Un incendie a ravagé un bâtiment d'habitations à Vaulx-en-Velin vendredi 16 décembre : 10 personnes ont péri dans le drame. L'immeuble touché avait fait l'objet de travaux d'urgence au début de l'année 2022.
Les flammes ont piégé les habitants d'un immeuble de Vaulx-en-Velin, en pleine nuit, peu après 3 heures du matin vendredi 16 décembre. Le bilan est très lourd : 10 personnes ont péri dans le drame, dont 5 enfants âgés de 3 à 15 ans. Quatre autres personnes ont été transportées à l'hôpital en état d'urgence absolu. Et 88 personnes vont être provisoirement relogées a indiqué la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy.
Des travaux d'urgence réalisés en début d'année
L’immeuble où s’est déclaré l’incendie est une résidence privée, dénommée "le Rhône", qui fait partie d’un ensemble de 13 copropriétés dont deux bailleurs publics. Des immeubles habités par des propriétaires très modestes. Selon l'Insee, le taux de pauvreté à Vaulx-en-Velin s'élevait à 33% en 2019 avec près de 50% de moins de 30 ans.
Concernant l'immeuble, "il s'agit d'une copropriété dans laquelle des travaux d'urgence avaient été réalisés en 2019. C'est un quartier en renouvellement urbain dans lequel la ville, l'Etat, la Métropole investissent depuis de nombreuses années. Mais on ne peut pas incriminer à ce stade l'état de l'immeuble", a déclaré Olivier Klein, le ministre délégué à la Ville et au Logement, qui s'est rendu sur place, ce matin, en compagnie du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
La vidéo de l'incendie filmée par un habitant de Vaulx-en-Velin
De nombreux immeubles signalés comme à risque
Selon Béatrice Vessiller, vice-présidente de la Métropole, chargée de l’urbanisme, des travaux d'urgence avaient même été réalisés plus récemment, en 2022, avec une rénovation de la ventilation, de l'ascenseur, et sur le réseau électrique. Un devis était en cours pour changer les portes d’entrée.
"L'immeuble était délaissé, les portes étaient tout le temps ouvertes en bas. Ca ne m'étonnerait pas que ça ait pris feu à cause de cette négligence et du matériel vieillissant", peste Zenoudine une habitante. "Beaucoup de locataires s'attendaient à ce genre de catastrophe. Je connais des gens qui sont partis parce que c'était invivable", confirme Murat Kara, un habitant du quartier venu à l'espace Benoît Frachon, une salle polyvalente où
sont pris en charge les proches des victimes.
Je connais des gens qui sont partis parce que c'était invivable"
Murat KaraUn habitant du quartier
Un plan de sauvegarde de 40 millions d’euros a été, par ailleurs, voté en janvier 2022 en coopération avec l’Agence nationale de l’amélioration de l’habitat et la ville de Vaulx-en-Velin. Des travaux de rénovation énergétique sont prévus et ont même débuté dans l’une des copropriétés.
La maire socialiste de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, "signale très souvent les immeubles de sa commune, et notamment du quartier du Mas du Taureau qui présentent des risques en terme de sécurité", a souligné le député LR Alexandre Vincendet dans un communiqué.
"Ce drame doit nous inciter à être plus réactifs concernant la sécurité au sein des logements collectifs", a-t-il estimé, plaidant pour qu'un diagnostic de risque incendie soit lancé sur tous les logements signalés par les élus locaux.
Des problèmes d'insécurité
Des élus et des habitants expliquent que des problèmes d’insécurité existaient dans l'ensemble de bâtiments de la résidence "Le Rhône", notamment sur les espaces extérieurs, qui sont partagés et ouverts au public. Un cycle de réunions avait eu lieu l’été dernier pour réfléchir à une meilleure sécurisation voire une privatisation de ces espaces.
"Cela fait plusieurs années qu'il avait du squattage. Il y a des portes qui avaient été soudées. Ce qui faisait que c'était impossible que des personnes sortent . Pour ce qui est du squattage, la mairie n'avait jamais voulu intervenir", a témoigné sur le site d'informations Actu.fr le fils d'une habitante, blessée et hospitalisée suite à l'incendie.
Venu sur place ce vendredi matin, Gérald Darmanin a déclaré que l'immeuble avait en effet été identifié comme un point de deal par la police locale. Mais, "il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions. Je ne sais pas encore si l'incendie est d'origine criminelle", a affirmé le ministre de l'Intérieur.