À Saint-Didier-au-Mont-d'Or, dans le Rhône, un passionné d'instruments de musique, recrée de toutes pièces ceux du Moyen Âge. Olivier Féraud est archéo-luthier. Il réinvente entièrement des instruments disparus, mais chose plus extraordinaire, il leur rend leur voix, leur son.
À l'orée d'un bois, il s'est installé, dans un atelier aux allures de cabane de conte de fées. Olivier Féraud est archéo-luthier. Entre ses mains, point de pinceau pour déterrer d'anciens instruments, il manie le ciseau à bois et parle aux arbres.
Des formes...
Une isba, posée de guingois au fond d'un jardin, des chants d'oiseaux et le crissement du ciseau sur le bois. C'est là qu'Olivier Féraud donne vie à ses instruments. Sous ses doigts un bloc d'érable va apprendre à chanter.
"Je suis archéo-luthier, dit-il, j’ai commencé en autodidacte à construire des instruments. D’abord parce que j’en avais besoin, en tant que musicien et que ce sont des instruments qui n’existent plus depuis bien longtemps, depuis des siècles et des siècles. Au Moyen Âge, on construisait encore comme on a toujours fait depuis l’Antiquité. On sculpte une pièce, donc on enlève de la matière, tout part en copeaux, on ne garde qu’une enveloppe."
L'espace est étroit mais il s'y déplace aisément.
Olivier choisit ses bois quand ils sont encore à l'état d'arbres. Érable, aulne, noyer, il les laisse sécher jusqu'à ce qu'ils lui parlent.
Il saisit une planche, toque dessus et écoute attentivement le son produit. " Il commence à tinter un peu, il commence à être un peu sec ", explique-t-il démonstration à l'appui.
...et des sons
Pour recréer ces instruments médiévaux disparus, Olivier ne dispose que de la peinture et de la littérature d'époque. Mais comment retrouver le son d'un instrument dont nul n'a le souvenir ?
"C'est le luthier qui fait la sonorité, décrit Olivier. Pour la vielle, c’est tout ce que je mets dedans. Par exemple, tout ce que j’ai compris de la vielle en lisant de la littérature, en sachant qui joue de la vielle...c'est que cela ressemble à une jeune fille qui chantait. Cela donne des idées, je vais donc aller du côté de la douceur."
Depuis des mois, Olivier travaille sur un projet un peu fou, inspiré par une fresque du XVème siècle en Haute-Loire.
"On travaille en collaboration avec une historienne de l'art, qui, il y a quelques années, a soutenu une thèse sur le peintre de Saint Bonnet le Château, détaille-t-il. La fresque montre plusieurs anges musiciens au plafond devant le ciel bleu. On a huit anges musiciens qui jouent de huit instruments différents. Nous menons ensemble, ce projet pour mettre en musique la fresque."
La finalité du travail d'Olivier est évidemment, de pouvoir réinventer la musique du Moyen Âge. Les anges musiciens de Saint Bonnet le Château devraient bientôt retrouver leurs notes et leur voix.