Archaïque, discriminatoire, et économiquement hasardeux : la décision annoncée par le président de la Métropole de Lyon d'exclure les véhicules Diesel d'ici à 6 ans fait vivement réagir les associations d'automobilistes.
L'exécutif du Grand Lyon a annoncé mi-novembre un renforcement à venir de la Zone à Faibles Emissions (ZFE) actuellement en vigueur à Lyon et Villeurbanne pour les véhicules transportant des marchandises. Il est prévu notamment de l'étendre aux particuliers en autorisant seulement la circulation des vignettes Crit'Air 0 et 1 d'ici à la fin du mandat, ce qui exclurait les moteurs diesel.
Bruno Bernard, qui préside également le Sytral, l'organe de gestion des Transports en Commun lyonnais, a souligné à plusieurs reprises que cette mesure - contenue
dans son programme électoral - s'accompagnerait de gros investissements dans les alternatives à la voiture (vélo; métro, bus et tram; autopartage et covoiturage) et d'un dispositif de soutien à l'acquisition ou à l'usage de véhicules à faibles émissions. "Notre objectif est qu'à terme le parc automobile soit à la fois réduit et dépollué" a expliqué l'élu écologiste après une récente réunion du comité de pilotage de la ZFE.
Une annonce qui ne surprend pas Yves Carra, porte-parole de "l'Automobile-Club Association", mais qu'il trouve archaïque : "En 20 ans, bien avant cette vague écologiste, les constructeurs ont fait progresser énormément le diesel ou les voitures essence. Et aujourd’hui, la dépollution d’un diesel fait que certains de ces véhicules pourraient avoir une vignette crit’air1. Mais, parce que Ségolène Royal a fait un décret il y a quelques années, on n’en a pas le droit. C’est déjà une première discrimination alors qu’aujourd’hui la voiture diesel –pour les modèles les plus récents- ne rejette pas plus d’émissions polluantes qu’une voiture à essence." explique-t-il. Selon cette association nationale, c'est une décision injuste pour une partie des habitants " Aujourd’hui, la part des diesel les plus anciens, qui viennent en ville, est minime. Donc, on y arrive : on interdit les diesels à Lyon dans les 6 ans. Ca veut dire des centaines de milliers de personnes qui ne viendront plus à Lyon. Il s’agit des ménages les plus modestes, qui se sentiront exclus, et ne prendront pas les transports en commun. Donc : pour désertifier les magasins des centre-ville et pour alimenter les grands centres commerciaux en périphérie des centre-ville, y’a pas mieux !"
Une surenchère écologiste aux dépens des plus modestes
"Derrière cette apparente bien-pensance, c'est en fait une ségrégation des populations par l'argent qui se profile", juge de son côté Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes", pour qui il s'agit d'une "surenchère écologiste" aux dépens des ménages les plus modestes. "Car interdire la circulation aux voitures anciennes et à celles jugées polluantes, c'est interdire l'accès des villes aux foyers les plus modestes qui n'ont ni les moyens d'acheter un véhicule électrique ou thermique récent, ni d'habiter en centre-ville", poursuit-il. L'association déplore que cet objectif soit fixé par Bruno Bernard, président EELV de la métropole de Lyon, "à l'heure où les organes de dépollution des véhicules thermiques n'ont jamais été si performants et où la fiscalité écologique imposée par le gouvernement aggrave la précarité des ménages les plus modestes".
C’est facile de taper toujours sur les voitures.
"Les élus écologistes du Grand Lyon, tout comme ceux de la Ville, expliquent qu’il faut investir massivement dans les transports en commun, et ils ont raison." ajoute Yves Carra, de l'Automobile-Club Association. "Mais cela coûte très cher. Or, on se rend bien compte, en 2020 que, dans les métropoles comme celle de Lyon, il y a un déficit énorme dans ces structures parce que les gens ne les empruntent plus. Il faut savoir qu’avec la Covid, on a assisté à un report massif vers la voiture (70%) et pas le vélo (30%)." Pour lui, les décisions des élus écologistes ne sont pas assez équilibrées : "Il faut évidemment lutter contre toutes les pollutions : les émissions polluantes, le dioxyde, le monoxyde, le co2, les particules fines, le plastique… Mais on ne peut pas incriminer systématiquement la voiture pour chaque épisode de pollution, quel qu’il soit. Il peut y avoir des alertes de pollution même quand il y a dix fois moins de véhicules, comme à Paris. C’est facile de taper toujours sur les voitures. C’est plus compliqué de s’adresser aux usines de plastique, aux agriculteurs… N’oublions pas que nous avons une vallée de la chimie proche de Lyon. C’est aussi de la pollution. Tout attribuer aux automobiles est discriminatoire vis à vis d’une partie de la population et c’est injuste. "