Depuis avril dernier, ce jeune guinéen de 25 ans était sous le coup d'une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) après que la préfecture du Rhône ait refusé de lui délivrer un titre de séjour. Il avait contesté cette décision, et le tribunal administratif vient de lui donner raison, convaincu de "sa volonté d'intégration".

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C'est une histoire humaine, que nous suivons pour vous depuis plus d'un an. Originaire de Guinée Mamadou Sow a quitté son pays à l'âge de 15 ans, a parcouru plus de 10 000km, et a dû traverser l'enfer libyen et la mer Méditerranée avant d'arriver en France en 2016. Le jeune homme s'est alors installé en France, plus précisément à Lyon, pour y construire sa vie.

Il a repris ses études, passé un CAP puis un Bac Pro, avant de décrocher un contrat d'apprentissage comme ouvrier manutentionnaire. Mamadou a aussi construit sa famille ici, puisqu'il a rencontré sa compagne, réfugiée politique, avec qui il vient d'avoir une petite fille, âgée d'à peine 2 mois.

Mais le jeune migrant ne s'est pas contenté de bâtir sa vie dans son coin. Son histoire, pourtant très personnelle, c'est celle d'un rêve partagé par tant de gens. Un rêve, qui vire bien souvent au cauchemar. Mamadou a souhaité raconter cette histoire, retranscrire les difficultés d'une telle traversée, d'un tel périple. Il a alors coécrit un livre avec Azouz Begag, "Né pour partir", un livre dans lequel il retrace son parcours, sans tabou et sans adoucir la réalité ; celle des horreurs endurées, celle des compagnons de voyage qu'il ne reverra jamais, ils sont des milliers. C'est à la fois leur rendre hommage, et informer l'Europe de ce qu'il se passe à ses frontières, de ce que vivent tous ses migrants qui tentent de rejoindre le vieux continent au péril de leur vie. Un témoignage précieux, à la fois touchant et instructif, qu'il vient régulièrement livrer auprès de collégiens et de lycéens de la région.

Malgré cela, en avril dernier donc, la préfecture de Lyon lui a refusé le renouvellement de sa carte de séjour. Depuis Mamadou vivait dans la crainte de se faire expulser.

Une évidente "volonté d'intégration"

Trois semaines après l'audience cruciale, le tribunal administratif de Lyon a finalement rendu une décsion favorable pour Mamadou Sow : il annule la décision de la préfecture qui avait refusé la carte de séjour et délivré une OQTF : le jeune papa peut rester en France.

Le jugement retient notamment que Mamadou est "le coauteur d’un ouvrage retraçant son parcours migratoire, qui a pour origine des ateliers menés par M. Azouz Begag au cours desquels des lycéens et apprentis ont pu se livrer sur leurs différents parcours personnels et familiaux" et qu'il "participe régulièrement depuis la parution de cet ouvrage (...) à des conférences en librairies et à des salons littéraires. Il s’est également rendu à plusieurs reprises à la rencontre de collégiens et lycéens, en partenariat avec les établissements scolaires". Des actions aux vertus pédagogiques et citoyennes, qui ont convaincu le tribunal que la préfecture avait commis une "erreur manifeste d'appréciation", en ignorant sa "volonté d'intégration".

"Un sentiment de joie"

Cette décision du tribunal administratif a été vécue comme un véritable soulagement pour Mamadou et son avocat Me Jean-Philippe Petit. Contacté alors qu'il fêtait cela en famille, le jeune homme nous a dit être "habité par un vrai sentiment de joie". "C'est une délivrance, après 8 ans de calvaire, je n'ai même pas les mots pour exprimer à quel point je suis soulagé" nous confie-t-il, manifestement très ému.

Dans un premier temps il va pouvoir reprendre son travail, puisque son entreprise avait dû suspendre son contrat en attendant la décision du tribunal. Reste que la préfecture dispose d'un mois pour éventuellement faire appel de cette décision. Si elle ne le fait pas, elle fixera un rendez-vous avec Mamadou Sow pour lui définir son nouveau statut de résident. Mamadou lui, rêve encore d'une chose : pouvoir faire un aller-retour légal en Guinée, pour revoir son frère et sa mère, 8 ans après. 

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