Alors que l'édition 2019 de la Fête des Lumières a commencé jeudi 5 décembre, plusieurs collectifs d'habitants de Lyon s'opposent à "la marchandisation" de cet évènement festif, qu'ils estiment devenu "trop touristique".
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La fête est-elle devenue trop grande ? Alors que l'édition 2019 de la Fête des Lumières bat son plein depuis jeudi 5 décembre, des collectifs d'habitants lyonnais ne lui trouvent plus de magie.
Contre le "tout-tourisme"
Dans un courrier commun adressé aux élus de la ville et de la Métropole de Lyon, des collectifs d'habitants de la Part Dieu (collectif Part Dieu), du quartier Guillotière (Habitons Mazagran) ou encore de la Croix Rousse (La Fabrique de la ville et Les pentes contre Bouygues) appellent à la création d'
"une autre fête, avec les habitants", plutôt qu'à une Fête des Lumières qu'ils estiment tournée sur le
"tout-tourisme". Le tourisme contemporain, pour eux, est une industrie polluante qui
"transforme le monde en un gigantesque parc d’attractions en détruisant la nature, les lieux et les modes de vie". Le 7 novembre dernier, Lyon est néanmoins devenue « Capitale européenne du Smart Tourism 2019 », aux côtés d’Helsinki. Cette initiative de l’Union Européenne vise à promouvoir un tourisme raisonné, intelligent et respectueux.
Une fête "vendue sur le marché mondial"
"Nous refusons la Fête des Lumières qui transforme la ville en objet publicitaire, vendue sur le marché mondial pour attirer les investissements lucratifs," affirment-ils dans leur courrier. L'évènement s'est largement internationalisé ces dernières années, non seulement par l'attractivité grandissante qu'elle engendre auprès des touristes étrangers (plus de 120 000 visiteurs étrangers en moyenne lors des dernières éditions), mais aussi par les partenariats proposés aux villes étrangères qui souhaitent organiser à leur tour une Fête des Lumières localement, en achetant des prestations délivrées par l'organisation lyonnaise.
Contre les locations sur Airbnb
Les collectifs dénoncent par ailleurs
"la captation des logements nécessaires aux habitants au profit d’Airbnb (...)". A Lyon, la période du 8 décembre concentre la plus grande activité annuelle pour les particuliers qui proposent de louer leur appartement. Contacté, le site Airbnb indique avoir constaté plus de 18 000 locations sur sa plateforme entre le 4 et le 9 décembre 2018, dont 70% de visiteurs français. Ce sont donc, à priori, 18 000 lyonnais qui bénéficient de la manne, en plus de l'hôtellerie lyonnaise, qui affiche traditionnellement des taux de remplissages proche des 100% lors des festivités.
Une ville "invivable" pendant 4 jours
Enfin, les opposants estiment que
"pendant 4 jours, la Fête des Lumières rend la ville invivable pour ses habitants et leurs déplacements tournent au cauchemar." Ils regrettent
"un contrôle sécuritaire permanent", et concluent en qualifiant l'évènement de "faussement gratuit", car subventionné à 50% par des fonds publics (3.6 millions d'euros). L'autre moitié de l'investissement est financé par des partenaires privés, que les opposants condamnent également parce qu'ils
"soignent leur image de marque" grâce aux spectacles qu'ils soutiennent.
Une manne commerciale
La Fête des lumières a accueilli 1,8 million de visiteurs pendant la fête en 2018, loin du pic de 3 millions de visiteurs atteint en 2014, dans un contexte social compliqué. Les visiteurs sont d'abords français, puis, dans le Top 5 des étrangers, les italiens, suisses, espagnols, allemands et anglais. 260 000 nuitées ont été réservées dans les hôtels lyonnais durant la fête l'an dernier. Pour eux comme pour les commerçants, la fête est devenue la source majeure d'activité de l'année (le centre commercial Part Dieu a battu ses records de fréquentation durant cette période).