Lyon, ancienne capitale mondiale de la soie a su¸ au fil de siècles, préserver ses savoir-faire. En Auvergne-Rhône-Alpes, on tisse et confectionne encore ce précieux tissu et les fabricants de fils gardent secrètement leurs procédés de fabrication.
Ce sont de petites boules blanches enfermées délicatement dans de simples bocaux. De l’or blanc en cocons que tissent les vers à soie et qui vont à force de minutieuses torsions se transformer en fil. Elles ont traversé la planète pour arriver jusqu’aux moulinages de Riotord en Haute-Loire. La production est essentiellement chinoise et arrive en France dans des paniers de 5 kilos tissés en paille de riz. Ces écheveaux de soie une fois nettoyés et essorés deviennent des fils. Dans cette entreprise séculaire tournée vers les marchés du luxe et du haut de gamme, le procédé de fabrication est tenu secret.
Malgré une renommée et un savoir-faire bien établis, l’activité a baissé de 20% par rapport à 2019. La pandémie a impacté le marché de la soie explique Frédéric Mermet, qui dirige les Moulinages de Riotord :
«Les chinois produisent 80% de la production mondiale, on est complétement dépendant. Le marché chinois fixe le marché de la matière. Le prix de la matière a augmenté fortement ces 9 derniers mois, plus 30 à 40%. Les récoltes étaient moins bonnes et la demande du marché intérieur chinois s’est intensifiée».
A cette conjoncture s’ajoutent des coûts de transports multipliés parfois par cinq. De quoi décourager les entreprises de la mode «moyenne gamme». Car ici, soie rime avec excellence. Cela se paie. Au moulinage de Riotord, avant de mettre un produit sur le marché, il est inspecté scrupuleusement :
«Il faut que les bobines soient toutes identiques et qu’il y ait la même tension de fil sur chacune des bobines pour que lors de l’ourdissage chez nos clients cela se passe parfaitement».
Le luxe fait vivre le marché de la soie
Avec ce fil d’exception, les tisseurs produisent les étoffes. L’entreprise Denis & Fils a été créée en 1956 à Montchal dans la Loire. Héritiers des traditions de la soierie lyonnaise, ces fabricants de soie naturelle se succèdent de génération en génération. C’est Bruno, 51 ans, qui aujourd’hui est aux manettes de l’entreprise :
«Ce velours de soie on y tient. Mon père en fabriquait déjà. On continue, on est même très fiers. On vient de relancer de nouvelles machines et on a déposé un brevet dessus. Nous, on mise vraiment sur la qualité. Notre clientèle c’est de l’ultra luxe, du très haut de gamme. On se doit de faire des produits d’exception pour des marchés de niche comme le prêt-à-porter de luxe».
Dans les ateliers ligériens, les machines derniers cris ont remplacé les métiers à tisser des canuts pour pouvoir satisfaire aux exigences des grands noms de la haute couture française et italienne.
Aujourd’hui, ce sont les dix plus grandes marques françaises du luxe qui font vivre ce marché de la soie. Certaines ont même racheté des moulinages et des tissages afin de sécuriser leurs précieux approvisionnements.
Festival Silk In Lyon : La soie sous toutes ses coutures
La 3e édition du festival de la Soie « Silk In Lyon » débute mercredi 18 novembre. Pendant 4 jours au Palais de la Bourse, créateurs, industriels, étudiants ou encore associations vont exposer leur savoir-faire et mettre à l’honneur ce noble tissu. Le programme du festival est tellement dense qu’on en oublierait presque la légèreté du tissu. De la soie exposée, de la soie expliquée, de la soie théâtralisée et bien sûr de la soie à vendre… Cette 3e édition de Silk In Lyon veut offrir une vision à 360 degrés de ce textile dont Lyon fut une plaque tournante dès le moyen-âge. En choisissant d’exposer 30 professionnels de la région le festival joue la carte du savoir-faire local. Mais l’organisation tient également à souligner la dimension internationale de l’évènement. Car c’est bien ici, dans la capitale des Gaules, lors du précèdent festival qu’une charte commune concrétisait la création d’un réseau international des villes et métropoles de la soie. De Kyoto à Lyon en passant par Côme ou Valencia une dizaine de villes rejoignaient ce réseau.