Journée de grève nationale dans le monde enseignant. Leurs revendications : une revalorisation des salaires et l'amélioration des conditions de travail.
À Lyon et Bourg-en-Bresse, la colère ne retombe pas contre le premier ministre Gabriel Attal et la ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castera notamment à propos du projet des "groupes de niveau" prévu à la rentrée prochaine.
Après les agriculteurs depuis plusieurs jours et les taxis lundi, c'est au tour des enseignants d'entrer en grève. Ce 1er février 2024 une journée de mobilisation est organisée partout en France pour demander une revalorisation de leur salaire, l'amélioration de leurs conditions de travail. La colère monte également envers la Ministre de l'Education Amelie Oudea-Castera et le premier ministre Gabriel Attal. Dans le viseur : les groupes de niveau prévus à la rentrée prochaine.
Les groupes de niveau dans le viseur
Les enseignants et leurs soutiens se sont donné rendez-vous ce jeudi 1er février 2024 sur la place Guichard de Lyon pour manifester à l'appel de leur intersyndical. Au total, la préfecture a dénombré 2 500 manifestants.
Parmi eux, Lilas Brigret-Combes ne décolère pas : "L'idée qu'il y aura des groupes de niveau à la rentrée prochaine est destructrice !", lance la professeur d'histoire-géographie au collège Jean Macé de Villeurbanne. "Je vois déjà mes collègues de français et de mathématique s'inquiéter pour la rentrée prochaine. Il nous manque déjà des collègues et des remplaçants. On est extrêmement inquiets du tri social et du tri par niveau pour nos élèves" poursuit-elle.
C'est encore une baisse de moyen alors qu'il faudrait nous ajouter des heures
Elise Bastide, enseignante au collège Raoul Dufy
Une inquiétude partagée par Elise Bastide, enseignante au collège Raoul Dufy à Lyon. "C'est encore une baisse de moyen alors qu'il faudrait nous ajouter des heures" assène-t-elle. "On nous fait croire que cela va améliorer les conditions d'éducation mais en réalité ce n'est pas le cas."
Elle nous explique que dans son établissement, pour financer ces groupes niveaux, les groupes de langue et de sciences n'existeront plus. "Tout cela pour conserver des heures pour continuer de proposer les cours optionnels comme le latin ou les classes bilingue", déplore-t-elle.
L'attractivité et les manques de moyens dénoncés
Environ 600 personnes ont manifesté à Saint-Etienne et 320 à Roanne selon la préfecture de la Loire. Dans l'Ain, 300 personnes ont formé un cortège dans le calme ce jeudi après-midi à Bourg-en-Bresse, malgré la pluie.
"Chaque jour ans l'Ain, on a une cinquantaine de classes non remplacées" dénonce Yoann Robert, professeur des écoles à Valsrhône et co-secrétaire générale FSU SNUIPP de l'Ain. "On a également 80 élèves en situations de handicap qui n'ont pas d'accompagnateurs attitrés et on manque d'une quarantaine de professeurs spécialisés à même de nous aider dans l'accompagnement de ces publics particuliers", énumère-t-il.
En France les enseignants sont payés 15% de moins que la moyenne des pays de l'OCDE
Yoann Robert, co-secretaire FSU SNUIPP Ain
Le syndicaliste dénonce également le manque d'attractivité de son métier. "C'est bien connu du grand public. En France les enseignants sont payés 15% de moins que la moyenne des pays de l'OCDE. Et plus particulièrement chez les enseignants du premier degré, on est bon dernier de ce classement !"
Dans la région, la mobilisation a été très suivie. À Lyon, plus de la moitié des écoles (115 sur 208) ont été impactées par la grève. Certains établissements ont atteint 100% de taux de grève comme les collèges Lagrange de Villeurbanne et Picasso de Bron.
Dans l'Ain, on dénombre 75% de grévistes au collège de l'Albarine à Saint Rambert en Bugey ou encore 66% au collège Lucie Aubrac de Ceyzeriat. Dans la Loire il y a eu 72% de grévistes au collège Le Palais de Feur ou encore 40% au collège de Chambon Feugerolles.