Ancien entraîneur de l’OL entre 1989 et 2019, Armand Garrido fait parti des anciens formateurs de Karim Benzema. Ce dernier avait alors 14 ans.
1. Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que le 46ème Ballon d’Or revenait à Karim Benzema ?
Il y’a eu un passage d’émotion même si au fond j’étais persuadé que le trophée allait lui revenir. Je pense que c’est une récompense juste, par rapport à sa saison passée qui étaient exceptionnelle et pour l’ensemble de sa carrière qui était tout aussi exceptionnelle. C'était déjà une performance exceptionnelle lorsqu'il a été élu meilleur butteur français à 21 ans et qu'il est parti jouer au Real Madrid.
2. Est-ce qu’on décèle facilement qu'un jeune de 14 ans, comme Karim Benzema va aller loin ?
On me pose souvent la question. J’avais été invité par un collègue qui s’occupait des catégories inférieures et qui m’avait demandé de venir le voir. J’avais vu un jeune joueur de 14 ans talentueux. Mais j’étais resté sur ma faim par rapport à sa participation lors du match.
Ensuite c'est difficile à dire car quand on est formateur on se fixe plutôt des objectifs à courts termes, c'est-à-dire former des joueurs professionnels pour le club dans lequel on travaille. De là à deviner qu’il allait être Ballon d’Or, ce n’est pas quelque chose que l’on pouvait imaginer même s'il était déjà talentueux.
3. A quel moment, vous vous êtes dit « lui il a quelque chose » ?
C’est un peu plus tard quand il a rejoint le groupe national avec moi dans les U17-U18 nationaux de l’époque. A son arrivée dans le groupe, il est timide, c’est un garçon qui a de la retenue. Dans le club il y avait déjà des joueurs de très bon niveau comme Anthony Mounier, Loïc Rémy, Hatem Ben Arfa... Et lui il arrive tout timide, un peu en retrait. Il a presque 2 ans d’écarts avec certains donc il lui faut un peu de temps. Et quand il commence à s’imposer, il a très vite dépassé tout le monde donc on se dit qu’il va se passer quelque chose avec ce garçon et qu'on a une pépite entre les mains.
Ensuite c'est une histoire de travail et de la confiance qui s’établit avec ses éducateurs. Je n'étais pas le seul à l'entrainer même si j’ai eu la chance de le voir exploser. C’était un garçon très volontaire. Il m'arrivait de le garder 45 min de plus après l’entrainement avec d’autres joueurs et il venait toujours sans rechigner.
4. Des très bons joueurs vous en avez vu passer beaucoup. Lui, vous le mettez dans quel classement ?
Aujourd’hui c’est le 1er car c’est le joueur le plus complet que j’ai connu, aussi bien technique, athlétique que physique. Il a aussi une maitrise des évènements qu’il sait dominer par rapport à quand il était jeune. Par exemple, quand il y a 200 000 spectateurs et qu’on est capable de faire des gestes très techniques sur un penalty décisif de match de League des Champions, il faut avoir une grande maitrise et une grande confiance en soi.
5. En quoi Karim Benzema reste un lyonnais ?
Vous savez Karim Benzema c’est un garçon fidèle. Il n’a fait que 3 clubs. Il a fait le club de Bron lorsqu'il était tout petit, l’Olympique lyonnais pour sa formation puis le Real Madrid. Il est resté fidèle à Lyon. C’est l’image du garçon qui vient de la cité et qui a un parcours social qui fait de lui le meilleur joueur du monde. C’est une reconnaissance et une certaine fierté pour les Lyonnais. A Marseille, ils ont Zinédine Zidane, nous a Lyon on a Bernard Lacombe et Karim Benzema. Il incarne aussi la formation de l'Olympique lyonnais, même si plein d'autres joueurs qui sont passés par là ont aussi fait leurs preuves.