Lyon, laboratoire de la lutte contre les violences faites aux femmes

Dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, Marlène Schiappa a signé avec la ville de Lyon une charte d'engagement pour la lutte contre les violences faites aux femmes.

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La secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a co-signé ce lundi avec la ville de Lyon une charte pour lutter contre les violences faites aux femmes. Elle était notre invitée ce lundi soir sur France 3 Rhône-Alpes.
 

Comment reloger la victime ou son agresseur?

"Sur la question du logement, il y a trois possibilités qui s'offrent à nous" explique Marlène Schiappa.
"La première, c'est l'éviction du conjoint violent. Cela existe dans la loi mais il faut que les peines soient prononcées pour qu'il y ait une vraie éviction du conjoint violent et parfois on prononce l'éviction du conjoint violent et il ne sait pas où aller et dans les faits, ça ne se réalise pas" avoue la ministre.
"La deuxième c'est que les femmes aillent vers des foyers adaptés.
La troisième c'est que maintenant, depuis le Grenelle des violences conjugales, [...] le dispositif Action Logement avec Visale se porte garant pour que les femmes puissent relouer un appartement à plus long terme pour qu'elles n'aillent pas justement, d'hôtel en hôtel, de foyer en foyer, mais puissent se reconstruire véritablement
."

L'éloignement du conjoint violent

L'éloignement du conjoint violent est une priorité pour le gouvernement. "Parfois la femme veut partir parce que quand elle a été violentée, menacée de mort dans un endroit il y a des souvenirs traumatiques terribles. Il lui faut un autre endroit" explique Marlène Schiappa. "Mais parfois aussi elle veut rester pour des raisons pratiques et c'est le choix de la femme qui doit primer. Et donc nous avons lancé un appel à projet pour faire en sorte qu'il y ait des centres de prise en charge des conjoints violents qui non seulement les hébergent, mais aussi les prennent en charge psychologiquement pour faire chuter la récidive, et la ville de Lyon s'est positionnée pour faire partie de ces régions qui accueillent ces centres d'hébergement et de prise en charge".
 

De nouveaux postes d'intervenants sociaux dans les commissariats

Pour Marlène Schiappa "l'intervenant social est là pour prendre en charge psychologiquement les femmes qui sont traumatisées, en état de sidération ou qui ont besoin d'être accompagnées. Nous renforçons la formation initiale des forces de l'ordre. J'étais avec Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, pour lancer ces 120 heures qui seront désormais consacrées aux violences sexistes et sexuelles dans la formation des forces de l'ordre et puis par ailleurs, nous les outillons avec une grille d'évaluation du danger qui permet d'orienter la conversation et de mieux évaluer le danger pour mieux mettre à l'abri ces femmes et prendre toutes les mesures nécessaires.
Par ailleurs, nous avons voté cette semaine à l'Assemblée Nationale la possibilité pour les forces de l'ordre de saisir les armes parce que des femmes avaient déposé des plaintes et ces hommes avaient conservé avec eux des armes. Je rappelle que l'arme à feu, c'est le premier mode opératoire des féminicides, loin devant les coup.
"
 

Levée du secret médical en cas de danger imminent

Cette mesure ne fait pas l'unanimité, mais pour la ministre, c'est un outil pour endiguer le nombre de victimes, qui augmente chaque année. "Nous l'avons travaillée (la levée du secret médical) avec l'Ordre des Médecins. Le nombre de femmes tuées par leurs conjoints ne baisse pas quelque soit la bonne volonté de tous les gouvernements successifs, ceux qui nous ont précédé et le nôtre. Cela veut dire qu'il faut changer de paradigme radicalement et qu'on s'arrête de considérer que les violences conjugales, c'est une affaire privée. Donc je crois qu'il faut que chacun puisse tirer la sonnette d'alarme notamment quand il y a un danger de mort imminent."
 

Les mesures prises par la justice lyonnaise

À Lyon, le parquet a décidé de mettre en place un "circuit court" d'évaluation des situations et de prise en charge de la victime. La première mesure consiste à en finir avec les mains courantes et à enregistrer systématiquement un procès-verbal même en l'absence de plainte. Pour le procureur de la République Nicolas Jacquet, invité sur notre plateau le 20 décembre, "l'objectif c'est avant tout que toute suspicion de violence conjugale donne lieu effectivement à une enquête. Si l'enquête n'aboutit pas ou si la victime ne souhaite pas déposer plainte, effectivement il n'y a pas de main courante, il y a un  procès-verbal de renseignement judiciaire qui détaille tous les éléments qu'on a obtenus."
Une autre mesure est de mobiliser tous les acteurs de la chaîne pénale: associations et magistrats doivent travailler ensemble et partager les informations. L'objectif est de réagir rapidement et d'individualiser les dossiers dans la masse des contentieux.
En 2019 à Lyon, 205 dossiers sont passés en comparution immédiate, c'est 50% de plus qu'en 2018.

En 2019 en France, 122 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints.

Pour les victimes souhaitant être accompagnées, le numéro d'appel 3919 est à leur écoute et peut les aider à être relogées. Comme dans le nouveau centre d'hébergement d'Habitat et Humanisme, où se sont rendus nos journalistes Daniel Pajonk et Claire Cherry-Pellat:
 
Nouveau centre d'accueil d'Habitat et Humanisme à Lyon pour les victimes de violences conjugales ©France 3 Rhône Alpes
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