Des heurts ont éclaté à Lyon, autour de la place Bellecour, entre gilets jaunes et policiers pour le 69e samedi de mobilisation du mouvement samedi 7 mars. Au moins 44 personnes ont été blessés dont un adolescent, Lucas. Le jeune homme doit être opéré.
Banques dégradées, jets de projectiles, usage de lance à eau et gaz lacrymogène: des violences ont émaillé samedi 7 mars l'acte 69 des "gilets jaunes" à Lyon, qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes selon l'AFP. Sept personnes ont été interpellées, selon la préfecture.
Vingt-quatre policiers ont été blessés, notamment par des jets de pavé.
Côté manifestants, un "Comité de liaison contre les violences policières" a recensé 20 blessés, en se basant sur des informations de "street medics" (des secouristes de manifestations). Mais les autorités n'avaient connaissance que de trois cas.
Un adolescent blessé : "ces tirs sont inexcusables"
Un adolescent lyonnais de 16 ans, Lucas, aurait subi une double fracture de la mâchoire après un tir de LBD.
Selon nos informations il doit être opéré dans l'après-midi ou demain à l'hôpital Lyon Sud.
Une impressionnante descente aux flambeaux
Dans la soirée, une descente aux flambeaux s'est mise en route à la Croix-Rousse jusqu'à la place Sathonay. Certains manifestants mettaient le feu aux affiches des candidats aux municipales. Quelques poubelles en ont aussi fait les frais.
Une fois le brouillard des gaz lacrymogènes dissipé, la nuit fait place à la marche aux flambeaux, et des milliers de petites taches de feu font vibrer les rues de #Lyon. Après 69 semaines la flamme brûle toujours. #Acte69 #GiletsJaunes #Grève7Mars pic.twitter.com/T1dtNXZktQ
— Blancheur Oscar (@BlancheurO) March 7, 2020
Tensions
Après le départ du cortège place Bellecour, qui se dirigeait vers les quais du Rhône, les forces de l'ordre ont avancé leur véhicule lance à eau pour empêcher les manifestants de progresser.
Cible de projectiles, notamment de nombreuses bouteilles en verre, les CRS ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène et fait usage de la lance à eau au milieu des badauds qui se promenaient dans le centre-ville selon l'AFP.
Deux banques ont ensuite été dégradées dans une rue piétonne, la rue Victor Hugo, et les tensions se sont poursuivies place Bellecour où une grosse centaine de manifestants sont restés jusqu'à la nuit sous étroite surveillance de la police.
Sur twitter plusieurs témoins ont filmé la scène où des casseurs s'en prennent à une agence BNP, rue Victor Hugo, dans l'après-midi.
Scène surréaliste rue Victor Hugo à #Lyon où un groupe de #BlackBlocs s’est livré à un véritable saccage ?
— Tiffany Joncour (@Tiffany_Joncour) March 7, 2020
Tolérance zéro avec ces milices d’extrême-gauche ultra violentes qui font du saccage de nos rues leur marque de fabrique !pic.twitter.com/pKeGeMZGHH
"Des manifestants très radicaux"
"Nous sommes face à des manifestants très radicaux qui veulent dégrader et s'en prendre aux forces de l'ordre", estimait la préfecture. Des manifestants dénonçaient, eux, des provocations de la part de la police.
Pour ce 69e samedi de mobilisation, des appels avaient été lancés par tracts et sur les réseaux sociaux afin de donner au rassemblement lyonnais une envergure nationale, en référence au numéro du département du Rhône.
Chez les manifestants, certains semblaient prêts à en découdre comme l'un d'entre eux, très remonté, lançant à des jeunes qui filmaient la scène: "Venez avec nous, on va faire chauffer".
Bataille rangée à #Lyon sous les parasols en flamme et ambiance insurrectionnelle sur la place Bellecour.
— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) March 7, 2020
Pour l’#Acte69 des #GiletsJaunes, la colère déborde face à la répression #GreveGenerale #greve7mars #7mars #49al3 pic.twitter.com/uJIQxqxhH1
"On joue notre vie"
D'autres, irréductibles "gilets jaunes" qui continuent de se mobiliser chaque samedi, préféraient s'éloigner, retirer leurs gilets et parler du fond.
"En ce moment, on joue notre vie. On ne peut pas laisser le gouvernement faire des choses comme ça. La réforme de l'assurance-chômage en avril. Et quand il aura fini avec les retraites, ce sera la Sécu", prédit Louis, venu de Valence avec deux autres manifestants.
"Les municipales sont une échéance importante. Déjà c'est toujours important les élus qu'on a. Et ensuite, ça fait les grands électeurs et le Sénat va changer de bord parce qu'ils vont prendre une déculottée" lors des prochaines sénatoriales en septembre, avance-t-il.
Comme depuis le début du mouvement des gilets jaunes, la presqu'île de Lyon et ses rues commerçantes font l'objet les samedis d'un périmètre d'interdiction de manifester.
Les réactions politiques
Par communiqués de nombreux candidats aux élections municipales ou métropolitaines à Lyon ont réagi.
David Kimelfeld, Président de la Métropole de Lyon: "Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes, qui sont le fait de groupes venus à Lyon dans le seul objectif de casser et de saccager, notamment des commerces (kiosque à journaux, banque...) et du mobilier public (poubelles incendiées, arrêt de bus dévasté...). J'adresse un message de soutien à nos forces de l'ordre, notamment aux policiers blessés dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre public. Je tiens également à affirmer toute ma solidarité avec les acteurs de la Presqu'île, les commerçants et les habitants, qui n'en peuvent plus de ces détériorations et de ces troubles qui nuisent à la vitalité du centre-ville et ternissent l'image de notre territoire."
Yann Cucherat (LREM), sur Twitter, candidat à la mairie de Lyon, dénonce "cette violence qui frappe nos commerces et met en danger nos citoyens de manière systématique."
La colère et la contestation sociale font partie intégrante de notre démocratie. Mais je ne peux accepter cette violence qui frappe nos commerces et met en danger nos citoyens de manière systématique.
— Yann CUCHERAT (@YCUCHERAT) March 7, 2020
Tout mon soutien à eux, il faut que tout cela cesse ! pic.twitter.com/Co79mtdMLe