Les primes promises au personnel soignant mobilisés contre le Covid-19 seront versées en juin… sauf pour les personnels des hôpitaux privés. Le gouvernement les exclut de ce dispositif. Les présidents de deux établissements de Lyon montent au créneau.
A Lyon, l'entente entre hôpitaux publics et structures privées avait pourtant été célébrée, et présentée comme un point fort de la lutte contre le Covid-19.
Pourtant les personnels des hôpitaux privés, ces établissements associatifs à but non lucratif, ne seront pas récompensés pour leur mobilisation.
En effet, le décret prévoit une prime pouvant aller jusqu'à 1500 euros pour les personnels des hôpitaux publics des 40 départements les plus touchés par l'épidémie. Et le Rhône en fait partie.
Une décision incomprise
Les directeurs de l'Hôpital Saint-Joseph Saint-Luc et de l'Infirmerie Protestante, à Lyon, s'insurgent de ne pas voir leur personnel bénéficier de cette prime au même titre que les salariés du public, "ils ont été en première ligne", eux aussi.Nous sommes choqués, nous ne comprenons pas" s'indigne Jacques de Chilly, le président de l'hôpital Saint-Joseph Saint-Luc.
Une incompréhension d'autant plus vive que les Lyonnais, par leurs dons à la structure ont montré leur gratitude.
Une mobilisation anticipée
Dès le mois de mars et avant même que l'Agence régionale de santé n'organise la collaboration entre hôpitaux publics et privés, l'hôpital Saint-Joseph Saint-Luc à Lyon, doublait ses capacités d'accueil en réanimation passant de 12 à 25 lits.Tout un secteur de l'hôpital de 75 lits a été dédié aux malades du Covid. "Nous avons déprogrammé les opérations non urgentes et nous avons tout réaménagé" explique le directeur.
Au total, 35 personnes ont été en réanimation et 240 hospitalisées.
L'Infirmerie Protestante s'est elle aussi mobilisée avec 35 malades en réanimation et 130 patients hospitalisés.
Hôpitaux privés, une structure à la marge
Cette exclusion du dispositif est particulièrement mal vécue par le personnel de ces hôpitaux privés qui voient des primes attribuées à plusieurs professionnels dont ceux des EHPAD et les enseignants ayant accueillis des enfants de soignants.Elle témoigne également d'un symptôme, selon Jacques de Chilly, "celui d'avoir du mal à penser à nous, le 3e secteur, ni complètement privé comme les cliniques, ni public".
Pourtant nous pourrions être l'avenir avec nos structures de taille moyenne, sans les lourdeurs administratives de l'hôpital public.
Des discussions sont actuellement en cours entre le Ministère de la Santé et la fédération des Etablissements Hospitaliers et d'Assistance Privés à but non lucratif.