HISTOIRE : Lyon célèbre les 25 ans de son inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO

Le 2 décembre 1998, Lyon était classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO : Cinq cents hectares d'histoire. La reconnaissance internationale, revient de loin : une poignée de Lyonnais, des élus convaincus se sont battus pour la ville.

Au cœur de la ville, en bord de Saône, le quai Romain Rolland, accueille désormais une sculpture, symbole d'une mémoire. Vous ne le connaissez peut-être pas, le couple Neyret, Annie et Régis coulés dans le bronze, sur un banc. Ces Lyonnais sont un peu les architectes du combat pour la sauvegarde du vieux Lyon. Le couple n'est plus, mais il a forgé l'âme du quartier et changé l'avenir de la ville.

Car l’inscription de 10 % de la ville au patrimoine mondial de l'UNESCO est le fruit d'une histoire. Le couple n'est plus, mais ils ont forgé l'âme du quartier. Tout a commencé au pied de la colline de Fourvière.

Imaginez les bâtiments de Saint-Jean, Saint-Paul et Saint-Georges à l'aube des années 60, sombres, décrépis, tristes. Le maire de l'époque, Louis Pradel, veut y faire passer une autoroute urbaine et raser ce quartier insalubre. Née dans l'immédiat après-guerre, l'association " La Renaissance du Vieux Lyon " s'y oppose fermement. Régis Neyret en est le président, sa sœur, Michèle Neyret se souvient :

Régis hurlait, il disait que c'était les racines de la ville qu'on allait bousiller, il avait compris que c'était une immense connerie.

Michèle Neyret

Le combat n'est pas vain et l'association obtient la création du premier secteur sauvegardé par André Malraux en 1962 puis le quartier bénéficie d'une loi du ministre de la Culture, sur la protection du patrimoine historique en 1964.

Rayonner pour pas cher

La restauration va prendre plus de vingt ans. En 1995, Raymond Barre, maire de Lyon, demande à Régis Neyret de réfléchir à la façon de faire rayonner la ville en valorisant le patrimoine " sans que cela coûte trop cher ". Au départ, l'idée est de mettre en valeur les environs de la cathédrale Saint-Jean, puis le président de l'association "La Renaissance du vieux Lyon", épaulé par l'architecte en chef des Monuments Historiques, propose d'élargir le secteur avec l'esprit d'un quartier vivant.

L'idée d'une demande d'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO fait son chemin. Un dossier très très épais est constitué. Il propose de définir un périmètre de 427 hectares : La colline de Fourvière, le vieux Lyon Renaissance, la colline de la Croix-Rousse avec son habitat canut, unique en France et la presqu'île aux bâtiments classiques. Cela correspond aux anciens remparts, le fleuve Rhône ferme ce contour.

La ville a un atout majeur, depuis 2000 ans, elle a vécu dans les mêmes limites. De la fondation, par les Romains, de Lugdunum comme capitale des Gaules, au 1ᵉʳ siècle avant Jesus-Christ, jusqu'au siècle des canuts, ces ouvriers artisans tisseurs de soie à domicile, la physionomie de Lyon fait apparaître toutes les strates de l'histoire : Les romains à Fourvière, les ruelles médiévales dans les pentes, la Renaissance plus bas et quand on traverse la Saône, le 17 et 18e siècle, puis l'histoire industrielle sur "la "colline qui travaille" dans le parler lyonnais.

Une stratégie pour l'UNESCO

Annie Neyret, investie comme son mari dans le projet, reçoit des experts internationaux. Pour la visite, elle choisit des endroits stratégiques, avec des points de vue majeurs sur les toits Renaissance et les pentes de la Croix-Rousses : " c'est un ensemble urbain cohérent, avec un côté ravissant et spectaculaire, un peu comme en Italie. Il y a ce côté descentes d'escaliers à travers les toits ou les jardins suspendus." Pari gagnant, les experts repartent avec la preuve que la ville, est la seule en France à présenter toutes les traces de la civilisation et valident le projet d'un périmètre au-delà du vieux Lyon. 

À l’époque, Régis Neyret en est convaincu, " le point fort pour le futur, c'est que Lyon est considérée comme une ville de travail, une ville où on bouffe bien, mais pas une ville de tourisme." 

Vous savez on a un proverbe, " tout le monde ne peut pas être de Lyon, il en faut bien qui viennent d'un peu ailleurs." Je pense qu'il faut que ça se sache qu'on peut venir à Lyon et passer des moments agréables.

Régis Neyret en 1998, président de l'association "La Renaissance du vieux Lyon"

La fierté des Lyonnais

Le 5 décembre 1998, Lyon reçoit la reconnaissance internationale. L'inscription au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO. Les Lyonnais n'en reviennent pas et s'approprient leur histoire. Enfin fiers. Les commerçants se frottent les mains, sûrs de bénéficier de retombées économiques. Dans les rues du vieux Lyon, un commerçant se réjouit " il était temps que la ville soit prise au sérieux à l'international."

L'adjoint à la culture et au patrimoine, Denis Trouxe, en est persuadé, " cette distinction, pour une valeur universelle exceptionnelle, va faciliter la promotion de la ville en termes de tourisme."

En France, seuls le quartier Grande île à Strasbourg et les rives de la Seine avaient été retenus comme site urbain. Désormais dans cette catégorie, Lyon est, avec Prague, le site UNESCO le plus vaste au monde. L'année suivante, le site historique enregistre une hausse de 25 % de visiteurs.

Depuis vingt-cinq ans, les visiteurs du monde entier, déambulent à Lyon, sur les traces de 2000 ans d'histoire.

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