"Vous allez voter dimanche?" La jeune candidate écologiste Marie-Charlotte Garin arrivée largement en tête au premier tour dans la 3e circonscription du Rhône sous la bannière Nupes, sillonne le terrain pour "mobiliser les électeurs" et gagner son premier mandat de député.
Marie-Charlotte Garin a 26 ans. Elle s'est engagée dans les législatives "parce qu'il n'y a pas assez de jeunes ni de femmes à l'Assemblée", elle "n'avait pas d'attente pour ne pas avoir de déception" et elle a devancé de quinze points la candidate LREM, Sarah Peillon, 41 ans, dont vingt d'engagement militant.
Au premier tour, la candidate Nupes qui a débuté dans l'humanitaire et se revendique de la "génération climat" a obtenu 18.283 voix, tandis que 11.835 électeurs votaient pour Sarah Peillon, l'assistante parlementaire du député sortant. Sarah Peillon était suppléante du député sortant Jean-Louis Touraine, une figure lyonnaise partie en retraite politique après quinze ans de mandat de député.
Ce résultat domine les scores locaux de la Nupes qui s'est qualifié partout dans le Rhône, face à une majorité présidentielle en reflux, après la vague Macron qui avait permis à LREM de remporter 12 des 14 circonscriptions en 2017.
Après avoir perdu une circonscription au premier tour, le parti présidentiel part en ballottage défavorable dans cinq autres circonscription, dont la 3ème qui regroupe à la fois des quartiers très cossus de Lyon et d'autres marquées par une grande précarité.
La candidate LREM se dit "plutôt contente" de son premier tour, marqué selon elle par un "effet trompe-l'oeil" de la Nupes: "ils auraient pu gagner au premier tour, mais quand on additionne les voix, on retrouve le score habituel de la gauche unie, on voit qu'il n'y a pas d'effet d'entraînement", affirme-t-elle en estimant que l'union de la gauche a "peu de réserves de voix".
Marie-Charlotte Garin, elle, parle de "nouvel espoir": "l'union nous a ramené des gens qui n'étaient pas des militants politiques, avec beaucoup de bénévoles qui ne viennent pas des partis". Une dizaine d'aides, tous dans la même tranche d'âge sauf une quadragénaire au front ceint d'un bandeau "gauloise réfractaire", tractent à ses côtés sur le marché populaire qu'elle arpente ce jour-là.
- "Chevelus" -
Objectif : "aller chercher les abstentionnistes, les convaincre que les élections ont un sens et servent à quelque chose, les convaincre qu'on peut faire la différence" dans une circonscription où l'abstention a été forte. Moins de 58% des électeurs se sont déplacés dimanche dernier.
"Les écolos, oui, pourquoi pas? Mais pas les chevelus ni ceux qui veulent des batteries électriques partout", lance une mère de famille venue faire ses courses avec sa poussette. Le premier sujet de préoccupation, c'est "le pouvoir d'achat", parce que "les gens n'arrivent pas à boucler leur fin de mois", selon la jeune écologiste qui a fait "10.000 visites en porte-à-porte" en moins d'un mois.
Sarah Peillon, elle, en a fait "près de 3000". "Avec la chaleur, le porte-à-porte c'est compliqué, les gens ne sont pas chez eux", affirme l'ancienne conseillère régionale nommée référente LREM de la Métropole de Lyon en septembre 2021. Comme les autres candidats, la quadragénaire concentre son programme de terrain en début de matinée et en fin de journée alors que le thermomètre bat des records saisonniers.
"Certains ne savent pas qu'il y a eu un premier tour, d'autres n'ont pas regardé les résultats, on a encore des réserves de voix", affirme celle qui se dépeint "en challenger" dans une circonscription où, selon elle, "personne ne s'est battu" pour représenter la majorité présidentielle. "Ca sent mauvais pour dimanche, vraiment mauvais, on n'a jamais vu autant de gauchistes", lui lance un "admirateur" aux cheveux blancs venu la saluer et "l'encourager".
Ce jour là, la candidate LREM tracte sur un marché, dans un quartier de retraités: "ça vote bien ici, il n'y a pas de secret: la moyenne d'âge est assez élevée".