Lyon : le Petit Paumé, spécialiste de la boulette ?

A Lyon, le Petit Paumé 2020 était distribué ce samedi 12 octobre. Le guide lyonnais gratuit s'est une nouvelle fois illustré avec un dérapage en chroniquant un café du quartier de la Guillotière, le ho36, dans le 7e arrondissement. A la clef un bad buzz sur la toile et ce n'est pas le premier ... 

L'édition 2020 Petit Paumé était distribué à près de 12 000 personnes place Bellecour ce samedi 12 octobre. Dans ce guide rédigé par des étudiants, qui juge restaurants et établissements de la Lyon, une chronique n'est pas passée inaperçue. 
L’un des étudiants de l’EMLyon business school qui rédigent et éditent le Petit Paumé a chroniqué un café de la Guillotière, le ho36. Dans sa critique, il écrit : "Alors que je fuis une bande de rebeus place Guillotière, je m’engouffre, un peu par hasard à ho36. Bonne pioche ! Des jeunes blancs qui travaillent sur leurs ordis, tout en sirotant un bon café latte. Je vais pouvoir me fondre dans la masse. L’espace est design, les tables sont grandes et les prix bas. Avec ho36, on a un peu de la Presqu’île, mais à Guillotière".  

La chronique à caractère raciste a déchaîné de nombreuses réactions sur les réseaux, à commencer par celles des élus. Ainsi, Romain Blachier, adjoint à la Culture et au Numérique du 7e arrondissement de Lyon, a réclamé des excuses de la part du Petit Paumé. 

David Kimelfeld, s'est également ému sur twitter. Le Président de la Métropole de Lyon a qualifié le petit guide de "guide incontournable. Souvent pertinent, parfois drôle". L'élu souligne que les auteurs du guide "dérapent" pour la deuxième année consécutive : "après avoir l'an passé fait l'apologie d'un acte terroriste, ils virent cette année dans le racisme ordinaire"... David Kimelfeld a également exigé des excuses. 


Le Paumé reconnaît une "maladresse de rédaction"


Face aux tollé provoqué par la critique du Paumé sur le ho36, les auteurs ont publié dimanche soir un communiqué dans lequel ils disent comprendre que "la critique de l'établissement ho36 de Guillotière, du fait de son caractère ambigu, ait pu faire l'objet de mésinterprétations". Les auteurs indiquent regretter "profondément" que cette critique "ait pu blesser des personnes." Ils poursuivent : "Nous reconnaissons une maladresse de rédaction et souhaitons donc présenter nos sincères excuses..." Ils précisent que les passages polémiques ont été supprimés de "l'ensemble de nos supports numériques". Ce passage n’est donc désormais plus visible que dans les exemplaires du Petit Paumé distribué samedi place Bellecour.
 

La direction d'EM Lyon condamne avec fermeté

Toutefois, avant la publication de ce communiqué et des excuses du Petit Paumé, le directeur de l'EM Lyon a indiqué que les étudiants concernés seraient convoqués "très rapidement" pour un conseil de discipline. Le responsable de l'école de commerce a souhaité que "les rédacteurs des articles, le rédacteur en chef et le président du Petit Paumé répondent de la banalisation ouverte de propos discriminants dans ce guide, en total non-respect des valeurs de l’école..." Tawhid Chtioui a indiqué osciller "entre indignation, colère et grande tristesse à la lecture de l’édition 2020 du Petit Paume". 


La polémique est loin de retomber

Les réactions à la chronique du Petit Paumé édition 2020 sont nombreuses sur twitter. Si les critiques fusent, certains internautes semblent avoir épluché le guide et n'ont pas manqué de souligner d'autres passages polémiques, dans l'édition 2020 comme dans l'édition précédente...

Ainsi, des twittos ont pointé du doigt la critique d'un bar à Chicha "Enfin un Émirat où la Sharia n'est pas appliquée, chicha au goût beurette de kalité. Ces princesses égyptiennes ont un de ces paniers à crotte !".


La critique d'un restaurant asiatique refait également surface sur les réseaux: "Des Bò bún aussi explosifs que les bombes qui tombaient sur Hanoï en 1972". Les propos concernant un pub sont pointés du doigt: "En même temps, l'Irlande et l'Angleterre, c'est un peu le même délire : des roux qui mangent des fish and chips aromatisés à la bière et sortent en titubant à 21h en pleine semaine".

Enfin, le restaurant de Grégory Cuilleron, "Cinq mains" est lui aussi l'objet d'une phrase qui interroge : "Comme quoi on peut être manchot sans avoir à faire la manche dans le métro". Un commentaire qui a fait réagir l'ancien joueur de football Sidney Govou de manière très directe avec un "bande de merdes ! Qui a autorisé ça !"

Un précédent : la référence au tueur Breivik en 2018 


En 2018, une référence au tueur de masse Anders Breivik, contenue dans le petit guide qui fêtait ses 50 ans, avait choqué plusieurs lecteurs. A la rubrique "Cuisine des Iles", une phrase et sa signature figurant en page 277 ont fait polémique : "J'aime bien les îles, il n'y a pas moyen de fuir". Le romancier belge Patrick Weber est l'auteur de cette phrase. Or dans le Petit Paumé, cette citation a été attribuée à Anders Breivik, le tueur de masse norvégien. En juillet 2011, le militant d'extrême-droite avait perpétré les attentats d’Oslo et de l'île d'Utoya. Breivik avait causé la mort de 77 personnes et faisant plus de 150 blessés.
Sur les réseaux sociaux, la rédaction du Petit Paumé, composée d'étudiants, avait fourni des explications: "ces propos ne sont évidemment pas à prendre au premier degré. Loin de nous l'idée de faire l'apologie d'une idéologie ou d'un acte aussi nauséabond, bien au contraire." La rédaction du petit guide avait reconnu son erreur, "cette touche d'humour n'était pas appropriée" et s'était excusée.

Avec cette édition 2020, les rédacteurs du petit guide lyonnais vont-ils s'en tirer à bon compte ? La note pourrait bien être salée ... 
 
Intervenant : Alain Blum; Président de la LICRA Auvergne-Rhône-Alpes ©France 3 RA


  
 
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