Le groupe Boiron, basé dans le Rhône, a suspendu son cours de bourse, ce jeudi 27 juin, après une décision de la Haute autorité de Santé, qui pourrait conduire au déremboursement de l'homéopathie par l'assurance maladie. Le leader mondial du secteur évoque plus d'un millier d'emplois menacés.
Le groupe Boiron, dont le siège est situé dans le Rhône, a suspendu son cours de bourse après une fuite dans la presse d'une décision de la Haute autorité de santé défavorable au remboursement des médicaments homéopathiques. Les conséquences d'un arrêt de la prise en charge par l'assurance maladie serait un coup dur pour le leader français et mondial du secteur.
Le remboursement de l'homéopathie sur la sellette
Selon une information de nos confrères de Libération, la Haute autorité de santé a voté "à la très grande majorité", mercredi 26 juin, pour le déremboursement par la Sécurité Sociale de ces produits, dont elle estime que l'efficacité n'est pas prouvée. Son avis définitif sur l'évaluation du bénéfice médical des médicaments homéopathiques était attendu depuis plusieurs mois, et pourrait conduire à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, à suivre cette recommandation. Boiron, leader mondial de l'homéopathie en France et dans le monde, serait fortement pénalisé par une telle décision.Certains médicaments homéopathiques sont remboursés à 30% par la Sécurité sociale à la faveur d'un régime dérogatoire, leur efficacité n'ayant pas été évaluée scientifiquement jusqu'à présent. L'an dernier, le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros sur un total d'environ 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon l'Assurance maladie.
Un coup dur pour Boiron
Un déremboursement serait un coup dur pour le groupe Boiron, leader mondial du marché, qui réalise 60% de ses ventes en France sur des produits homéopathiques remboursables. En cas de déremboursement, le groupe lyonnais anticipe une baisse de 50% des ventes sur ses produits remboursables la première année, puis de nouveau 50% la deuxième. Selon le maire de Lyon, Gérard Collomb, environ un millier d'emplois seraient menacés dans la région.Le groupe lyonnais évoque, lui, une baisse de 50% des ventes sur ses produits remboursables la première année, puis de nouveau 50% la deuxième. De même, Boiron brandit le risque d'un gros impact social d'un déremboursement, affirmant que le déremboursement de l'homéopathie menacerait 1 300 emplois sur ses 2 500 en France.
Boiron suspend son cours de bourse
L'avis définitif de la HAS ne doit être rendu public que vendredi par l'organisme. Il "a été porté à la connaissance du public, avant même qu'il ne soit communiqué aux Laboratoires Boiron", qui n'en avaient "toujours pas eu communication" jeudi matin, a déploré le groupe dans un communiqué. Dénonçant "une nouvelle violation des règles de cette procédure d'évaluation qui nuit gravement à l'entreprise, ses salariés et ses actionnaires", Boiron a demandé à l'Autorité des marchés financiers (AMF) une suspension des échanges sur son titre en bourse, effective depuis 10h33 ce jeudi 27 juin, et pour une durée indéterminée.
Cette mesure temporaire vise à éviter des mouvements importants sur l'action du groupe, sous l'effet d'informations encore relativement informelles. Le groupe devrait communiquer auprès des actionnaires avant la reprise de cotation.
La ministre tranchera ultérieurement
La conclusion très attendue de la Haute autorité, qui confirme un avis provisoire rendu mi-mai, marque la fin du processus d'évaluation scientifique de l'homéopathie. Mais elle ne conclut pas le débat sur son déremboursement, puisqu'il revient désormais au gouvernement de prendre la décision. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a cependant affirmé à plusieurs reprises qu'elle suivrait l'avis de la Commission de la transparence de la HAS.Interrogée jeudi sur France 2, Mme Buzyn a indiqué n'avoir pas encore reçu, elle non plus, l'avis de la Haute autorité sur la santé. "Aujourd'hui mon urgence est de gérer la canicule et son impact, je pense que la décision peut attendre encore quelques jours (...) Les décisions sur le déremboursement des médicaments peuvent se prendre quelques jours ou quelques semaines après l'avis de la Haute autorité de santé", a-t-elle ajouté.