Patrimoine lyonnais par excellence, les traboules sont victimes de leur succès. Malgré une convention entre la ville et les propriétaires, certaines portes restent fermées.
Impossible de passer à travers. Elles font partie des incontournables visites touristiques dans le vieux Lyon. Les traboules sont victimes de leur succès. Ces passages pour piétons entre deux immeubles attirent des milliers de visiteurs chaque jour. Mais lassés par les nuisances, certains propriétaires laissent les portes fermées.
Une convention, gagnant-gagnant
Devant l'une d'elles, la visite guidée commence, la porte est ouverte. Les traboules lyonnaises sont au programme. Il y en aurait 600 dans le secteur historique de la vieille ville. Une soixantaine a passé une convention avec la ville. En échange de l'entretien, les propriétaires s'engagent à laisser les portes ouvertes pendant la journée. Nettoyage des parties communes, participation à l'éclairage, aide à la rénovation. La ville s'est engagée depuis une vingtaine d'années auprès des propriétaires pour que les lieux soient accessibles au plus grand nombre.
Les gens font trop de bruit. Le plus gros problème vient de l'occupation des lieux par des personnes qui sont en dehors des visites guidées. Les guides, formés et professionnels, ont pour consigne de ne pas parler dans les traboules parce que ça résonne énormément.
Frédéric Auria, Renaissance du Vieux Lyon
Un peu d'histoire
Le mot traboule est devenu verbe. Trabouler, verbe du premier groupe, selon le Larousse. "Passer un pâté de maisons". Son origine latine ("trans ambulare") signifierait "se promener à travers". Ces cours, souvent couvertes, entre deux immeubles permettent de se rendre d'une rue à l'autre. Le site de l'office du tourisme parle de "trésors cachés" qui méritent le détour, mais insiste sur la nécessité de respecter les lieux.
N’oubliez pas qu’il s’agit d’habitations privées que les Lyonnais laissent ouvertes pour vous permettre d’admirer librement ce patrimoine. Alors soyez discrets, ne parlez pas trop fort, ne criez pas, ne courez pas et ne jetez rien par terre. Sinon, les allées risqueraient bien de rester closes pour les suivants
Office du tourisme de Lyon
Inciter les propriétaires
Face à l'exaspération de certains habitants, la ville indique que c'est un bien commun qui doit être partagé et explique qu'elle va renforcer le dispositif d'aide. "La ville prend en charge 70 % des travaux de rénovation dans les parties communes, comme la reprise des enduits sur les murs." Sonia Popoff, adjointe au logement et au renouvellement urbain, espère inciter encore plus de propriétaires à signer la convention "cours traboules", "en contrepartie de l'ouverture au public". Car, "la seule solution, c'est de réguler et de répartir les flux. Plus il y aura de traboules ouvertes, moins celles qui sont ouvertes seront surfréquentées", selon Frédéric Auria, de l'association "Renaissance du Vieux Lyon".
Un digicode qui ne fonctionne pas
Le compromis entre vie des résidents et des touristes n'est pas simple à trouver."ce sont des lieux privés, il faut trouver un équilibre entre le cadre de vie des habitants et le passage des visiteurs" reconnaît Philippe Lamy. Il est le référent patrimoine pour la ville de Lyon. Il explique les fermetures de certains accès : "il peut y avoir des fermetures ponctuelles, ça arrive, souvent pour des problèmes techniques comme un digicode qui ne fonctionne pas par exemple".
Un patrimoine unique
Les traboules font partie du décor de la ville. Discrètes, elles ne s'offrent pas au passant aisément. Leur accès se fait par une simple porte. Sitôt franchi le seuil, on traverse un long couloir qui mène à travers des cours intérieurs pour déboucher sur une autre rue. Pour les initiés, c'est un plaisir de partir à la découverte de ce patrimoine insolite. Il se mérite en toute discrétion.