Lyon : l'agression de Marin arrive devant la justice

Le 11 novembre 2016, à Lyon, Marin, étudiant de 20 ans, a été roué de coups à la tête. Alors qu'il avait pris la défense d'un couple qui s'embrassait dans la rue, l'agresseur s'était retourné contre lui armé d'une béquille. L'accusé comparait à partir du 2 mai devant la cour d'Assises des mineurs.

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Le procès qui s'ouvre mercredi prochain est très attendu. Ce faits divers peu commun avait défrayé la chronique et suscité un élan de solidarité envers la victime, le jeune Marin, étudiant sans histoire devenu un véritable héros. La page Facebook "Je soutiens Marin", ouverte par ses proches à la suite de son agression, compte aujourd'hui plus de 195 000 abonnés. Ils seront sans nul doute très attentifs aux suites judiciaires de cette affaire.

Il est toutefois fort probable que, pendant ces trois jours, les audiences se déroulent à huis clos comme le prévoie la loi lorsque l'accusé est mineur. Au moment des faits, Y. - dont la législation nous oblige également à préserver l'anonymat -, était âgé de 17 ans.

Seule exception possible : l'accusé ayant atteint sa majorité au moment de son procès, le Parquet ou la Défense peuvent décider de lever le huis-clos, entièrement ou partiellement (pour permettre à la presse seule de rendre compte des débats). Mais cette hypothèse est fort peu probable : la présence de public dans une affaire aussi sensible pouvant être préjudiciable à la sérénité des échanges.

Une agression ultra-violente

Y. va être jugé pour "Violence avec usage et menace d'une arme suivie de mutilation ou infirmité permanente". Après une altercation à l'arrêt de bus, suivie d'un échange de coups, Marin et sa petite amie ont voulu se réfugier dans le bus, mais Y. les y a suivis. Celui-ci s'était emparé d'une béquille arrachée à l'un de ses compagnons. Arrivé par derrière, il a asséné 3 coups : deux atteignent Marin à la tête, l'autre frappe son amie à l'épaule.

Un déchaînement de violence, d'après les témoins. Une agression qui ne va prendre que quelques secondes mais faire des dégâts énormes. Marin sombre dans un coma profond et devra subir de nombreuses opérations chirurgicales et un programme très lourd de rééducation. Les séquelles définitives ne sont pas encore quantifiables, elles ne pourront être estimées que deux ans après les faits. Toutefois, d'après les premières expertises, l'incapacité permanente partielle pourra aller de 20 à 65 %. 

Des versions divergentes

Le jeune agresseur ne nie pas les faits. Devant les policiers, il a reconnu avoir dit à un couple de quinquagénaires qui s'embrassaient qu''il "y avait des chambres d'hôtel" et l'homme lui a répondu "va te faire e...". Cette insulte, et l'intervention de Marin pour les séparer, aurait déclenché sa colère. Les coups de poings, puis de béquille se sont alors enchaînés.

Il affirme cependant qu'il ne visait pas la tête de sa victime, mais son épaule, et qu'il avait été bousculé. Ce que conteste la petite amie de Marin, témoin de la scène, et que met en doute l'avocat des proches de Marin, Me Doyez :

Dans cet extrait d'interview, l'avocat rappelle ce qu'est pour lui l'enjeu du procès de l'affaire Marin : déterminer quelles étaient les intentions de son agresseur. ©France 3 Rhône-Alpes

Y. explique son geste par le fait qu'il avait bu de l'alcool et était "hors de lui". D'après son avocate, Me Anne Guillemaut, même s'il reconnaît les faits et les assume, il ne parvient toujours pas à comprendre son passage à l'acte.

L'excuse de minorité en question

La grande inconnue de ce procès est de savoir si l'excuse de minorité sera retenue au moment de condamner l'accusé. Au vu des faits pour lesquels il est jugé, Y. encourt 15 ans de réclusion criminelle. Mais la loi prévoit que la Cour peut diviser la peine par deux si l'accusé était mineur au moment de leur commission. Pour la Défense, cette disposition doit s'appliquer : "C'était un gamin, un gamin perdu...", affirme Me Guillemaut : "Il n'avait pas la maturité d'un majeur et ne doit pas être jugé comme un majeur."

L'avocate de l'accusé plaide pour pour le maintien de l'excuse de minorité en faveur de son client. ©France 3 Rhône-Alpes

De son côté, Me Frédéric Doyez, avocat de la Partie civile, estime que le profil de l'agresseur ne plaide pas en faveur de l'excuse de minorité. Son historique judiciaire, avec des condamnations pour de multiples faits de délinquance (vols, menaces, violences) et son absence de cadre familial solide pour créer les conditions d'une réinsertion sont des conditions défavorables.

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