La mairie de Pierre-Bénite a décidé d'interdire l'emploi des légumes produits à la ferme urbaine de la ville, mise en place il y a deux ans. Selon le principe de précaution et alors que des études doivent être menées pour déterminer le niveau et la dangerosité de la pollution aux perfluorés, ces "polluants éternels".
Dix jours après la diffusion d’Envoyé spécial sur la pollution aux perfluorés à Pierre-Bénite, il n’y aura pas de récolte cette année à la ferme communale. Ainsi en a décidé la mairie par mesure de précaution.
Cela aurait été la deuxième récolte depuis sa création et autant dire que les protagonistes du jardin de Maguy étaient dans les starting-blocks pour récolter les fruits du travail en commun, avec les enfants des écoles également. Hélas, les courgettes et les tomates, pourtant magnifiques selon les connaisseurs, resteront en terre.
Le chercheur interrogé dans l’émission Envoyé Spécial, de l’université d’Amsterdam et spécialiste des perfluorés, Jacob de Boer, laissait entendre, que compte tenu des taux de PFAS dans le sol, la consommation des légumes issus des jardins potagers étaient impropres à la consommation, voire dangereux. Guillaume Frezza est dépité. Il était sur le point d'implanter des aubergines et des poivrons ainsi que des concombres.
On va profiter de ce moment pour maintenir le profil agronomique du sol, faire des couverts végétaux pour fertiliser le sol, le tout pour préparer la suite si tout se passe bien, on l'espère.
Le maraîcher de la ferme aimerait être certain que ces légumes sont contaminés, à un taux qui les rend non consommables. Et de demander des analyses comparatives entre les légumes prélevés dans la ferme et pris dans les bacs des supermarchés.
"On devait faire des études sur les produits qu'on recherche dans la production de légumes, PCB, dioxine, métaux lourds, traces d'huile. Ça serait bien d'ajouter à ces produits les perfluorés, et pour être vraiment cohérent, il serait bien de comparer nos légumes avec ceux qui sont proposés dans le commerce ou qui sont cuisinés par la cuisine centrale [qui alimente cantines et ehpad]."
Après avoir porté plainte contre X, le maire (LR), Jerôme Moroge, a obtenu de l’agence régionale de santé (ARS) la possibilité de faire procéder à une étude épidémiologique. Réalisée à partir de tests sanguins, cette étude sera conduite sur la base du volontariat. Objectif : trouver des traces de perfluorés dans le sang. Et dans quelle proportion.
La Dréal, de son côté, a lancé une étude des sols à partir de prélèvements sur le site du complexe chimique d’Arkema Daikin. Objectif : vérifier les teneurs en PFAS. La ville de Pierre-Bénite, précise le maire, a, quant à elle, amorcé des contacts avec des cabinets d’études afin de faire réaliser des analyses de sols et d’air dans la ville, sur le terrain de football, dans le parc public ainsi qu’à la ferme urbaine.
Ces études seront conduites avec trois autres villes du secteur : Oullins, Saint-Genis-Laval et Irigny, a précisé le cabinet du maire.
L’entreprise Arkema reconnait avoir rejeté des polluants perfluorés dans le Rhône, et ce en toute légalité, puisque il n’existe pas de norme en France à ce sujet. Mais elle réfute les accusations concernant la pollution du sol.
"On ne conteste pas, mais on ne comprend pas parce qu’aujourd’hui, ces produits, on ne les utilise pas et on ne les produits pas", assurait Pierre Clouzier, directeur du site de Pierre-Bénite, en faisant notamment référence au polluant Pfunda retrouvé dans le sol du stade. "Donc on est très surpris de ces résultats, et on va faire nos propres analyses pour essayer de comprendre d’où ces molécules peuvent venir" assurait-il.