Le mâchon, traditionnel repas des canuts pris tôt le matin, postule pour être inscrit au patrimoine immatériel de l'UNESCO. Le dossier est en cours. Il faut convaincre les instances françaises de l'inclure dans ses propositions.
De bon matin, les bouchons lyonnais s'animent et pas seulement en cuisine. La salle est en pleine effervescence. C'est l’heure du mâchon, la grand-messe lyonnaise. Œuf poché, sauce Nantua aux écrevisses, saucisson pistaché au vin, cochonnaille et plats de tripes... s'alignent dans les assiettes depuis 173 ans.
Pour préserver sa tradition, le casse-croûte typique des gones postule pour être inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
Un rendez-vous fédérateur et rassembleur
À l’origine, c'était le casse-croute des Canuts où toutes les classes sociales se réunissaient autour de la cochonnaille. "C'est la convivialité. Le Beaujolais, le saucisson chaud au vin. C'est extraordinaire. Toute la France devraient vivre ça" argumente Daniel, attablé avec des amis.
Une incantation que Maxime Caminale porte haut depuis un an. Le président du Mâchon fidésien travaille à sa candidature au patrimoine immatériel de l'UNESCO. Le juriste de métier doit convaincre le comité français comme l'ont fait la baguette de pain, la fête de l'ours dans les Pyrénées, le carnaval de Granville, les danses et musiques basques...
Toute la société humaine se retrouve en un seul et même endroit. Le mâchon, c'est ça. Le côté fédérateur, ce n'est pas un concept, c'est une réalité.
Maxime Caminaleprésident du Mâchon fidésien
Maxime y croit. "C'est un marqueur socio-culturel fédérateur. On a le bâti, mais on a aussi la vie humaine" ajoute-t-il. Fidèle au rendez-vous depuis plus de 30 ans, il se souvient de ses premiers mâchons quand il était étudiant, chez Marité, une mère lyonnaise installée sur les pentes de la Croix-Rousse. Des repas simples partagés avec des éboueurs, des ouvriers, des étaliers du marché, des flics à la retraite. "Ça fait penser à la chanson de Michel Delpech, "Chez Laurette".
Un rendez-vous incontournable
Tradition et modernité, savoir-faire et savoir-être, le mâchon coche toutes les cases. Le classement à l’UNESCO a de fortes chances d’aboutir d'ici à 5 ans. Maxime Caminale a démarché les institutions, les collectivités, les confréries, les restaurateurs au niveau local, mais aussi à la capitale... tous soutiennent le projet.
"C'était un peu passé de mode, mais là, on a de plus en plus de demandes de jeunes entre 18 et 30 ans qui veulent mâchonner. Ça fait plaisir de voir que les jeunes générations veulent perpétuer cette tradition de convivialité et de fête" s'enthousiasme Benoît Josserand, propriétaire du Café du Jura
Côté client, c'est le même écho. "Baptême mâchon, il n'y a pas d'heure pour le saucisson". Jean-Pascal est un fervent adepte. De passage à Lyon, il est venu avec son fils de quelques mois.
Ça aura un rayonnement international. Quand un touriste viendra à Lyon, on aura le panneau sur l'autoroute : Lyon patrimoine de l'humanité, son vieux Lyon et son mâchon.
Maxime Caminaleprésident du Mâchon fidésien
Les grands événements lyonnais s'y sont mis aussi. Le festival Lumière a créé une version pour ses invités internationaux. Les clubs sportifs en organisent régulièrement. Il existe à Rungis et dans divers lieux en France.
Au fil du temps, le mâchon s’est quelque peu embourgeoisé. Il devrait s’internationaliser très prochainement.