Lyon : Le cri d'alerte des étudiants après une deuxième tentative de suicide en résidence universitaire

Une jeune femme a tenté de se jeter par la fenêtre de sa résidence universitaire à Lyon dans le 5e arrondissement. C'est la deuxième tentative de suicide étudiant à Lyon en une semaine. 

Mardi 12 janvier vers 18 heures, les pompiers sont appelés par des témoins car une jeune femme est au bord de sa fenêtre au cinquième étage de la résidence universitaire Allix à Lyon dans le 5e arrondissement. 

"La jeune femme a pu être prise en charge et n'est plus en danger" a communiqué le CROUS de Lyon sur Twitter. 

Il s’agit de la deuxième tentative de suicide d’un étudiant lyonnais en quelques jours. Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, un jeune homme en Master de Droit à Lyon 3 s’est jeté par la fenêtre du 5e étage d’une résidence universitaire à Villeurbanne. La Présidence de l'Université Jean Moulin Lyon 3, se dit "activement mobilisée". Plusieurs dispositifs d'écoute sont actifs dont le service de médecine préventive de Lyon 3 au 04.78.78.79.83 et Ecoute étudiants Lyon au 07.64.42.92.59  

Sur les réseaux sociaux les réactions et témoignages affluent. "En tant qu'étudiant en L1 de Droit / Science-Politique à l'Université Jean Moulin Lyon 3, je peux vous affirmer que la situation est grave" peut-on lire ou encore : "C'est loin d’être les seuls ! A ma résidence sur le site de Lyon 1, un étudiant s’est défenestré il y a quelques semaines..." 

L'Unef de Lyon a également réagi en condamnant des "conditions qui ne font qu'accentuer la précarité et l'isolement des étudiants. La situation ne peut plus durer ! Il est plus qu'urgent de rouvrir les universités avec des moyens à la hauteur." a déclaré le syndicat étudiant dans un communiqué. 

De la précarité financière à la précarité humaine

Les étudiants de Lyon 3 tentent de se rassembler pour recréer du lien au sein d'un groupe qu'ils ont appelé "Génération Covid", ils se décrivent eux-mêmes, le terme est fort, comme : "des étudiants fantômes".

"On arrive à une certaine saturation" décrit Jean Arnaud Niepceron étudiant élu à l'IAE école de Management de Lyon et membre du collectif Solidarité Etudiante. "Nos psychologues bénévoles sont débordés. On ajoute à la précarité financière, une précarité humaine". 

Dès la semaine prochaine, les bénévoles de l'association vont appeler les 1500 étudiants en précarité qu'ils accompagnent pour s'assurer qu'ils vont bien. 

Mais nombre d'étudiants et d'enseignants s'accordent pour demander une reprise des cours en présentiel "au minimum avec la moitié des étudiants", demande Catherine Fillon co-fondatrice du collectif Solidarité Etudiante. "Cette formule permet aux étudiants angoissés par la maladie de se protéger et à ceux qui ont un grand besoin de sortir de voir autre chose que leurs quatre murs.  Ce qu'on leur inflige, c'est un régime carcéral. Ils sont devant un écran, parfois de téléphone pendant onze heures sans voir personne. Or ils n'ont commis ni crime, ni délit c'est inhumain." 

Des institutions défaillantes ? 

Autre demande unanime: ouvrir à nouveau des espaces collectifs dans le respect des règles sanitaires. "Dans certains campus, les restos universitaires sont restés ouverts mais pas à Lyon" déplore l'enseignante en droit à Lyon 3. 

Malgré des demandes répétées, le CROUS refuse que les distributions alimentaires du collectif se déroulent au sein des résidences. Pourtant en quatre heures, l'association avait atteint son maximum de 300 inscrits pour le prochain rendez-vous prévu, du coup, dans des locaux prêtés par la mairie du 7e arrondissement de Lyon. 

Au mois de novembre, plusieurs étudiants ont appelé au secours pour demander des couvertures faute de chauffage et d'isolation dans leurs chambres. "Mais personne n'ose se plaindre ou dénoncer car ils ont peur de perdre leur logement", explique Catherine Fillon. 

De nombreux témoignages s'accordent pour dire que les réponses institutionnelles, de l'Etat, des collectivités et du CROUS sont insuffisantes et inadaptées. 

Tel n'est pas l'avis de Christian Chazal, directeur du CROUS de Lyon. "Nous avons développé depuis mars un dispositif d'étudiants référents qui font du porte à porte pour nous tenir informés. Cela colle complètement aux réalités et aux besoins que nous avons." Ces étudiants référents sont en charge d'aller à la rencontre de leurs voisins pour évaluer leurs besoins et faire remonter les situtations de fragilité ou d'urgence. Le CROUS de Lyon loge environ 8500 étudiants et a embauché une quarantaine de référents dans ses résidences. 

L'étudiante, qui a tenté de se défenestrer n'avait pas été repérée, et n'avait jamais demandé d'aide. "Nous serons vigilants pour la prendre en charge dès son retour" a rassuré le directeur du CROUS de Lyon. Lui, reconnait qu'il faut limiter les actions dans le cadre de la politique sanitaire, ce qui oblige à fermer les lieux de vie et de sociabilité. 

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