Chaque soir à 20h02 précises après les applaudissements, un groupe d'habitants du quartier de la Guillotière à Lyon chante, danse et se costume pour faire de ce confinement un moment inoubliable!
Dans le quartier de la Guillotière dans le 7e arrondissement de Lyon, entre la Grande Rue de la Guillotière, les rues Sébastien Gryphe et Louis Dansard et l'avenue Gambetta se dessine un carré où est implanté un parking...
Un paysage urbain des plus banals...mais qui depuis le confinement se transforme littéralement en scène!
Chaque soir à 20h02 exactement, après les applaudissements pour les personnels soignants, une chanson choisie en commun est interprétée, accompagnée en musique, dansée depuis les toits-terrasses ou les fenêtres. Tout cela avec un code couleurs chaque fois différent voire des costumes. Car on ne s'interdit rien ici!
"On a eu besoin de chanter dès les premiers jours du confinement, mais c'était plus au départ en solidarité avec les Italiens, qui étaient à l'époque plus touchés que nous", se souvient Evelyne Gass, à l'origine du projet. "Donc on a commencé juste à chanter Bella Ciao avec mon orgue de barbarie sur le rebord de la fenêtre."
. "Et puis les gens étaient de plus en plus nombreux", renchérit Céline Boudjadja, sa voisine de palier. "Côté Sébastien Gryphe, un groupe de danseurs nous a proposé de se joindre à nous. On a donc fini par créer un groupe What's App."
Un comité de programmation sur what's app
Bientôt ils sont 100 sur ce réseau social! Certains proposent des chansons, les musiciens travaillent ensemble l'accompagnement. Les danseurs proposent des chorégraphies, enregistrées en vidéo, à répéter dans la journée. Et le soir, la troupe renait, chacun participant à sa façon!
Samedi 18 avril, ils ont rendu hommage à Christophe, décédé ce jour là, tous habillés de bleu, pour chanter les "Mots Bleus", sous la pluie. Puis ils se sont époumonés sur "Aline" pour qu'il revienne.
Et puis lundi 20 avril, devant ce ciel changeant, ils ont crié "J'veux du soleil". Et ils ont été entendus!
Nuits magiques
Pour beaucoup de ces voisins, chaque soirée est attendue avec ferveur. "C'est la lumière de la journée", nous raconte le sourire dans les yeux, Virgile Douillet dit Virgule, musicien. "Les semaines sont tellement longues. Et on sait que lorsqu'on sort à 19h30 pour venir répéter vite fait et qu'on va jouer ensuite, c'est trop bien".
"On partage surtout un moment", renchérit Lisa Robert, comédienne, qui avec sa co-locataire ne ménage pas ses effort chaque soir à leur fenêtre. "Justement c'est beau parce que ce n'est pas professionnel", renchérit sa coloc Soizic de la Chapelle. "C'est un peu à l'arrache tous ensemble grâce à un réseau social. C'est spontané et c'est ce qui nous fait rire en fait!".
Pour deux adolescents qui participent chaque soir à l'événement, même s'ils "ne kiffent pas trop les chansons choisies", chaque prestation leur a redonné le goût à la musique.
Adel Boudjadja, pianiste et ancien choriste à la maitrise de l'Opéra de Lyon : "J'avais arrêté complètement la musique. Cela m'a permis de recommencer le piano".
Adam Boudjadja, son frère, qui joue lui de la batterie : "C'est cool de jouer un morceau par jour. Alors qu'avant quand j'avais un groupe, on mettait souvent plusieurs mois avant d'être calés!"
Lorsque nous leur avons rendu visite, le 30 avril, ils avaient choisi "Danser le Jerk" de Thierry Hazard. Une centaine de personnes étaient aux fenêtres ou en bas sur la dalle de béton! Et il n'y avait qu'à écouter ce long cri de bonheur, qui ponctue chaque fin de chanson et résonne encore de longues minutes de fenêtre en fenêtre, pour avoir nous aussi le frisson!