Le 11 août 1944, il y a 79 ans, le dernier train de déportés de Lyon emportait 650 hommes et femmes, juifs et résistants, vers les camps de la mort.
Le train porte le numéro 141166. C'est un train de "voyageurs" et non pas un convoi de wagons à bestiaux. Ce 11 août 1944, il quitte la gare de Lyon Perrache. A son bord, 650 hommes et femmes, juifs et résistants, jusqu'ici détenus dans les prisons lyonnaises dont la prison de Montluc.
La Gestapo de Lyon, dirigée par Klaus Barbie, a vidé les geôles. 650 personnes "destinées" selon la terminologie nazie au camp de Compiègne pour les résistants hommes, au fort de Romainville pour les résistantes, au camp de Drancy pour les juifs.
Une errance qui durera onze jours
Ce 11 août 1944, les Alliés débarqués en Normandie le 6 juin, gagnent inexorablement du terrain et libèrent peu à peu la France. Dans quelques jours, le 15 août, les Alliés débarqueront en Provence. Pour l'heure, le général américain Patton est à Chartres, et malgré la débâcle qui s'annonce pour le Troisième Reich, l’obsession nazie est, jusqu’au dernier jour, de remplir des trains vers les camps de la mort.
La situation militaire empêche le convoi 141166 de rejoindre comme prévu la région parisienne. Les Alliés et la Résistance ne cessent de bombarder les voies. Le chemin vers Paris se transforme en impasses successives. Durant onze jours, ce train va errer en France puis en Allemagne, atteignant d'abord le camp de Natzweiler-Struthof, en Alsace, puis Ravensbrück avant d'arriver à Auschwitz-Birkenau le 22 août.
La désorganisation est telle que la direction SS de Birkenau n’a pas été prévenue de son arrivée. Dix jours durant, les prisonniers déportés seront tenus à l’écart du camp, pour vérifier l’origine de ce convoi qui n’arrive pas, comme habituellement, de Drancy et pour examiner la situation des déportés. Au total, seule la moitié des détenus partis de Lyon le 11 août 1944 survivra.
Le 4 juillet 1987, Klaus Barbie sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour crimes contre l’Humanité, et notamment ce crime commis le 11 août au matin en formant le convoi 14166, le dernier train de déportation parti de Lyon. Le dernier convoi parti de France vers les camps de la mort quittera la gare de Tourcoing le 1er septembre 1944.