Ne vous fiez pas à son sourire et à ses bouclettes, la lyonnaise Sylvie Couturier est une championne de tir sportif. Elle pratique ce sport depuis son enfance. Une redoutable compétitrice qui conjugue concentration maximale et maîtrise. Le tir, c'est aussi un atout dans sa vie d'enseignante. Nous l'avons rencontrée pour VOST.
Des yeux qui pétillent, une autorité naturelle qui pointe derrière un sourire franc et surtout une bonne gâchette. Sylvie Couturier est aussi une championne de tir sportif. Sur son bras droit, le tatouage d'une arme. "J'ai attendu pendant longtemps de pouvoir me faire un tatouage. Il fallait quelque chose qui me représente vraiment", explique la trentenaire. "C'est ma passion, c'est moi", ajoute-t-elle simplement.
La jeune femme est aussi professeur d'histoire-géographie à Lyon, sa passion pour le tir, elle n'en fait pas de mystère. Bien au contraire. Loin d'être intimidés, les élèves sont plutôt curieux et bienveillants. "J'ai un rapport avec mes élèves basé sur l'humour. J'aime beaucoup faire des blagues. Parfois, je me moque d'eux quand ils lancent mal une cartouche (d'encre) à un voisin. Je leur dis que moi je ferais bien mieux mais il n'y a pas de remarques spécifiques", confie l'enseignante amusée. Un argument qui fait toujours mouche.
Compétitrice née
Sylvie Couturier, s'entraîne à Saint-Priest, dans le tout nouveau centre de l'ASPLTIR. La jeune femme a déjà un joli palmarès à son actif : médaillée de bronze par équipe et finaliste en championnat de France, avant le Covid. La trentenaire manie le pistolet depuis l'âge de 9 ans, c'est même une compétitrice née. Préférant déjà très jeune la pratique d'un sport individuel aux compromis que supposent un sport collectif. Sylvie s'est détournée très tôt du basket-ball, sans doute par souci de performance et un grand besoin de compétition. Si elle ne rechigne pas à venir taquiner l'adversaire, la réussite ne dépend que d'elle et c'est ce qui lui plaît visiblement. "Ici, je suis face à moi-même. C'est un sport où on est seul dans son action ou à l'entraînement".
Mais le tir nécessite une grande concentration, une maîtrise de soi absolue. Pas évident pour un caractère entier.
"C'est plus un sport mental que physique"...
Pour la jeune femme, cette maîtrise de soi est un défi quotidien. "J'ai un gros défaut, je suis très très colérique". Elle l'avoue avec un large sourire. Comment elle gère ? Simplement, en trois temps : "On souffle, on se détend et on repart".
Elle ajoute : "en compétition, ça ne marche pas toujours mais on essaie". Pourtant quand elle rate son objectif, pas d'éclats de voix ou gestes de colère. Le tir lui permet de canaliser son énergie. Elle relativise. "J'ai grandi, les gens qui le connaissent savent que je me suis améliorée mais normalement je crie".
Pas un cil ne bouge non plus quand elle ajuste son bras et qu'elle presse la détente. "C'est difficile. Surtout pour moi, je ne suis pas quelqu'un de stable en général. Ne pas bouger, c'est peut-être ce qui est le plus compliqué pour moi parce que je suis hyperactive dans la vie. Ça se ressent sur le pas de tir. C'est compliqué de rester statique en permanence", assure-t-elle. On n'en doute pas une seconde.
Ce sport m'apporte de l'équilibre dans la tête. Ça me permet de pouvoir souffler et ça m'apporte un cadre, ça m'a permis de pouvoir me calmer, de prendre sur moi.
Sylvie Couturier
Le tir est une discipline exigeante qui n'est pas sans intérêt pour sa pratique professionnelle devant des lycéens. La détente à trois temps : encore et toujours son secret. "Dès que j'ai un élève qui me pose une question pour la 4e fois... on respire un bon coup, on se calme et on arrive à être plus détendu", explique la professeure.
Pour la championne, l'entraînement est plus mental que physique : "On utilise des muscles qui n'ont pas l'habitude de travailler. On ressort d'une séance en étant fatiguée, en ayant faim car le cerveau a pris beaucoup d'énergie. C'est épuisant mais plus mentalement que physiquement."
Le tir, un sport viril ? Sylvie n'aime pas ce qualificatif. "Je suis convaincue que les femmes sont aussi douées que les hommes", assure-t-elle.
"Comme à la vogue"
Son arme d'entraînement : plutôt silencieuse est une arme à air comprimé, une cartouche d'air comprimé qui sert à tirer des plombs. "Comme à la vogue", résume-t-elle. "Avec un pistolet 10 mètres à air comprimé, on est sur une arme qui ne ressemble pas à ce qu'on se fait habituellement comme idée d'une arme. Ça ne ressemble pas à une arme de gangster", explique-t-elle. Paradoxalement, l'historienne n'en pince guerre pour les calibres anciens. Et pour cause, elle aime la précision.
"J'ai besoin d'être sûre que ça m'apporte des points quand je tire, que le résultat soit très bon en cible, c'est un peu moins le cas avec les armes anciennes ", explique la compétitrice. Le tir, un sport viril ? Sylvie n'aime pas ce qualificatif. "Je suis convaincue que les femmes sont aussi douées que les hommes", assure-t-elle.
En février dernier, à Besançon, au championnat de France 10/18 mètres, l'adhérente de l'ASPLTIR s'est distinguée en décrochant le bronze, en équipe mixte. Le Graal pour Sylvie comme tout sportif reste les Jeux Olympiques.