Après l'annonce de l’Arabie Saoudite, mardi 23 juin, d'interdire l’accès au pèlerinage de La Mecque fin juillet aux étrangers en raison du Covid 19, les fidèles doivent renoncer à leur projets et les agences spécialisées s'inquiètent du manque à gagner. Témoignages à Lyon.
 

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Seul un millier de fidèles et uniquement ceux résidents en Arabie Saoudite pourront effectuer le grand pèlerinage de la Mecque fin juillet. Ils devront être âgés de moins de 65 ans et se soumettre à des tests avant leur arrivée. Après avoir décidé de maintenir le rassemblement malgré la crise sanitaire, Riyad a annoncé ces mesures restrictives mardi 23 juin, le pays étant en proie à la vague épidémique. Près de 170.000 personnes ont été infectées par le Covid 19 dans le royaume. La forte affluence du pèlerinage (2,5 millions de musulmans en 2019) fait craindre une contagion massive. Cette décision inédite de restreindre drastiquement l'accès à ce haut lieu de l'islam, bouleverse les projets de nombreux fidèles.

 

"Le voyage d'une vie, un accomplissement"

Driss, fidèle



Tout était prêt, le budget bouclé, les réservations terminées, la garde des enfants prévue. Comme 22.000 musulmans de France chaque année, Driss et son épouse auraient dû s'envoler le 25 juillet vers l’Arabie Saoudite pour réaliser le « hadj », le grand pèlerinage de la Mecque, l'un des cinq piliers de l'islam que tout fidèle est censé accomplir une fois dans sa vie. Pour ce couple de Lyonnais, le voyage devait durer deux semaines, un projet mûri depuis 4 ans. Ces musulmans, âgés d’une cinquantaine d’années, ont versé près de 10.000 euros pour entreprendre « le voyage d'une vie, un accomplissement." Le préjudice n'est pas seulement financier, le voyage sera reporté l'an prochain, mais plus moral "on était prêt pas seulement financièrement mais aussi spirituellement" explique Driss qui nourrissait encore l'espoir d'un départ il y a quelques semaines.
 

"2020, une année blanche"

Ahmed Youssef, gérant d'une agence de voyage


L'annonce de Riyad déstabilise aussi le marché des voyagistes. A Lyon, quatre agences sont agréées par le ministère du Hadj en Arabie Saoudite pour organiser les voyages de pèlerins. Chaque agence est soumise à des quotas de voyageurs. Parmi elles, Dogan Voyages dans le 3è arrondissement s'attendait à certaines restrictions depuis la suspension en mars du petit pèlerinage, "l'omra", qui peut s'effectuer tout au long de l'année. En parallèle des voyages à vocation religieuse, l’agence lyonnaise organise aussi des séjours en Turquie et en Jordanie. Mais « l’organisation du grand pèlerinage de La Mecque représente 80 % de l’activité » explique Ahmed Youssef, le gérant. « 2020 est une année blanche, on a dû verser des acomptes en Arabie Saoudite, ils nous seront reversés en avoirs pour l’année prochaine ». Le coût du voyage s’élève entre 5.300 et 6.200 euros par personne. Il comprend l’avion, l’hébergement et des déplacements à l’intérieur du pays. De nombreux pèlerins se rendent à la Mecque, lieu de naissance du prophète mais aussi à Médine, où se trouve son tombeau et deuxième ville sainte de l’islam.

Une reprise incertaine

Pour faire face, Ahmed Youssef a contracté un prêt garanti par l’Etat et a bénéficié du chômage partiel pour ces 7 salariés. Conscient des risques de centrer son activité sur le pèlerinage, il réfléchit à se diversifier. Mais difficile de se projeter alors que les conditions de circulation restent floues. « Tout est annulé, même nos trois séjours prévus à Istanbul et Antalya ».
Il espère que l’activité reprendra son cours en septembre mais une question le taraude : « Va-t-on vivre avec le coronavirus ou devons-nous nous préparer à un deuxième confinement ? » Une hypothèse catastrophique pour la pérennité des agences de voyages.

Auprès de son établissement, 100 clients avaient déjà fait leurs réservations avant le début du confinement et versé tout ou partie de la somme. Leur voyage est reporté en 2021. Parmi eux, malgré la déception,  Driss salue « une sage décision », « beaucoup de de pèlerins sont âgés et le Covid les touche particulièrement. C’est ce qu’il fallait faire. » et rappelle que « le pèlerinage à la Mecque est une obligation….conditionnelle. Si les conditions ne sont pas réunies, il ne faut pas le faire. » 

 
 
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