La tension est encore montée dans la lutte pour la présidence de la métropole lyonnaise, alors que David Kimelfeld évoque une candidature même sans investiture LREM. La direction du mouvement, qui n'a pas encore désigné son candidat, estime qu' "une ligne jaune" a été franchi.
"Il a franchi la ligne jaune". David Kimelfeld, président de la métropole de Lyon et rival de Gérard Collomb en vue des prochaines élections municipales, se serait attiré les foudres de la direction du mouvement LREM, selon nos informations, après des prises de positions radicales, jeudi 3 octobre.Son intransigeance face à une dissidente ne passe pas
David Kimelfeld a d'abord surpris en sanctionnant brutalement une figure majeure de la métropole de Lyon, Fouziya Bouzerda. Vice-présidente en charge de l'insertion et de l'économie, et cheffe de file du Modem pour les municipales à Lyon, elle s'était déclaré pro-collomb dans une interview auprès de nos confrères du Progrès, mercredi 2 octobre. Elle critiquait également le manque de "vision" de David Kimelfeld, et laissait entendre qu'il pouvait conduire à une politique de "décroissance" dans la métropole lyonnaise, une perspective contraire aux ambitions d'expansion économique de l'intéressé. Sans tarder, David Kimelfeld lui retire sa délégation à l'économie du la métropole, arguant de l'effet négatif de ses propos sur les forces économiques de la métropole.
Pour la direction de LREM, en prenant cette décision, le président de la métropole "a perdu toute bienveillance alors que c'était sa marque de fabrique". Son attitude à l'égard de Mme Bouzerda "traduit qu'il n'a pas compris que le modèle de gouvernance lyonnais transcende les clivages politiques", constate un membre du mouvement.
Candidat coûte que coûte ?
Plus grave aux yeux de la commission d'investiture d'En Marche, David Kimelfeld a clairement démontré qu'il était prêt à faire cavalier seul s'il n'est pas désigné candidat officiel par LREM. A nos confrères de BFM Lyon, il a affirmé, jeudi 3 octobre : "je serai candidat. Mais il est encore temps pour La REM de regarder ça de près. Je rentre en campagne parce que je crois au projet que nous avons déterminé, je vais dans cette bataille pour la gagner". Par ailleurs, dans une tribune publiée sur le huffington post, il a ouvertement critiqué le mode de désignation du mouvement, évoquant un mode de désignation "qui ignore souvent les spécificités territoriales, les équilibres politiques locaux, une démarche trop verticale et finalement éloignée des principes à la source de notre mouvement". Il conclut, comme un chantage adressé à la direction du mouvement, qu'ignorer les principes fondateurs du mouvement "ne pourrait que favoriser le choix de l’émancipation."
Consternation à LREM
A la direction de LREM, à Paris, ces sorties ont été très mal accueillies. Et les réactions sont glaciales. On estime qu'une "ligne jaune" a été franchie : "il a choisi de porter la responsabilité de la division", regrette un membre. "Il sombre dans la politique politicienne, c'est un signal de fébrilité sans précédent". Par ailleurs, à la direction parisienne, on se désole de ses intentions émancipatrices, contraires à ses engagements. David Kimelfeld a signé son engagement à respecter les décisions de la CNI, et en soutenir celui qui sera choisi. "Le respect de la parole donnée, c'est aussi un marqueur fort auprès des électeurs", relève-t-on à LREM. Si rien n'est encore tranché, au sein de l'instance, entre Gérard Collomb et David Kimelfeld, ces dernières 24 heures pourraient constituer un tournant dans la confrontation. Ce coup de chaud intervient alors que le calendrier s'accélère : les deux rivaux devaient se retrouver, précisément ce vendredi, pour échanger sur le sujet, et la direction de LREM Lyon a indiqué, mardi 2 octobre, qu'elle souhaitait voir émerger une solution ordonnée avant la fin du mois. La pression n'en finit plus de grimper dans cette lutte fratricide.