Le Premier ministre, Jean Castex se rend à La Duchère (Lyon 9e), aux Minguettes à Vénissieux et à Vaulx-en-Velin ce vendredi 12 novembre. 1 milliard d'euros du plan de relance avait été débloqué pour les quartiers prioritaires en novembre dernier. Les habitants, eux, attendent du concret.
En novembre 2020, le gouvernement s'est engagé à réserver 1% du plan de relance aux quartiers prioritaires de la politique de la ville. 1 milliard d'euros qu'une centaine d'élus locaux, dont Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, appelaient de leurs voeux dans un courrier adressé au président de la République. Ils et elles avaient dénoncé un "Etat d’urgence sociale", à travers l'association des maires Ville & Banlieue. Un an plus tard, Jean Castex, Premier ministre s'est rendu à Vénissieux, La Duchère et Vaulx-en-Velin où les attentes sont toujours très fortes.
"Il faudrait des mesures d'urgence"
Ounsi Megdiche, de l'association Les Jeunes de la Grappinière, à Vaulx-en-Velin, se félicite de cette visite. "Cela fait plaisir qu'il se déplace et nous espérons qu'il va débloquer les fonds dont la commune a besoin." Il a pu rencontrer le premier ministre, qui a organisé en dernière minute une rencontre avec différents acteurs du territoire. Ounsi Megdiche a choisi d'insister sur la jeunesse. "Il faut aider les jeunes car ils sont nombreux à vouloir se bouger pour leur quartier. Mais on les aide au début pour se lancer et ensuite beaucoup baissent les bras car on ne peut pas faire du bénévolat éternellement ni consacrer toute sa vie à la vie associative." Il sait de quoi il parle. Chef de chantier en plomberie, il voit sa vie professionnelle se charger et son temps pour s'impliquer localement de plus en plus réduit. Pourtant les besoins sont nombreux, notamment en termes d'accès à l'emploi. "On a toujours les mêmes problèmes en banlieue, mais on attend trop longtemps là où il faudrait des mesures d'urgence "
"On a mis de l'argent sur la forme mais pas sur le fond"
Pour Zaïneb, habitante d'un quartier prioritaire de la ville depuis onze ans: "il ne faut pas se contenter d'un effet d'annonce. Il y a des besoins concrets sur le terrain. "Infirmière de profession, Zaïneb pense à la santé, au diabète, à l'obésité des enfants, plus élevée dans les quartiers prioritaires que la moyenne nationale. Mais la première priorité selon elle, c'est d'en finir avec "les belles façades. On a refait de belles médiathèques, de beaux immeubles, mais que se passe-t-il à l'intérieur? On a mis de l'argent sur la forme mais pas sur le fond?" regrette-t-elle.
Le Premier ministre participera au comité de suivi local de la Politique de la Ville à Vaulx-en-Velin" annonce son programme officiel. "La priorité étant notamment donnée à la rénovation des équipements scolaires et sportifs, il visitera le gymnase Henri-Wallon qui bénéficiera dans les prochains mois de fonds France Relance pour accueillir dans de meilleures conditions jeunes et éducateurs."
Un habitant sur trois en dessous du seuil de pauvreté
En écho à l'appel lancé par les élus, de nombreux habitants constatent un appauvrissement des familles vaudaises. A titre d'exemple, sur le marché, les clients sont de plus en plus nombreux à attendre la fin des ventes pour pouvoir faire leurs courses et bénéficier de rabais. A Vaulx-en-Velin, un habitant sur trois vit en dessous du seuil de pauvreté et de nombreux acteurs locaux alertent notamment sur la hausse des demandes d'aides alimentaires.
Mêmes constats à Vénissieux
Le Premier ministre se rendra également dans le quartier des Minguettes un des 400 quartiers prioritaires de la politique de la ville en France dont en Auvergne-Rhône-Alpes.
"L’objectif est de créer, ici comme dans les plus de 400 QPV où résident plus de trois millions de Français, une nouvelle offre de logement diversifiée, de favoriser l’essor économique et ainsi d’améliorer la qualité de vie des habitants et la cohésion sociale" annonce Matignon. Un objectif qui sonne comme redondant avec ceux des gouvernements précédents, toutes majorités confondues pour Mokrane Kessi de l'association France des banlieues.
"La rénovation urbaine ne nous a pas remontés dans l’échelle sociale" affirme-t-il. Ce dernier constate que des habitants toujours plus précaires rejoignent son quartier d’année en année. "On fait de jolies choses et on rajoute de la pauvreté à l’intérieur" déplore-t-il. Il constate une perte de confiance dans les institutions et des annonces " à coups de milliards " auxquelles beaucoup d'habitants ne prêtent plus attention.
En 2017 le plan Borloo alertait déjà sur le risque de "recroquevillement identitaire"
En 2017, des élus avaient lancé "l'appel de Grigny", en région parisienne, pour protester notamment contre la suppression des contrats aidés.
En réaction, lors de son discours de Tourcoing en novembre de la même année, Emmanuel Macron avait annoncé un grand "plan de mobilisation nationale" en faveur des quartiers populaires.
Confié à Jean-Louis Borloo, il prévoyait 48 mesures destinées à recréer une cohésion urbaine, sociale et républicaine pour lutter contre les inégalités, mais aussi contre "le risque de recroquevillement identitaire et de voir les ennemis de la République occuper le terrain."
Si Emmanuel Macron avait publiquement désavoué le rapport proposé par Jean-Louis Borloo, le gouvernement affirme que 70 % de ce plan a été mis en place aujourd'hui ce que réfutent de nombreux acteurs de terrain.