La polémique autour de l'A69 peut-elle rouvrir les plaies du projet mort-né de l'autoroute A45 ?

Le projet controversé d'une nouvelle autoroute qui doublerait l'A47, reliant Lyon à Saint-Etienne, a été définitivement abandonné en octobre 2020. Le serpent de terre a fait couler beaucoup d'encre durant plusieurs décennies… Va-t-il refaire surface avec la polémique sur l'A69 ?

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Des projets autoroutiers ont déjà été abandonnés en France. C'est notamment le cas de l'autoroute A45 qui devait relier les métropoles de Lyon et Saint-Etienne. Déclaré d’utilité publique en 2008, ce nouvel axe autoroutier de 48 km, payant, devait doubler l'actuelle A47, jugée engorgée et inadaptée aux besoins des entreprises locales. Sur cet axe, très accidentogène de la vallée du Gier, on comptait près de 100 000 véhicules par jour.

C'est Elisabeth Borne, alors ministre des Transports, qui a mis un coup d'arrêt à l'A45 en octobre 2018. Même si plusieurs collectivités locales étaient favorables à cette nouvelle infrastructure, elle ne verra donc pas le jour. La déclaration d'utilité publique a d'ailleurs expiré en juillet 2020, enterrant définitivement ce projet autoroutier contesté. La polémique risque-t-elle de refaire surface et rallumer de vieilles querelles avec le dossier A69 ? Pas vraiment, même si pro et anti ont encore leur mot à dire. 

Le dossier de l'A69 rouvre de vieilles plaies ?

Pour l'ancien président de la CCI de Lyon de 2013 à 2019, Emmanuel Imberton, "ce dossier rappelle étrangement celui de l'A45, qui n'a jamais vu le jour malgré l'engagement de deux présidents de la République", explique-t-il dans un message publié le 22 octobre sur le réseau social X. Et il conclut avec ce conseil : "Amis Castrais, ne lâchez rien".

Les anti A45 : soutien aux anti A69

En avril dernier, dans une tribune publiée dans Reporterre, le collectif citoyen qui s'était mobilisé contre la construction de l'autoroute A45 a soutenu "ceux qui luttent contre le projet Toulouse-Castres". Des opposants qui n'hésitent pas à revenir sur leur victoire. 

"Nous nous sommes mobilisés sans relâche pendant des années pour empêcher la construction de l’A45, une deuxième autoroute payante et parallèle à l’autoroute existante et gratuite, entre les faubourgs de Lyon et de Saint-Étienne". Les opposants l'assurent : "Nous ne pouvons donc que nous associer aux mobilisations à venir contre les obsolètes projets autoroutiers Toulouse-Castres (A69) et contournement est de Rouen (A133/A134)". "Jamais, nous n’avons flanché.(...) En 2016, Laurent Wauquiez et les lobbys patronaux locaux étaient sûrs d’eux : Vinci allait construire l’A45 dans de brefs délais. Il n’en a rien été." 

Retour sur le dossier A45, un serpent de terre qui a fini par être enterré au bout de presque trois décennies.

Un projet autoroutier contesté

Les premières études de ce projet autoroutier de 48 kilomètres reliant Brignais à La Fouillouse, au nord de Saint-Etienne, ont été lancées en 1993. Il a été validé à plusieurs reprises, mais toujours repoussé. Durant près de vingt-cinq ans, les habitants des bassins stéphanois et lyonnais ont régulièrement entendu parler de l'A45. Le projet a fait couler beaucoup d'entre, alimenter la polémique entre détracteurs et promoteurs du projet. 

Les premiers pointaient du doigt un projet synonyme de gaspillage d'argent public et de destruction de terres agricoles. Les seconds avançaient l'argument économique et routier. L'A45 aurait, selon eux, permis de dynamiser le secteur et de désengorger la liaison entre les deux métropoles régionales.

L'autoroute A45 devait comporter la construction de 4 tunnels et 11 viaducs pour un coût de 1,2 milliard d'euros. Le plan de financement prévoyait une prise en charge à hauteur d’un tiers par l’opérateur privé Vinci, et de deux tiers par l’État et les collectivités locales. L'A45 devait être financée à hauteur de 800 millions par des fonds publics.

Tous les voyants au vert et pourtant…  

En 2008, le projet avait été déclaré d’utilité publique. En 2012, l’appel à candidatures pour le concessionnaire privé a été lancé. En 2016, c'est Vinci Autoroutes qui a été retenu pour construire et être le concessionnaire de la future autoroute à péage. En 2017, le Conseil d'État avait même validé le projet. Une étape cruciale. L'année précédente, un avis favorable de l'Arafer, autorité de régulation des transports, avait également été émis concernant la concession. Mais le projet d'autoroute qui n'attend plus qu'une signature du gouvernement pour être lancé, piétine. Il connait un tournant fatal en 2018. Si les opposants à l'A45 maintiennent la pression, le recul est venu du gouvernement, au grand dam des partisans locaux de cette infrastructure, comme le maire de Saint-Etienne ou le président de Région.

Alors que des voix s'élevaient contre le projet, et notamment celle des élus écologistes ou socialistes, c'est le rapport Duron émis le 1ᵉʳ février 2018 par le Conseil d'orientation des infrastructures qui préconise de suspendre le projet. 
Le gouvernement Edouard Philippe et la ministre des Transports Elisabeth Borne ont suivi les recommandations de ce rapport. Ils pointaient plusieurs faiblesses, particulièrement un impact environnemental négatif sur les coteaux du Jarez et les monts du Lyonnais, avec la destruction de 500 hectares de terres agricoles et de vergers. Mais aussi un risque d'aggravation de la congestion des voies sur l'agglomération lyonnaise. 

Alternatives à l'A45

La ministre avait donc préféré une autre option : conserver l'engagement financier de l'État de 400 millions d'euros pour le consacrer à des solutions alternatives afin d'améliorer les déplacements entre les deux villes. Des alternatives qui devaient s'appuyer sur les réseaux existants, routiers et ferroviaires entre les deux métropoles régionales. Plus de trains, améliorer le covoiturage… Toutes les pistes devaient être étudiées.

Malgré le soutien de plusieurs collectivités, Métropole de Saint-Etienne, Département de la Loire et Région Auvergne Rhône-Alpes, le projet est abandonné. 

Les trois collectivités pro-A45 ont même demandé au gouvernement de prolonger la déclaration d'utilité publique (DUP) de dix ans, soit jusqu'en 2030. En vain.

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