Face à la montée des agressions dont ils sont victimes, les responsables des édifices religieux ont publié une tribune dans les pages dominicales du quotidien Le Parisien.
Un incendie, probablement d’origine criminelle, avait légèrement endommagé dans la nuit de mercredi 12 à jeudi 13 août une salle de prières à Lyon : c’était le deuxième incident de ce type en une semaine visant un lieu de culte musulman dans l’agglomération.
Depuis la fin du printemps, les actes d’incivilité voire de violence contre les édifices religieux se sont multipliés dans l’agglomération lyonnaise peu habituée à un déferlement d’agressivité contre l’incarnation religieuse. A tel point que dernièrement, toutes religions confondues, les responsables religieux ont décidé de tenir une tribune.
A l’église Saint-Jacques (Lyon 8 e), sept départs de feu ont été recensés en moins de six mois, entre novembre 2019 et avril dernier. Si certains actes sont peut-être à mettre sur le thème du post-confinement qui a pu jouer sur l’état mental de certains auteurs de lettres ou actes de vandalisme, tout n’est pas à mettre sur le compte de la pandémie. C'est ce que pense Kamel Kabtane, le recteur de la Grande mosquée de Lyon : «le confinement a laissé du temps à des gens pour gamberger, des gens qui sont passés à l’acte».
Les églises obligées de se protéger
«Que se passe-t-il avec le religieux ? s’interroge le père Yves Guerpillon, prêtre de l'église St Jacques, qui avoue ne pas craindre pour lui-même. Mais qui assiste, impuissant sauf dans ses prêches, «à la montée des tensions sociales, peut-être des haines, à l’ambiance qui se dégrade».Dans son église, plusieurs caméras de surveillance ont été installées pour rassurer les fidèles et le personnel et dissuader les éventuels criminels tentés par des actions coups de poing. Un investissement de près de 2 000 euros. Au total, le diocèse a mis, en 2020, 130 000 euros dans les installations de caméras dans l’ensemble des sites religieux.
"Une atmosphère générale"
Cette dégradation, les fidèles eux aussi la ressentent. Avec plus ou moins d’acuité. A la Grande mosquée, les fidèles croisés après l’office reconnaissent qu’il s’agit davantage d’une atmosphère générale que de faits quotidiens. Que les événements soient relayés par les médias (y compris France 3), y est sans doute pour quelque chose, comme une caisse de résonance, nous explique l’un d’entre eux.Pas de généralisation donc. Mais les faits, graves ou pas, sont suffisamment pesants pour que l’insécurité s’insinue, diffuse auprès des communautés. «En tous les cas, les agressions sur les bâtiments ne faiblissent pas», admet un homme d’une quarantaine d’années. «Il manque une politique ferme dans la durée vis-à-vis des auteurs de courriers d’insultes, des tags ou des actes violents, il n’y a pas de continuité d’un gouvernement à l’autre…» déplore un autre.