Dans une directive, le ministère de l'Éducation nationale a exclu les "tenues de type abaya ou qamis" dans les écoles pour cette rentrée des classes. Des vêtements couvrants portés par certains musulmans et musulmanes. À Lyon, ce serait le kimono d'une lycéenne, vêtement d'origine japonaise, qui aurait été refusé.
L'interdiction du port de l'abaya dans les écoles, placée au cœur de l'actualité de la rentrée par le gouvernement, fait encore parler d'elle. Mardi 5 septembre, l'avocat au barreau de Paris, Me Nabil Boudi, a annoncé sur les réseaux sociaux avoir été saisi par une lycéenne lyonnaise qui aurait été exclue pour avoir porté un kimono.
L'exclusion aurait eu lieu après " un rappel des règles applicables au sein de l'établissement", fait par un membre de l'administration dans la classe. Pour l'avocat, " ce cas de figure illustre les dérives dangereuses que l'on pouvait attendre des récentes consignes données par le ministère de l'Éducation nationale à son administration."
Le 31 août, une note publiée au bulletin officiel annonce l'interdiction de deux vêtements portés par certains musulmans : l'abaya, tenue longue et couvrante féminine, et le qamis, vêtement long masculin. Cette note se base sur la loi du 15 mars 2004, interdisant à l'école le port de vêtement manifestant "ostensiblement" une appartenance religieuse.
Cette interdiction de l'abaya à l'école avait été annoncée dès le 27 août dernier par Gabriel Attal, nouveau ministre de l'Éducation.
Un kimono
Cette interdiction serait la cause de l'exclusion d'une lycéenne venue en classe avec un kimono noir. Me Nabil Boudi a diffusé une photo sur X (ex Twitter), où l'on voit une jeune femme portant un jean, un haut noir et un kimono ouvert. " L'étudiante a été exclue pour avoir porté cette tenue" précise-t-il.
Pour l'avocat, il s'agit d'une discrimination. "Absolument rien, dans le seul port d'un kimono, ne permet de caractériser une manifestation ostensible de l'appartenance à une religion au sens de la loi du 15 mars 2004 sans recourir à des préjugés discriminatoires."
Pas d'exclusion selon le rectorat
Contacté, le service communication du rectorat précise que " l'élève n'a pas été exclue du lycée", qu'elle est revenue en cours dès l'après-midi et qu'elle était de nouveau présente au lycée, ce mercredi 6 septembre. " Après contact avec le chef d'établissement, il apparaît que ce dernier a suivi les instructions contenues dans la note de service du ministre transmise le 31 août. Cette note de service concerne le port de tenues "de type abaya ou quami" et non pas strictement les abayas ou qamis", précise le rectorat, qui assure que le dialogue avec l'élève et la famille a été ouvert.
S'agissait-il bien d'un kimono ou d'un autre vêtement ? Le rectorat n'entre pas dans les détails. De son côté, l'avocat Nabil Boudi annonce porter plainte contre X.
Un recours auprès du Conseil d'État
Ce kimono met en lumière la difficulté que peut poser l'identification d'un vêtement comme étant ou non une manifestation religieuse, l'abaya se définissant comme une longue robe couvrante. L ’association Action Droits des Musulmans (ADM) et son avocat Vincent Brengarth ont saisi le Conseil d'État, pour que la mesure interdisant le port de tenues de type abaya ou qami soit suspendue.
Selon le rectorat de Lyon, quelques personnes se seraient présentées en abaya ou en qamis le jour de la rentrée, des cas "marginaux" assure le service de communication.