Lyon : des crieurs publics pour lutter contre le confinement lié au coronavirus Covid 19

Deux comédiens lyonnais en colocation dans un immeuble du 7e arrondissement de Lyon se sont transformés en crieurs publics. Chaque soir à 19h ils donnent de la voix pour délivrer les messages de leurs voisins dans la cour de l'immeuble. Un instant de vie intense pendant le confinement.

"Pour Florence et Juliette. Je pense à vous tous les jours. Prenez soin de vous... et à quelle heure on mange?"

"Dernier jour pour notre défi d'écriture. Nous vous rappelons les mots clés : Pangolin, Empathie, Funiculaire, Printemps et Masques. Le gagnant recevra un origami de l'animal de son choix"

Depuis quasiment le début du confinement, Valéria Cardullo et Alex Repain ne manquent aucun rendez-vous qu'ils ont fixé à leur public, pardon ! à leurs 350 voisins chaque soir à 19h dans la cour de leur immeuble pour crier les messages reçus. 

Et chaque soir, leur entrée dans le jardin de cet immeuble en demi-cercle du 7e arrondissement de Lyon, est saluée par des applaudissements et sifflets d'encouragement depuis les fenêtres. Accompagnés de leur 3e colocataire, Saad Belfakir, en temps normal professeur de danse, transformé en technicien son et vidéo, et percussioniste de la criée, ils restituent les messages reçus dans la journée.

L'idée est venue à ces deux comédiens dès le début du confinement. 

"En fait nous voulions faire quelquechose pour les personnes âgées qui avaient des demandes dans le quartier, raconte Valéria Cardullo. Notamment pour les courses. Et puis Alex a eu l'idée d'une criée publique. Et comme nous sommes comédiens tous les deux, on s'est dit "allez on se lance!" et c'est parti. On a posé des affiches dans la cour avec une adresse mail, un numéro de téléphone portable et le principe de la criée. Et dès le lendemain, on avait 7 messages."

 

Vélo d'appartement ou distribution de pain

Chaque soir donc, ils portent et prêtent leur voix, comme des courroies de transmission entre voisins confinés, comme si ces derniers se hélaient de fenêtre en fenêtre. 
Benoît du 7e étage, boulanger de son état, propose une distribution de croissants, pains au chocolat et baguettes tradition à "l euro pièce pour ceux qui ne voudraient pas se déplacer ". 
Amélie suggère que celui qui possède un vélo d'appartement le mette à disposition dans le jardin "afin que nous puissions l'utiliser à tour de rôle. Je veux bien prévoir des lingettes désinfectantes à proximité pour le nettoyer après chaque utilisation". 

Et puis il y a ce petit moment magique, les applaudissements pour chaque anniversaire. Ce soir là, c'était celui d'Emma et aussi les 11 ans d'Agathe, présente avec sa maman, Sandra, toutes deux très émues:

"Ca permet de faire un super anniversaire même pendant le confinement. Ca fait du lien et un moment qu'on partage tous ensemble! Cela permet de traverser cette période de manière plus légère".

Léo et Capucine ne manqueraient la criée pour rien au monde. D'ailleurs précise la jeune femme "nous avons été les premiers à envoyer un message". "oui, renchérit Léo, je cherchais des chevilles pour pouvoir bricoler. Et du coup j'en ai reçu!"
Et pour Jeannine qui vit seule "c'est un moment exceptionnel de chaleur humaine!"

Jusqu'au bout du confinement

Parfois une voisine chanteuse ou une autre, violoniste, viennent clore ce quart d'heure de joie et de grande complicité collectives. 

"En l'espace de deux semaines, on est passés du statut de quasi inconnus aux crieurs de la cour", raconte Alex Repain. "Les retours des gens sont assez touchants. Quand on a commencé les criées il y a 15 jours, on ne s'attendait pas à ce que ça ait autant d'impact. On pensait avoir une idée sympa pour mettre un peu d'ambiance. Et maintenant il y a un vrai phénomène de solidarité qui commence. Du courage et de la force à se donner entre nous."

Et il n'y a qu'à écouter l'énorme clameur qui accueille leur arrivée et ponctue leur criée pour comprendre la portée de ce moment. Nous y étions et nous avons eu nous même la chair de poule. A écouter dans le reportage complet qui suit.
 
Deux comédiens lyonnais en colocation se transforment chaque soir en crieurs publics dans le jardin de leur résidence en lisant les message de leurs voisins chaque soir à 19h

On retrouve trace de criées publiques dès la Grèce antique. Au Moyen Âge les crieurs annonçaient  les ordonnances royales. La pratique a perduré en France sous l'appellation de garde champêtre ou de tambour de ville. De nos jours, il s'agit essentiellement de pratiques artistiques.
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