sans annuler la course." Camélia Bouricha est une habituée des VTC (Voiture de transport avec chauffeur). Cette Lyonnaise, en situation de handicap, utilise ce moyen pour se déplacer plus facilement et en toute indépendance. Elle fait souvent appel à la société Bolt. 

Vidéo à l'appui

S'il lui est déjà arrivé plusieurs fois de se voir refuser une course, cette fois, l'expérience a été pire. Arrivé au point de rendez-vous, un chauffeur de l'entreprise Bolt refuse de la transporter, mais n'annule pas la course. Conséquence : la jeune femme doit payer des frais d'annulation. 

Une situation filmée par Camélia et diffusée sur le réseau social TikTok. On l'entend demander au chauffeur d'annuler la course, s'en suit une conversation : "Je n'ai rien pour t'aider à monter", se justifie une voix d'homme.

Frais d'annulation

La Lyonnaise indique ne pas avoir besoin d'aide pour être transférée de son fauteuil à la banquette. Le chauffeur accepte qu'elle monte, mais une fois installée, nouveau problème. L'homme explique "je ne peux pas mettre ça dans ma voiture", en parlant du fauteuil rose de Camélia, "tu veux que je casse un truc ?" , ajoute-t-il. Le véhicule semble pourtant assez grand. 

La jeune femme finit par redescendre de la voiture. La situation aurait pu s'arrêter là, mais problème : le chauffeur n'a pas annulé la course, attendant à proximité de la jeune femme. Camélia a donc été prélevée de frais d'annulation. "Après, il a totalement changé de personnage, il s'est mis à rire. Il m'a dit "maintenant tu as qu'à voir avec eux" (ndlr : Bolt) et "commander des véhicules adaptés ou même des ambulances"."

"C'est la double peine, j'ai envie d'être indépendante. Il y a déjà beaucoup à faire pour l'accessibilité. N'importe où je vais, j'appelle avant, pour être sur que ce soit accessible."

Camélia Bouricha, en situation de handicap

Camélia Bouricha explique que la situation est loin d'être nouvelle, plusieurs courses ont déjà été annulées à cause de son handicap. Elle aimerait pouvoir indiquer au moment de sa commande de course, qu'elle a un fauteuil. "Comme ça, s'ils n'ont pas envie de devoir plier un siège, ils ne prennent pas la course et je demande un autre chauffeur, plutôt que de perdre du temps."

Un chauffeur sanctionné

L'entreprise Bolt a depuis présenté des excuses à la jeune femme et lui a remboursé les frais d'annulation. Contactée, l'entreprise a même indiqué avoir bloqué le compte de ce chauffeur, après une enquête interne. "Il ne travaillera plus jamais avec Bolt, nous condamnons toute forme de discrimination", assure Julien Mouyeket, le directeur général de Bolt en France. "Un chauffeur peut annuler une course si l'utilisateur n'est pas arrivé, si le groupe est trop nombreux, si le véhicule n'est pas adapté, hors son véhicule permettait de déplacer la victime (sic)", précise le directeur général. 

Il assure que l'entreprise travaille sur la formation et la sensibilisation des chauffeurs, ainsi que sur la création d'une catégorie spéciale pour le transport des personnes en situation de handicap, "en accompagnant les chauffeurs dans l'achat et le financement de véhicules adaptés"

Besoin de bouger

La mobilité est un enjeu central pour éviter l'isolement des personnes en situation de handicap, dans des espaces publics où les obstacles sont nombreux : voitures garées sur les trottoirs, rampes des bus en panne, ascenseurs cassés...

En termes d'accessibilité, la ville de Lyon a été classée 8e sur 14 métropoles françaises, par une enquête de l'APF France Handicap en 2020. Seulement 15 % des habitants sollicités se disent rarement, ou jamais, gênés lors de leurs déplacements. 

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