C'est inédit. Kosh est le premier humoriste beatboxer. A travers le récit de son histoire personnelle et de ses multiples aventures, il propose à son public de vivre un spectacle aussi musical que... sonore. A lire et à entendre, sur le plateau de "Vous êtes formidables" sur France 3 Auvergne Rhône Alpes
Faites le test vous-même. Récitez très vite cette phrase : « Bouffe des petits bouts d’quiches… ». Les sonorités de ces quelques mots répétés en rythme à voix haute vont vous donner l’impression, subitement, d’entrer dans le club restreint et fascinant des… beatboxers. Mais attention : n’est pas Kosh qui veut !
Je fais de la musique avec ma bouche
Kosh, de son vrai nom Géraud Poizat, est l’un des orfèvres actuels de la discipline. Cet artiste incomparable s’empare avec une facilité déconcertante de toutes les ambiances sonores qui l’entourent. Des cadences de machines industrielles aux vols d’insectes, du son d’une guitare électrique au chant de tous les oiseaux, Kosh reproduit instantanément tous les bruits de la vie quotidienne… « Je fais de la musique avec ma bouche », explique-t-il. Mieux encore… il en fait… des histoires.
Les expressions des commentateurs qui découvrent son spectacle sont toutes explicites : « C’est un boxeur qui débite, un mineur de sons, un chasseur de mines, un jongleur de diphtongues… bref un homme-orchestre ». Conseillé par l’un des piliers des Inconnus Pascal Légitimus, et mis en scène par Etienne Debalazy, Kosh arpente les scènes de France, et notamment celle du « Point-Virgule », à Paris.
Cet enfant de Saint-Germain-sur-l’Arbresle, près de Lyon, évoque avec rythme et sourire une vie pleine de rebondissements, qui ne le destinait pas vraiment à devenir célèbre. Enfant abandonné, c’est en partageant une chambre avec son grand frère qu’il s’est découvert son talent de « Human Beatbox ». Il imitait le son de la guitare électrique du frangin, qui n’appréciait guère la comparaison. « Vu qu’il est un peu plus costaud que moi, il me mettait des baffes, et, du coup, je variais un peu et je faisais aussi la trompette », se souvient-il.
Il évoque cette enfance à priori difficile avec facilité. « Je suis très bien avec ça. En général, ça se passe dans l’autre sens. Les artistes vont sur scène, et, ensuite, ils écrivent leur autobiographie. Moi j’ai simplifié, j’ai commencé par la bio », s’amuse Kosh. « J’évoque tous ces sujets, mais, pour moi, c’est extrêmement positif. Sinon je n’en parlerais pas… »
Du rap au beatbox
Son parcours plus ou moins chaotique se poursuit notamment dans la rue, avec ses potes, pour lesquels il se teste au freestyle en rap. « C’est comme ça que j’ai appris. J’étais avec un groupe de rap, composé de deux personnes qui sont toujours mes amis aujourd’hui. On a passé un casting à la radio. On est allés répéter et ils se sont disputés assez violemment et se sont barrés. Je me suis retrouvé tout seul. »
Kosh parvient tout de même à convaincre en solo et remporte la possibilité de se présenter, dix minutes, sur la scène d'un bar lyonnais. « C’est une des premières scènes que j’ai faite, du coup, en solo. C’est un effet du destin… et du manque de convivialité dans leur duo, sans doute ! », résume Kosh.
Des platines à la loopstation
Kosh enchaîne ensuite les prestations comme DJ, à une époque où il faut transporter, soi-même tout son matériel. Caisses de disques vinyles, platines MK2, soit le nécessaire pour ambiancer et faire du scratch. Mais l’exercice s’avère très physique. « Mes potes étaient plus grands que moi –ce qui n’est pas très difficile. Et un jour, alors qu’on était dans un ascenseur, ils se sont accoudés sur les platines que je portais. Et là je me suis dit : plus jamais. C’est le déclic qui m’a poussé à faire simplement du beatbox »
Il prend donc l’habitude de « s’enfermer » pour pratiquer le scratch, le passe-passe… « Toutes les techniques de platines, quoi », résume l’artiste. Rapidement, il remporte un concours de DJ-Beatbox. Un souvenir qui l’amuse. « J’ai gagné une semaine à Avoriaz. A mon arrivée, une surprise assez sympa m’attendait : le frigo était rempli de Nutella et de champagne ! »
Puis il rejoint une tournée mondiale, aux côtés de la chanteuse Karimouche. Avec elle, il se produira sur des scènes internationales durant environ huit années, notamment à Mayotte, en Russie, ou en Algérie. Avant de se décider à se produire seul avec son spectacle « Faut pas louper le Kosh »
Pour se produire, il utilise une « loopstation ». «C’est une machine qui sert à s’enregistrer et à se mettre en boucle. On peut superposer plein de sons ensemble et créer des morceaux, pour donner l’illusion d’être un groupe à soi tout seul », explique Kosh. Cela lui sert à illustrer son show, un mélange de stand-up, de bruitages, et d’interactions avec le public. « C’est un style un peu unique. Il faut vraiment venir le voir pour se rendre compte de ce que c’est. Je ne pense pas avoir vu de proposition similaire. » C’est notamment possible au Point-Virgule, à Paris… tous les samedis, à 16h.
Kosh est aussi très suivi sur les réseaux sociaux, où on peut voir des démos de ses bruitages humains, notamment. « En fait j’avais deux options pendant le confinement : soit passer du temps avec ma femme, soit faire des vidéos », plaisante-t-il. « Du coup, j’ai eu 1.2 million d’abonnés sur les réseaux. Je n’avais pas envie de m’éteindre pendant l’épidémie. Je tenais à m’amuser tout le temps. J’ai créé une ou deux vidéos chaque jour. Cela a développé chez moi un esprit créatif. Dès que je vois des choses nouvelles, cela me donne envie de faire de la musique avec… »
Ne nous y trompons pas. Au-delà d’être un « human-box », Kosh est d’abord -et avant tout- un humoriste. Il emmène son public dans des histoires. « C’est ça qui m’intéresse. Raconter des histoires en mêlant tout ça, en créant des ambiances sonores… J’ai commencé en faisant du pur beatbox. Je faisais des démos, comme plein de copains et c’est vraiment super. Ca déchire. Mais après, j’ai eu envie d’utiliser la discipline pour l’emmener au-delà. »
Faut pas louper le Kosh
Avec ce talent et cette énergie, Kosh trace son chemin… sonore, bien entouré par Nora, son épouse et son équipe de production. Et notamment son metteur en scène Etienne Debalazy. « Il a vu mon premier spectacle, et je l’ai sollicité pour travailler avec moi. Il m’a dit : si tu veux, je t’aide à ranger ta chambre. Cela m’a permis de trouver un fil conducteur. Quant à Pascal (Légitimus), il me conseille sur mon jeu d’acteur, mes attitudes. Ce sont deux gars formidables… »
REPLAY : Voir l'intégralité de l'émission en vidéo
PODCAST : écouter l'entretien avec Kosh, mené par Yannick Kusy